Manifestation des élèves à Mamou : « on a assisté à une pluie de pierres »

Depuis le début de cette semaine, des élèves issus de différentes écoles du secondaire de la commune urbaine de Mamou descendent dans la rue pour protester contre la tenue des compositions du premier trimestre. Le mouvement de protestation, émaillé de heurts entre les élèves et les forces de l’ordre empêche quasiment le déroulement des cours dans les écoles du secondaire et sème la peur dans celles de l’élémentaire, a appris Guineematin.com de sources locales.

Les cas de blessés, de destruction de meubles et des arrestations enregistrées lundi dernier (premier jour de manifestation) n’ont pas entamé la détermination des élèves de la ville carrefour, de protester contre le démarrage des compositions de premier trimestre qui, il faut le rappeler, étaient programmées pour cette semaine dans les établissements scolaires du secondaire de Mamou. Très tôt hier, mardi 22 janvier 2019, des élèves du lycée Elhadj Aboubacar Doukouré (qui ont été délogés le lundi par des jets de pierres par les élèves du lycée Grand Ducal) ont fermé les portes de leurs classes pour empêcher la tenue de la composition. Certains ont jeté des pierres sur les agents des forces de l’ordre qui étaient postés derrière la cour. Ces derniers ont répondu par des tirs de gaz lacrymogènes. Les affrontements ont été tendus au point que certains responsables de l’école se sont enfermés dans leurs bureaux.

« Ce mardi, quand nous sommes venus à 8 heures, il était prévu d’évaluer les enfants. C’est le lycée qui était programmé. Mais, à notre grande surprise, on a vu des élèves se détacher pour aller rabattre les portes des classes, en disant qu’il n’y a pas de composition. Quand on a vu leur engagement, on est allé voir le proviseur qui nous a dit d’annoncer aux élèves que les évaluations sont reportées. Quand on a annoncé la nouvelle aux élèves, ils ont accepté de rentrer dans les classes et les cours se sont déroulés jusqu’à 10 heures. C’est à la récréation que les échauffourées ont commencé. Il y avait un groupe d’élèves dont j’ignore la provenance, qui a commencé à jeter des pierres sur les forces de l’ordre. On a essayé de les sensibiliser ; mais, ils n’ont rien voulu écouter. Au bout d’un moment, les pierres venaient de partout », a expliqué monsieur Condé, professeur de français au lycée Doukouré.

Plusieurs sources qui se sont confiées à Guineematin.com ont affirmé avoir vu des gendarmes faire irruption dans les salles de classes du lycée Doukouré pour bastonner des élèves. « Beaucoup d’enfants ont été blessés », témoigne un enseignant qui a requis l’anonymat.

Au lycée Grand Ducal, l’épicentre de la contestation contre la composition, le secrétaire général préfectoral du SLECG, Thierno Souleymane Sall, parle d’une « pluie de pierres » qui a assiégé même les délégués de la DPE (direction préfectorale de l’éducation) qui étaient partis sensibiliser les élèves.

« Le matin, on a mobilisé tous les élèves au mât. On a chanté l’hymne national parce que le drapeau a été volé lundi. Ensuite, le délégué de la DPE a pris la parole pour conseiller les élèves. Malheureusement, dès qu’il a pris la parole, on a entendu les premiers jets de pierres qui sont tombés sur les tôles. Il y avait déjà un groupe d’élèves, venus de je ne sais où, qui avaient encerclé le lycée. Nous avons vu que les cailloux venaient de partout. Alors, les élèves se sont réfugiés dans les classes. Nous avons réuni tous les élèves du lycée dans une même salle pour leur dire que si c’est à cause des compositions qu’il y a cette contestation, les compositions sont reportées à une date ultérieur. Mais, malheureusement, pendant 40 minutes, on a assisté à une pluie de pierres. C’est en ce moment qu’on a libéré nos élèves. Parce qu’on était vraiment exposé », a expliqué Thierno Souleymane Sall.

Pour le moment, le mouvement de protestation contre la composition n’a pas gagné les écoles de l’élémentaire ; mais, leur fonctionnement est largement affecté à cause de la peur qu’il provoque chez les parents d’élèves et la psychose qu’il crée chez les tous petits.

« Dès qu’il y a le moindre mouvement en ville, les parents viennent chercher leurs enfants. Tout ça, c’est parce qu’ils ont peur. Nous même les enseignants, on a peur. Mais, comme on ne peut pas abandonner les élèves et fuir, c’est pourquoi on reste ici (à l’école). Je demande aux autorités de vite trouver une solution pour que cesse ces manifestations », a confié à Guineematin.com une enseignante.

Depuis le début de ce mouvement de protestation, des réunions de crise se sont tenues au gouvernorat, à la DPE et dans certaines écoles de la place. Malheureusement, ces réunions ont l’air de galvaniser les élèves protestataires.

A suivre !

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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