Déguerpissement à Kaporo : l’école privée Balouta Diallo sur la ligne de mire des « casseurs »

L’opération de déguerpissement des occupants du centre directionnel de Koloma, plus connu sous le nom de Kaporo rails, dans la commune de Ratoma se poursuit. Les bulldozers et autres engins lourds de la gendarmerie sont entrés en action depuis hier, mercredi 19 février 2019, pour dégager les très nombreux baraquements. Il s’en suivra les bâtiments dans les jours à venir, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Cette décision du gouvernement, qui vise à récupérer le centre directionnel, n’épargne aucun bâtiment au grand dam des habitants de Kaporo-rails, impuissants et réduits à constater les dégâts.

Parmi les nombreux bâtiments visés par les hommes de Dr Ibrahima Kourouma, ministre de la Ville et de l’Aménagement du Territoire, figure l’école privée Balouta Diallo qui compte 360 élèves et 28 employés, a-t-on appris sur place.

Antoine Lona, Directeur du complexe scolaire Balouta Diallo

Rencontré ce jeudi 21 janvier 2019, Antoine Lamah, directeur de ce complexe scolaire, a expliqué son amertume à notre reporter. « Cette école a été créée en 1993. Le bâtiment en question est construit en 1989 et il a commencé à fonctionner en 1993. Du début du fonctionnement à maintenant, si vous comptez, ça fait 25 ans et quelques mois. Donc, c’est un appui que cet établissement apporte au gouvernement. Nous sommes très conscients que c’est dans une zone de l’Etat que nous avons construit, mais nous sommes en train de rendre d’énormes services à l’Etat. Donc, l’Etat devrait être indulgent envers cette entreprise, pour la laisser continuer puisqu’après tout, ce sont les enfants du pays qui sont en train d’être formés ici. Franchement, nous sommes sous le choc. On ne sait pratiquement pas si l’Etat parviendra à durcir sa position et voir cet édifice s’écrouler pour ne devenir que de la terre ».

Selon monsieur Antoine Lamah, cette école, composée de 28 employés pour toutes les fonctions confondues, avec un effectif total actuel de 360 élèves, est repartie en en 10 promotions, avec le primaire et le collège. « Ça nous fait très mal. Mais, puisqu’on ne peut rien contre la décision de l’Etat, la seule alternative qu’on pourra, si l’établissement est démoli, c’est de négocier avec les écoles qui ne sont pas du tout touchées et voir comment surtout avec les classes d’examen, les faire continuer, ne serait-ce que pour les 4 mois qui restent », a lancé le directeur.

Concernant le problème des frais de scolarité payés par les parents d’élèves et leurs relations avec l’établissement, le directeur a demandé une doléance. « Je crois que c’est eux les premiers à partir. Et nous, nous nous retrouvons seuls avec les quelques élèves, parce qu’à la date d’aujourd’hui, nous n’avons même pas la moitié des élèves ici. La plupart des parents sont partis avec leurs enfants, nos élèves. Donc, s’ils reviennent vers nous, le même ouragan qui les a fait partir, c’est le même qui nous fera partir aussi. C’est de les sensibiliser afin qu’il n’y ait pas de cris entre nous, parce que c’est indépendamment de notre volonté. Pour ceux-là qui ont payé l’année entière, qu’ils acceptent que cela soit un sacrifice pour eux, parce que de toutes les façons, la formation, elle a été faite. Elle est effective. Ç a ne s’effacera pas dans la mémoire des enfants. Donc, il faut les sensibiliser à accepter ce sacrifice pour ces montants qu’ils ont investis », a-t-il plaidé.

À la question de savoir si l’école est prise en compte dans le cadre d’un dédommagement ou recasement, monsieur Antoine Lamah dit que « nous n’avons pas été sensibilisés par rapport à quoi que ce soit. C’est avant hier que le marquage a commencé et hier la démolition a commencé. Des recasements n’ont pas été proposés, mais le dédommagement avec le régime de Lansana Conté qui avait déjà commencé le travail, les premières familles ont été recensées. Mais, cette fois-ci, aucune famille n’est recensée. Qu’à cela ne tienne, nous avons l’espoir qu’ils vont nous dédommager puisqu’ils ont toutes nos pièces avec eux. Mais, jusqu’à la date d’aujourd’hui, nous n’avons rien perçu, ni en nature ni en espèces. En nature, on devrait nous recaser quelque part, en espèces on devrait nous donner de l’argent pour ne pas sentir la perte. C’est tout une vie qui est perdue puisque vous savez, des gens ont existé ici depuis trente ans. Et là, c’est une perte énorme », s’est-il lamenté.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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