Fête des femmes : dans l’univers de Hawa Doumbouya, « casseuse » de blocs de pierres

L’humanité s’apprête à célébrer, le 08 mars prochain, la journée internationale de la femme. Cette journée est l’occasion pour elles de redynamiser la lutte pour leurs droits et de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes. En prélude à cette fête, un reporter de Guineematin.com a rencontré madame Adam Hawa Doumbouya, vendeuse de graviers au secteur Démoudoula, quartier Kaporo Rails, dans la commune de Ratoma.

Selon nos informations, ce n’est qu’en 1977 que l’Organisation des Nations Unies (ONU) a officialisé cette journée en invitant ses pays à la célébrer en faveur des droits des femmes.

Adama Hawa Doumbouya, mère de 12 enfants, fait partie de ces femmes qui « vivent à la sueur de leur front ». Le gravier qu’elle revend provient du fond du marigot de Démoudoula, petit cours d’eau menacé de disparition, ou des blocs de pierre qu’elle écrase depuis très longtemps à l’aide d’un marteau.

« Je suis vendeuse de graviers. Ça fait plus de 20 ans que je suis dans cette activité. Quand je suis venue ici, en ce moment, Démoudoula était une brousse. C’est à ma présence que les deux ponts sont faits. Tout ce temps, je suis là. Le travail est dur, mais je tiens. Pour avoir les graviers pendant la saison des pluies, je suis le lit de la rivière, j’amasse les graviers dans l’eau et je tire pour enfin mettre dans les récipients. Puis, je les transporte loin du lit et les mets en tas. En cette saison sèche, je cherche des blocs, je les transporte ici et je les tape avec le marteau pour avoir les graviers. Mais, puisque c’est la saison sèche, il y a beaucoup de poussière, certains clients nous disent qu’il y a de la terre dans les graviers. Donc, je suis obligée de chercher des grillages et des pelles ou bien percer des feuilles de tôles pour tamiser afin de séparer les graviers de la poussière », a-t-elle expliqué.

Pour faire un tel travail, il faut du courage et de la force physique. « Ce n’est pas un travail facile, puisque tous les blocs viennent sur notre tête. Nous n’avons pas le choix. Quand on se marie et qu’on ne trouve pas suffisamment de moyens, on est obligé d’endurer au lieu de se mettre à voler, mentir ou courir les derrière les hommes comme certaines le font. Moi, puisque c’est Dieu qui m’a mise ici pour le moment, je m’en tiens à ça. Si je trouve quelqu’un de bonne volonté qui m’aide, tant mieux. Au cas contraire, je m’en remets à Dieu. Ce n’est pas parce que je ne suis pas fatiguée de ce travail, je suis vraiment fatiguée. Mais, puisqu’il n’y a pas d’autres moyens, il me faut ça. Pour la dépense de la famille et pour les affaires sociales, il faut que je travaille », a fait savoir la bonne femme.

D’autres difficultés, notamment physiques, viennent s’y ajouter. « C’est un travail très difficile, nos mains se gâtent, nous avons la poussière aux yeux, parfois dans les narines. Et, quand on rentre à la maison pour se reposer, il se trouve qu’on est totalement fatigué. Difficilement parfois on arrive à se lever après le repos », a-t-elle expliqué.

Interrogée sur le prix des chargements de gravier, notre interlocutrice a laissé entendre que ceux-ci varient selon le volume. « Si c’est pendant la saison pluvieuse, je peux avoir un chargement par semaine. Mais, en cette saison sèche, il me faut un mois pour avoir un chargement. Parce que les blocs sont très distants du lieu de la vente. On va très loin pour transporter les blocs. Les prix des chargements varient selon le volume. Il y en a pour 250 mille GNF, pour 350 mille, jusqu’à 800 mille FG pour les camions à dix roues. Certains viennent discuter beaucoup, alors que d’autres viennent acheter sans discuter. Parfois, je peux vendre même à un faible prix pour vu qu’on trouve la dépense. Je suis mère de 12 enfants, dont 5 filles en vie. Deux de ces 5 sont mariées ».

A la question de savoir si elle va participer à la célébration de la journée internationale de la femme, habituellement organisée au palais du peuple, Adam Hawa Doumbouya répond : « je n’ai pas l’habitude de participer. Sauf si je suis invitée. Moi, je n’aime pas trop sortir pour ne pas rencontrer des choses qui ne me plaisent pas. Mais, ce que je vais dire aux femmes à l’occasion de cette fête, c’est d’être plus courageuses, travailler dur pour avoir de quoi vivre, ne pas se livrer à de sales besognes. C’est ce que Dieu aime ».

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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