Déguerpissement à Kaporo Rails : « je dépose ma plainte devant Dieu contre Alpha Condé »

Elhadj Sadou Barry, habitant de Kaporo rails depuis 30 ans
Elhadj Sadou Barry, habitant de Kaporo rails depuis 30 ans

Récemment entamée, l’opération de déguerpissement se poursuit à Kaporo rails dans la commune de Ratoma. Après les garages, les conteneurs, les hangars, c’est le tour des bâtiments de recevoir les bulldozers de la gendarmerie de l’habitat. Cette démolition des bâtiments, entamée hier lundi, 25 février 2019, a plongé plusieurs familles de la zone dans la désolation et l’embarras. Rencontrés par un reporter de Guinneematin.com, plusieurs victimes se disent être profondément touchées par cette action gouvernementale.

Contraints de quitter les lieux, les habitants de Kaporo Rails se précipitent à sortir leurs bagages, démonter des portes et fenêtres ainsi que des tôles comme pour dire que leurs bâtiments ne seront pas épargnés par les engins lourds qui détruisent tout sur leur passage.

Elhadj Sadou Barry, qui habite les lieux depuis 30 ans, qualifie cette action du gouvernement guinéen d’injuste. « J’ai aujourd’hui des sentiments de tristesse et de révolte contre Alpha Condé. Puisque, lui qui est professeur en Droit, il a osé déloger des citoyens pauvres, les faire sortir de leurs maisons sans leur avoir donné quelque chose. Alpha Condé le fait par haine. Ce n’est pour rien d’autre que ça. Alpha Condé ne met pas la Guinée en avant. Si non, il ne va pas faire quitter les gens de leurs domaines et vendre ces domaines aux blancs. Il y a beaucoup de domaines à vendre qui ne sont pas à Kaporo Rails. Il ne devrait pas nous faire sortir de nos maisons et donner ça à d’autres. Moi personnellement, à partir d’aujourd’hui où il m’a fait sortir de ma maison, il est mon ennemi. Je ne peux pas lui pardonner ça. Je dépose ma plainte devant Dieu contre Alpha Condé. J’ai travaillé dur pour avoir de l’argent et construire cette maison. Lui, il n’a l’ambition de ne rien faire de bon chez nous. Si non, il ne devrait pas faire comme ça. Mais, nous on va le laisser et déposer notre plainte devant Dieu puisque les communautés : nationale et internationale ont déjà vu ce qui se passe actuellement à Kaporo Rails. Personne n’a pu dire quelque chose à Alpha Condé. Maintenant, nous citoyens guinéens, nous allons demander à Dieu de payer Alpha Condé pour ce qu’il nous a fait », dit Elhadj Sadou Barry.

Par ailleurs, le vieil homme invite les guinéens de dénoncer cette attitude du pouvoir en place. « Je demande à l’ensemble des guinéens de se lever contre ce qu’alpha Condé est en train de faire à l’heure actuelle. Je demande aux citoyens de Kaporo rails de quitter les lieux, de se donner les mains pour trouver un autre lieu que Kaporo. Parce qu’il fait les choses par haine, puisque les gens n’ont pas voté pour lui. Et nous, on n’est pas RPGistes. Il pense que nous, nous n’avons pas le droit de construire en Guinée et quiconque pense que nous n’avons pas ce droit, c’est le contraire. Alpha condé est un président criminel, si non, il ne peut pas faire sortir les gens comme ça de leurs maisons. Moi, je suis handicapé, il me fait sortir de ma maison avec ma famille, sans avertissement, sans rien… ».

Aïssatou Diouldé Barry

Pour sa part, Aissatou Diouldé Barry, dont le frère est propriétaire du centre de loisirs Mari Fala, ne cache sa déception. « Ce centre de loisirs, mon frère l’a pris il y a de cela trois ans. Ainsi, nous venons à peine de finir de le rénover. On a financé ici plus de 100 millions de francs guinéens pour rénover ce bar. A deux mois de cela, ils sont venus tout casser. Donc actuellement, on souffre énormément. Même nos effets qu’on a sortis, on n’a pas trouvé où les envoyer. Ensuite, au moment où nous cherchons où aller, les gens sont venus nous voler tous les effets tels que les haut parleurs, les frigos, les tôles… nous demandons à Alpha Condé de dédommager les gens puisqu’ils souffrent beaucoup aujourd’hui, surtout les concessionnaires. Nous demandons aux autorités de nous aider. Il y a parmi nous des femmes qui viennent d’accoucher, les baptêmes ne sont pas faits encore. Leurs familles ont préparé les bagages, elles ne savent pas où aller. Chez nous ici, au compte du bar Mari Fala, on a 19 employés qu’on paye par moi, pratiquement toute leur vie c’est ici. Donc, les gens souffrent beaucoup. On ne sait quoi faire et où aller. Les autorités n’ont qu’à nous aider», a dit la dame avec insistance.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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