Les victimes du Camp Boiro à Alpha Condé : « ayez le courage de réconcilier les fils du pays »

En prélude au quarante huitième (48ème) anniversaire des pendaisons du 25 janvier 1971, sous le régime de Sékou Touré, l’Association des Victimes du Camp Boiro (AVCB) a adressé une lettre ouverte au président Alpha Condé. La démarche vise à interpeller le chef de l’Etat pour qu’il entreprenne « des actions concrètes de condamnation de la répression sauvage implacable, arbitraire de Sékou Touré contre d’autres guinéens sans défense, à la merci d’une vindicte instrumentalisée par son système et sa machine de répression massive qu’est le PDG », a-t-on appris.

L’annonce en a été faite ce jeudi, 24 janvier 2019, à la maison de la presse de Coléah. Dans cette lettre ouverte, les membres de l’AVCB estiment que le président Alpha Condé « ne peut pas quitter le pouvoir sans lancer enfin la reconnaissance de ces crimes abominables qui ont assombri le futur de la Guinée. La vue de 88 pendus à travers tout le pays, par des femmes et enfants sortis forcés des écoles, a jeté le mauvais sort sur notre pays. C’est en exorcisant le pays de ces crimes que lumière pourra jaillir de nouveau. Et, c’est à vous que revient cette charge en tant que victime… Une telle dictature doit être dénoncée, le PDG désavoué, Ahmed Sékou Touré reconnu coupable de tant de crimes ».

Par ailleurs, l’AVCB demande au président Alpha Condé « d’œuvrer enfin pour que les familles fassent leur deuil. C’est vous qui pouvez donner une chance aux retrouvailles entre les fils de ce pays. Vous voulez être le Mandela de la Guinée, alors ayez le courage de cette réconciliation ».

Ainsi, les victimes préconisent au président Alpha Condé de : « reconnaitre et de condamner officiellement les exécutions, les pendaisons, les tueries en masse perpétrées sans jugement sous la dictature de Ahmed Sékou Touré ; mettre à disposition les fosses communes afin que les familles fassent enfin leur deuil et les consacrer en mémoriaux nationaux servant de recueillement ; restituer aux familles les biens spoliés mis dans le portefeuille du patrimoine bâti ou détournés par des agents de l’Etat ; aider et soutenir les familles des victimes matériellement et financièrement après les saisies de leurs biens et de leurs comptes bancaires. »

En outre, les membres de l’AVCB soutiennent que le président Alpha Condé est celui qui peut mette fin à cette politique d’omerta au plus haut sommet de l’Etat. Pour y arriver, estiment les membres de l’AVCB, le Président Alpha Condé « n’a pas besoin de conseillers, anciens délateurs, anciens du PDG, anciens serviteurs de Sékou Touré. Vous devez faire face à votre peuple et lui restituteur sa dignité perdue dans ces crimes ignobles et inhumains. Les familles sont prêtes à vous le reconnaitre ».

Pour finir, les victimes du Camp Boiro précisent : « nous n’avons pas de haine, nous ne voulons pas de vengeance. Mais, nous voulons la vérité, le justice et la Réconciliation ».

Pour rappel, le 25 janvier 1971, plus de 80 compatriotes ont été pendus à travers le pays, pour avoir, dit-on, joué un rôle dans l’agression de la Guinée le 22 novembre 1970. Rien qu’au niveau du pont 8 novembre, à l’entrée de Kaloum, 4 personnalités y ont été pendus : Ousmane Baldet, Moriba Magassouba, Barry 3 et Keita Kara Soufiana.

Alpha Mamadou Diallo pour Guineematin.com

Tél : 628 17 99 17

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