Massacre du 22 janvier 2007 : défenseurs des droits humains et parents des victimes réclament justice

Il y a 17 ans jour pour jour, une marche appelée par le mouvement syndical guinéen, était réprimée dans le sang, le 22 janvier 2007, sous le règne du président Lansana Conté. Pour commémorer ce tragique événement, la Coalition Guinéenne pour la Cour Pénale Internationale (CGCPI) a rendu public une déclaration ce mardi, 22 janvier 2019 à la maison de la presse. La démarche vise à inciter les décideurs à agir pour élucider tous les cas graves de violation de droits de l’Homme pendants devant les juridictions guinéennes, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

En effet, le lundi 22 janvier 2007, des milliers de guinéens sont descendus dans les rues pour protester contre le régime de feu Lansana Conté et exiger un changement dans la gouvernance politique et économique de la Guinée.

Dans sa déclaration, la CGCPI a dénoncé la répression de cette manifestation. « Ce jour, la répression était à son comble et la brutalité inouïe sur de simples citoyens qui n’étaient munis de pancartes et de banderoles dont le seul rêve est de vivre décemment dans un pays doté d’immenses richesses. Le bilan : environ 186 morts, 1188 blessés, 940 arrestations et de détention arbitraire, suivi de tortures et de traitements inhumains et dégradants, 28 cas de viol, sans oublier les destructions d’édifices publics ».

Par ailleurs, il s’en était suivi, précise la déclaration, « au lendemain de la nomination d’un premier Ministre, l’adoption d’une loi portant création d’une commission d’enquête, le 18 mai 2007 pour identifier les principaux auteurs des violations des droits de l’Homme commises durant la grève déclenchée par les acteurs sociaux ».

Face au retard dans le traitement judiciaire de cet autre dossier portant sur de graves violations de droits humains, la CGCPI se dit préoccupée. « Depuis cette date jusqu’en 2012, aucune suite n’a été enregistrée sur le plan judiciaire face aux attentes des victimes dont la demande de justice était très élevée. Mais, le 18 mai 2012, une plainte avec constitution de partie civile a été déposée au Tribunal de Première Instance de Conakry II (Dixinn) par l’Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme (OGDH) et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) aux côtés de 50 victimes. Après la désignation d’un juge d’instruction en charge d’enquêter sur le dossier, 28 victimes ont été auditionnées. Malheureusement, depuis la fin de ces premières auditions, le dossier n’a pas connu d’avancée majeure, faute d’inculpation des personnes ont été dénoncées par les victimes ».

Devant cette situation, la Coalition Guinéenne pour la Cour Pénale Internationale estime que les victimes du 22 janvier 2007, tout comme les autres victimes que notre pays a connues, méritent d’être soutenues et accompagnées sur le plan judiciaire, médical et social. « Cependant, il faut souligner que cet accompagnement ne saurait prospérer sans une assistance financière et matérielle aux juges en charge du dossier, car connaitre de cas de violations de droits de l’Homme commis à l’échelle nationale nécessite de gros moyens et une collaboration de l’ensemble des acteurs dont en premier, les pouvoirs publics, la société civile, les associations de victimes, les médias ».

Pour finir, la Coalition Guinéenne pour la Cour Pénale Internationale lance un appel :

« Au gouvernement guinéen pour :

· Accorder à la justice les ressources nécessaires afin d’examiner les cas graves de violations des droits de l’Homme pendants devant les juridictions guinéennes ;

· Mettre en place dans les meilleurs délais la commission Vérité-Justice-Réconciliation ;

· Accorder une indemnité provisoire à toutes les victimes de violations graves des droits de l’Homme ;

Aux partenaires bis et multilatéraux de la Guinée :

· Afin qu’ils continuent de soutenir la Guinée dans le cadre du renforcement de la justice et de la construction de l’Etat de droit dans notre pays ;

Aux organisations de la société civile, aux associations de victimes

· De rester unies dans le combat pour la promotion et la promotion des droits de l’Homme en Guinée ».

Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 17 99 17

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