Le PADES prévient : « il n’y aura pas d’élections en 2020, si… »

Dr. Ousmane Kaba, président du parti PADES
Dr. Ousmane Kaba, président du parti PADES

La situation sociopolitique actuelle de la Guinée, caractérisée par la prorogation du mandat des députés et la mise en place de la nouvelle CENI, préoccupe le Parti des Démocrates pour l’Espoir (PADES). Son leader, Dr Ousmane Kaba, a évoqué cette situation au cours de l’assemblée générale hebdomadaire de parti, tenue ce samedi 02 février 2019, à son siège à Nongo, dans la commune de Ratoma, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

A l’occasion de cette rencontre politique, Dr Ousmane Kaba s’est montré déçu face à la situation sociopolitique de la Guinée. Le président du PADES a dénoncé la prorogation du mandat des députés qu’il qualifie de glissement vers un troisième mandat pour Alpha Condé. Guineematin.com vous propose l’intégralité de son discours :

« Aujourd’hui, quel est le débat en Guinée ? Le débat en Guinée, c’est soit aller à l’assemblée nationale ou ne pas aller, c’est le gros débat. Dès le départ, la direction du PADES et les militants ont discuté. Nous avons décidé de ne pas aller à l’assemblée nationale. Pourquoi ? Pour une raison très simple. Le mandat qui nous a été donné par le peuple de Guinée est venu à échéance. A la fin du mandat, on doit redonner le mandat au peuple de Guinée et retourner à la maison pour qu’on organise de nouvelles élections et que le peuple de Guinée choisisse d’autres Guinéens. Nous ne sommes pas les seuls guinéens. Donc, il faut qu’on organise l’alternance dans ce pays. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de ne pas aller à l’assemblée nationale.

Mais, après notre déclaration, le Président de la République a fait un décret. Un décret qui dit, moi je prolonge le mandat de l’assemblée nationale jusqu’à la nouvelle élection. Est-ce qu’il a le droit de proroger le mandat de l’assemblée nationale ? Le président de la République, il est élu par le peuple de Guinée. L’Assemblée nationale est élue par le peuple de Guinée. C’est ça le principe de la séparation des pouvoirs. Donc, ce n’est pas au Président de la République de maintenir une assemblée qu’il n’a pas envoyée. Son décret sert à nommer les membres du gouvernement, mais pas à nommer les députés. Ça n’existe nulle part. C’est pour cela nous avons maintenu notre position, à savoir de ne pas aller à l’assemblée nationale.

Mais si les députés vont par ce qu’ils sont nommés par le gouvernement, comment ils vont contrôler le gouvernement. Vous ne pouvez pas contrôler un gouvernement qui vous a envoyé député. Ça n’a pas de sens. Ça veut dire que les rôles et missions ne sont pas séparés, les pouvoirs ne sont pas séparés. C’est une entraide fondamentale à la démocratie dans notre pays.

En réalité, si nous avons montré le chemin, c’est que nous espérons que tous les autres députés de l’opposition, et les indépendants qu’on appelle non-inscrits, vont suivre la même voix. Si c’est le cas, le RPG n’a que 53 députés. Ça ne fait même pas la moitié des 113 députés. Ça veut dire que le RPG lui seul ne peut voter les lois. Puisque le RPG seul ne peut pas faire une assemblée nationale, ça veut dire que la Guinée n’a pas d’assemblée nationale. Quelles sont les conséquences, dès qu’un pays n’a pas d’assemblée nationale ? Le fonds monétaire et la banque mondiale sont obligés de couper le financement. Et, si ceux-ci arrêtent de vous financer, tous les autres bailleurs de fond sont obligés d’arrêter de financer. Ça veut dire que la Guinée va être immédiatement sous embargo financier.

Deuxièmement, la Guinée va être sous embargo diplomatique. C’est-à-dire que vous n’êtes plus invité à suivre des conférences internationales. Par ce qu’on sait, dans votre pays, il n’y a pas d’assemblée nationale. Voilà les conséquences. Ça va obliger le gouvernement et la CENI à faire rapidement les élections. C’est ce qu’on réclame. Qui décide des élections ? C’est le gouvernement et la CENI. Mais, c’est le gouvernement qui contrôle la CENI. La CENI ne fait des propositions de calendrier. Qui doit approuver les calendriers ? C’est le Gouvernement. C’est le gouvernement qui est responsable des élections et non les députés.

Si les députés acceptent d’aller sur la base d’un simple décret, un décret qui ne précise même pas la date des élections, il n’y a aucune date, ça veut dire qu’il y a un nouveau mandat ou bien ? Puisqu’il n y a pas de date. Ce qui veut dire qu’on peut dépasser 2020, 2021, 2022, 2023… Il n’y a pas de date limite.

Cette assemblée nationale qui vient de finir, les élections devraient être tenues en 2011, on les a tenues avec deux années de retard en 2013. Donc, déjà on est habitué à ce retard. Les élections locales, qui devraient être tenues en 2011, ont été tenues en 2018, soit 7 années de retard. C’est 7 ans de glissement. Si on ne met pas de pression pour faire les élections législatives, et que nous allions à l’assemblée nationale, en 2020 il n’y aura pas d’élections en Guinée. C’est ce qu’on appelle le glissement des mandats. C’est maintenant qu’il faut dire stop. On refuse d’aller à l’assemblée nationale sur la base d’un décret. Par ce que, ce n’est pas un décret qui nous a amené là-bas, c’est le peuple de Guinée qui nous a amenés au parlement. Et, c’est le peuple de Guinée qui doit voter pour faire la nouvelle assemblée nationale. Donc, on n’est pas d’accord qu’il y ait une assemblée par décret. On veut une assemblée nationale par vote, la séparation des pouvoirs. Et, c’est ça la démocratie. Les guinéens veulent la démocratie. Pensez à la nouvelle génération pour que nous puissions les laisser quelque chose… »

Propos recueillis par Mohamed DORE pour Guineematin.com

Tel : (00224) 622 07 93 59

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