Hon. Zalikatou du FOFPAG : « en Guinée, la seule femme cheffe de quartier a été obligée de divorcer »

Reparti en deux équipes, le Forum des femmes parlementaires de Guinée (FORFPAG) a sillonné, du 18 au 25 février 2019, les 7 régions de l’intérieur du pays. De partout, il ressort que les femmes, 52% de la population guinéenne, sont marginalisées. Evidemment, le FOFPAG est contre cette situation et exige que des corrections soient apportées, a appris un reporter de Guineematin.com qui a accompagné la mission

La première équipe a parcouru les régions de Boké, Kindia, Mamou et Labé et traversé les préfectures de Boffa, Dubréka, Coyah, Dalaba et Pita, sous la conduite de l’Honorable Hadja Aïssata Daffé, celle dirigée par l’honorable Zalikatou Diallo s’est successivement rendue à Farana, Kissidou, Gueckédou, Macenta, N’Zérékoré, Beyla, Kérouané, Kankan, Kouroussa et Dabola. Partout, ces femmes leaders ont plaidé pour une meilleure représentativité de la gent féminine dans les instances de prises de décision.

A la fin de ce parcours, l’honorable Zalikatou Diallo n’a pas caché sa colère face à la marginalisation des femmes, notamment dans les listes de candidats aux élections communales de février 2018. Mais, ce qui a de plus révoltée la secrétaire générale du FOFPAG, c’est l’absence quasi-totale de femmes à la tête des quartiers et districts du pays.

« Ici à Kankan, tout comme dans les villes de Faranah, Kissidougou, Macenta, Gueckédou, N’Zérékoré, Beyla, Kérouané que nous avons sillonnées, et sûrement ailleurs, c’est le même constat. Il y a zéro femme présidente de district ou cheffe de quartier. La seule femme cheffe de quartier a été obligée de divorcer. C’est inacceptable. Il faut que cela change », a martelé l’Honorable Zalikatou Diallo.

Parlant des résultats enregistrés lors des dernières consultations électorales, l’honorable Zalikatou Diallo et ses collègues députées ont noté que pour les 29 mille 554 candidats, il n’y avait que 7 mille 44 femmes ; soit 23,83%. A l’arrivée, sur les 7 mille 12 Conseillers élus, ce sont 460 femmes qui ont réussi à se faire élire ; soit un taux de 6,56%. Pendant ce temps, des 342 circonscriptions électorales du pays, il n’y a que 6 femmes élues maires et une seule portée à la tête d’une commune urbaine (1/38), en la personne de Madame Aminatou Touré, la fille du premier président de la Guinée. Egalement, à titre illustratif, pour toute la région de Faranah, sur les 791 élus, il y a 90 femmes Conseillères.

« C’est choquant et révoltant à la fois si on mesure ce résultat par rapport à l’engagement et à la participation des femmes dans le développement socioéconomique du pays. Les hommes doivent changer et accepter de travailler avec les femmes. Les deux sexes se complètent. D’ailleurs, les articles I et VIII de la constitution sont clairs là-dessus : l’égalité entre les sexes est consacrée », a expliqué la cheffe de la délégation.

Heureusement, après ces rencontres ponctuées de plaidoyer et de lobbying, les femmes parlementaires ont noté le ferme engagement des acteurs impliqués dans le processus électoral, notamment des autorités administratives et les représentants des partis politiques d’apporter des corrections.

« Nous avons reçu des engagements des autorités que nous saluons. Les parties concernées s’engagement à mettre en place des plateformes qui vont favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux postes de responsabilité dans les quartiers et districts ; mais également l’envoie dans les Conseils régionaux, des rares femmes élues conseillères. Je pense qu’à la prochaine fois, nous trouverons beaucoup de femmes cheffes de quartiers et présidentes de district ; et, pourquoi pas de femmes présidentes de région ou membres de Bureau exécutif de région », a dit Mme Traoré Zalikatou Diallo.

De son côté, l’expert en développement parlementaire du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) Boubacar I Bah, qui a managé les deux groupes, a salué l’engagement de ces femmes leaders.

Malgré le faible niveau de présence des femmes au sein des Conseils communaux, M. Bah a tout de même noté des avancées à soutenir. « A Kindia, c’est vrai que le nombre de femmes conseillères est nettement petit ; mais par contre, le bureau exécutif communal est composé de façon paritaire ; soit quatre hommes et quatre femmes. Dans la commune rurale de Madina Woula, nous avons également appris que le bureau exécutif est composé à sa tête, d’une femme maire et d’une femme 1ère Vice-maire. C’est très encourageant. A part Kindia, il y a trois communes de Dabola qui sont dirigées par des femmes, une autre à Macenta et la commune urbaine de Kaloum. Ce qui fait un total de six femmes maires sur les 342 », a dit l’expert du PNUD.

Par ailleurs M. Bah a constaté que la mission du FOFPAG a été très opportune. « Les acteurs impliqués dans le processus, les différentes cibles, après chaque rencontre, on comprend que la plupart des acteurs n’étaient pas informés de leur rôle. Donc, le passage de ces femmes parlementaires a été salutaire et la mission est allée au-delà des attentes… ».

Cette mission du FOFPAG- qui doit se poursuivre dans la zone spéciale de Conakry- s’inscrit dans le cadre du projet intitulé « Représentativité des femmes en politique ». Ce projet a démarré depuis deux ans avec l’appui technique et financier du PNUD, de l’ONU femme et du gouvernement canadien.

De retour de Kankan, Abadallah Baldé pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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