Vie estudiantine à Conakry : la misère et la grande débrouille

Aller à l’université est un grand rêve pour la plupart des jeunes guinéens qui ont été à l’école. Mais, pour bon nombre d’entre eux, la vie estudiantine constitue un moment très difficile à vivre. C’est notamment les étudiants qui quittent l’intérieur du pays pour venir faire l’université à Conakry et qui n’ont pas de parents dans la capitale. Un reporter de Guineematin.com est allé à la rencontre de quelques-uns d’entre eux à l’université Général Lansana Conté de Sonfonia pour parler de leur vie.

Seydou Keïta est étudiant en licence 3 Lettres modernes de l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia. Il est issu d’une famille modeste et a laissé ses parents à Kamsar pour venir faire l’université à Conakry. Mais, depuis qu’il est arrivé dans la capitale guinéenne, sa vie est devenue un véritable parcours du combattant.

« A présent, je vis seul. Je n’ai particulièrement aucune aide financière. Les pécules que nous prenons, ce n’est pas vraiment satisfaisant. Nous prenons par mois 105.000 comme bourse d’études. Mais cette bourse aussi n’est payée que par trimestre, cela a tout à fait un grand impact sur les étudiants.

Et vu la cherté de la vie à Conakry, ce n’est vraiment pas évident. Quand nous prenons par exemple le prix des brochures, ça finit rapidement les pécules. C’est ce qui fait les étudiants guinéens, certains sont mal formés. Parce que si les conditions d’études ne sont pas là pour bien étudier comment est-ce que ça peut aller ?

Moi, quand je mange le matin, il me faut attendre le soir encore pour manger. Je mange deux fois par jour et ça aussi quelle nourriture ! Je paye le loyer à 100.000 GNF par mois pour une chambrette. Mais puisque ma famille n’a pas de moyens, je suis obligé de me débrouiller tout seul », témoigne le jeune homme.

Cette vie difficile, Seydou Keïta n’est pas le seul à la vivre. Saïdou Camara est confronté aussi à la même situation. Cet étudiant en Administration des affaires à l’Université de Sonfonia vient de Macenta, en région forestière. « Nos conditions de vie sont vraiment déplorables.

Je vis dans une petite chambre avec plusieurs de mes amis à Kobaya. Nous sommes quatre (4) à nous partager la chambre. Nous cotisons pour payer le loyer qui est de 250.000 GNF le mois. Nous n’arrivons même pas à bien dormir à cause de la chaleur », déplore cet étudiant.

Face à cette galère, certains se débrouillent à trouver un travail à faire pendant leur temps libre pour pouvoir subvenir à leurs besoins. C’est le cas de Mamadou Mouctar Diallo, également étudiant en licence 3 Lettres modernes à l’Université de Sonfonia. Il est venu de Télimélé pour faire ses études supérieures à Conakry. « Je n’ai pas de parents ici, et je n’ai pas non plus de soutien. J’ai jugé donc nécessaire de me lancer dans l’activité des taxis motos qui m’est un peu profitable.

C’est dans cette activité que je paye mes brochures de cours, je paye mon loyer qui est de 120.000 GNF le mois et je parviens à subvenir à d’autres petits besoins. En ce qui concerne les pécules, c’est pour compenser un peu les dépenses que nous effectuons. Sinon ça ne fait rien dans nos dépenses », a-t-il confié.

Julien Désiré Camara, étudiant en licence 1 Histoire de l’Université Sonfonia, profite aussi de ces temps libres pour donner cours dans des écoles privées afin de pouvoir joindre les deux bouts.

« Je viens de N’Zérékoré. Actuellement, je donne des cours d’Histoire dans une école privée et je fais aussi des cours de révision. C’est ce qui me permet de payer le loyer et de vivre ici », souligne Julien Camara.

Ces étudiants interpellent l’Etat guinéen sur leurs difficiles conditions de vie et appellent à des mesures pour améliorer leur situation. Ils sollicitent notamment l’augmentation de la bourse d’études et la construction de dortoirs dans les universités.

Mohamed DORÉ pour Guineematin.com
Tel: (00224) 622079359

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