Les députés doivent-ils quitter le parlement ? « Nos suppléants vont directement nous remplacer »

Ousmane Gaoual Diallo

Jusqu’à présent, le décret prorogeant le mandat des députés guinéens fait débat dans le pays. Le député Ousmane Gaoual Diallo, de passage à Labé, a animé une conférence de presse pour se prononcer sur le sujet, le lundi passé, 28 janvier 2019. D’autres sujets liés à l’actualité nationale étaient également au menu de cette entrevue avec les médias, rapporte l’un des correspondants de Guineematin.com basé dans la préfecture.

Ce proche de Cellou Dalein Diallo a tenté d’apporter des explications sur cet acte du chef de l’Etat. Selon lui, le chef de l’État n’a aucun argument pour proroger le mandat des députés. Mais, précise-t-il, « siéger à l’Assemblée nationale, malgré l’expiration de notre mandat aussi, n’est pas en porte-à-faux avec la loi. Parce que, selon une disposition du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, les députés, dont le mandat arrive à terme, restent jusqu’à l’installation effective du nouveau parlement qui est prévue pour le 5 Avril, pour éviter de se poser la question, si le président décède ou en cas d’invalidité, qui va le remplacer ».

Pour ce responsable de la communication du principal parti de l’opposition, le décret du président prorogeant le mandat des députés, c’est juste pour créer un débat dans la cité. Mais, soutient Ousmane Gaoual, Alpha Condé est un habitué de ce genre de scénarios.

Par ailleurs, Ousmane Gaoual a expliqué l’autre avantage de siéger au parlement malgré la fin du mandat. « Quand nous les députés de l’opposition nous quittons, il n’y aura pas de vide. Parce que, ce que les uns et les autres oublient, c’est que dès que nous quittons, nos suppléants vont directement nous remplacer. Ils seront appelés par le président de l’Assemblée nationale, sur avis de la Cour Constitutionnelle, sans qu’aucun parti politique ne puisse l’empêcher. Nous avons étudié tous ces paramètres. Dans tous les cas, il est clair qu’Alpha Condé est dans une démarche, soit de modifier la Constitution, soit de soumette une nouvelle Constitution, soit d’opérer un glissement dans le calendrier des élections. C’est ça sa volonté. Est-ce que le peuple de Guinée l’acceptera? Je pense que c’est toute l’inquiétude qu’il a », pense-t-il.

Pour mettre terme à ces multiples crises, Ousmane Gaoual Diallo ajoute que « c’est la CENI actuelle qui va déterminer la durée de la transition parlementaire en Guinée, car c’est de son chronogramme que viendra le décret du président Alpha Condé appelant les électeurs aux urnes ».

Sur la question liée à un éventuel retour de Bah Oury au sein de L’UFDG, le député coupe court. « Ce n’est pas un sujet d’actualité dans le parti, on n’en parle pas, ça n’a pas d’importance, ce n’est non plus une préoccupation de l’UFDG ».

Récemment, le ministre de la jeunesse, Mouctar Diallo, a fait une sortie médiatique à Labé pour s’attaquer à Cellou Dalein. Il a aussitôt été pris à partie par des militants de l’UFDG. Interrogé à ce sujet, Ousmane Gaoual Diallo pense que « Mouctar Diallo connait le chemin de la justice. Car, à sa place, même si c’est le président de la République qui le fait, il porterait plainte. Mais, Mouctar veut juste créer le buzz ».

Parlant du holdup intervenu lors de l’élection de l’exécutif communal de Matoto, le 15 décembre 2018, Ousmane Gaoual martèle que l’UFDG ne reviendra jamais sur cette élection. « Le pouvoir d’Alpha Condé a deux choix. Le premier, c’est de respecter ce suffrage et continuer le processus à terme, de demander à son candidat (Mamadouba Toss Camara, ndlr) s’il n’est pas content d’aller dans les juridictions pour contester ces résultats. Le second, c’est de dire aux guinées que le RPG, qui est Alpha Condé, s’en fiche du droit et ils font ce qu’ils veulent. C’est un message que nous voulons entendre. Et en ce moment, la conséquence immédiate, c’est de dire à chacun d’entre nous, que l’élection ne sert à rien dans le pays. En ce moment, les guinées devront tirer les conséquences », lance-t-il.

S’exprimant sur les 15 kilomètres de goudron octroyés à la commune urbaine de Labé à travers le Budget National de Développement, Ousmane Gaoual dit que « c’est déjà très grave. C’est du n’importe quoi. D’abord, ça ce n’est pas un projet pour le quel un chef d’État doit se déplacer avec son gouvernement pour inaugurer 15 kilomètres réalisés en 20 mois. Un chef d’État qui va saupoudrer le pays en bitume de 2 kilomètres par-ci, 7 par-là et 5 de l’autre côté, c’est ridicule. A Gaoual, on a eu aussi 5 kilomètres. Il faut qu’on danse pour ça ? Si l’État reversait à la ville de Labé toutes les taxes qu’il prélève et qu’il envoie ailleurs, Labé aurait pu avoir un budget de 20 milliards de francs guinéens. La ville de Labé pourrait à elle seule faire ces 15 kilomètres de goudron. Mais aujourd’hui, Labé a un budget à peine de 2 milliards », déplore-t-il.

Depuis Labé Alpha Boubacar Diallo pour Guineematin.com

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