Hommage à Thierno Mamadou Cellou Diallo : l’aristocrate et l’intellectuel

Par Amadou Diouldé Diallo : Thierno Mamadou Cellou Diallo incarnait, par ses origines et sa naissance le Labé dans sa dimension plurielle. Qui plus que lui pouvait être de la prestigieuse descendance de Thierno Mamadou Cellou, dit Karamoko Alpha Mo Labé, son valeureux homonyme, dont la Ziara annuelle a pris fin samedi dernier, dont il repose éternellement dans le mausolée ?

« Grand Cellou », comme on l’appelait pour le différencier de son cousin, « petit Cellou », dans la mouvance Contéiste, eut pour père Elhadj Moustapha Diallo, un Séléyanké de Dalein Hindé, fondé par son ancêtre, Karimou Tanou Bano, un des six garçons issus de l’union entre Mâma Doulla et Aissata Gniré, la fille aînée de Karamoko Alpha Mo Labé. Les cinq autres sont : Ibrahima Bano Tanou, le fondateur de Dalein Kolla ; Ousmane Bano Tanou de Lélouma ; Abdoulaye Bano Tanou de Gadha komba ; Saidou Bano Tanou de Karatangui ; et Boubacar Dendé Tanou de Mombeya.

De par cette ascendance, la famille de « Grand Cellou » est l’aînée chez Karamoko Alpha Mo Labé devant la descendance de ses sept garçons. Grand Cellou eut pour mère, une des petites sœurs d’Elhadj Alpha Ousmane Kakony, chef de canton du Kinsikoté, le père des ministres Alpha Ibrahima Mongo et Alpha Oumar Barou Diallo, Kaldouyanké de Sombili, descendant de Thierno Souleymane Popodara, un des sept garçons du fondateur de Labé…

On ne saurait mieux camper Grand Cellou qui, en dépit de cette noblesse affirmée au cœur du Labé et du Fouta, est toujours resté humble et fondamentalement attaché aux valeurs républicaines en se mettant au service exclusif de son pays. Il avait acquis, ici et en France, une vaste culture, surtout dans le domaine de l’agriculture dont le développement lui tenait à cœur. Ce qu’il avait d’ailleurs hérité de son père, Elhadj Moustapha, mais aussi de son oncle Elhadj Alpha Ousmane Kakony, tous deux amoureux de la terre et qui, pour cette raison, étaient venus s’installer à Friguiagbé (Kindia) pour le restant de leurs jours.

Malgré toutes les fonctions occupées en tant que grand commis de l’Etat, jusqu’à deux fois de suite, directeur de campagne du Général Lansana Conté, en 1993 et 1998, grand Cellou a toujours été un homme de dossiers, de dialogue et de débats. Il était aussi un fervent croyant, ayant la foi du bon musulman dont rien ni personne n’altéraient, la soumission à ALLAH.

Né leader, né pour commander, grand Cellou savait donc ce qu’était le pouvoir et respectait ceux auxquels le destin a conduit à Sékhoutouréyah : Sékou Touré, Lansana Conté et Alpha Condé. Même si le premier l’a fait arrêter et fait subir les affres du sinistre camp Boiro, il n’a pas hésité un seul instant à donner la main de sa fille à Mohamed Touré, le fils de Siaka Touré, le commandant de ce camp Boiro : une grandeur d’âme et une hauteur de vue que seuls les grands hommes peuvent avoir.

Comme quoi, Thierno Mamadou Cellou Diallo est né grand et est mort grand en insistant dans ses dernières volontés d’être enterré dans la plus grande simplicité, sans symposium ni propos louangeurs au mausolée de son aïeul et homonyme, Karamoko Alpha Mo Labé,

Repose en paix, Amine !

Par Amadou Diouldé Diallo, journaliste et historien

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