Fête des femmes : Saran Keïta invite les guinéennes «à chercher à être autonomes »

L’humanité célèbre ce vendredi, 08 mars 2019, la fête internationale des droits des femmes. L’occasion est mise à profit par les femmes pour parler de leurs conditions de vie et de travail. C’est dans cette dynamique qu’un reporter de Guineematin.com a rencontré madame Kourouma Saran Keïta, entrepreneure, évoluant dans la transformation des produits agricoles locaux.

Dans cette interview, il a été question, entre-autres, de son activité, de la célébration de la fête internationale des femmes et de l’appel qu’elle lance aux guinéennes.

Guineematin.com : à l’instar des autres pays du monde, la Guinée célèbre la journée internationale de la femme. En tant que femme, quels sont les sentiments qui vous animent à cette occasion ?

Saran Keïta : c’est un sentiment de joie. Je suis la Directrice d’Amidjor Business. D’abord, je suis fière de moi-même, fière de ce que je fais. Cette fête est offerte aux femmes pour qu’elles s’expriment dans tous les secteurs d’activité. Je souhaite bonne fête à toutes les femmes du monde et en particulier les femmes Guinéennes. Pendant ce mois, les femmes doivent se sentir meilleures.

Guineematin.com : contrairement à la plupart des femmes de Guinée, vous êtes aujourd’hui autonome. Parlez-nous de votre activité.

Saran Keïta : j’évolue dans l’agro-business. Je fais la transformation des produits locaux. J’ai commencé cette transformation depuis 2008. Je me suis formée et je forme les femmes dans la transformation des produits et dans l’esprit entrepreneurial. Je coache certaines femmes à évoluer et à initier l’entreprenariat.

Je transforme les produits locaux : le fonio, le couscous de maïs, le couscous de mil, la confiture de tamarin, la confiture de baobab, le gingembre en poudre, qui sont beaucoup plus consommés par les guinéens. Amidjor Agro-business a trois pieds : il y a un pied de groupement, un pied de réseautage et un pied d’entreprise. C’est une entreprise économique et sociale. Ça a créé beaucoup d’emplois au jour d’aujourd’hui. Nous avons au moins, en emploi direct, une vingtaine de personnes, et emploi indirect, nous sommes 117 personnes.

Ça, ce n’est pas petit pour booster l’économie Guinéenne. Je suis en train de faire la découverte de l’exportation de ces produits. Je suis confiant que je fais mieux que tout le monde dans ce secteur en Guinée. J’avoue que notre travail, est un travail de sang. Et nous agissons avec la qualité, la fierté. Nous pouvons dire que le gouvernement peut compter sur nous pour pouvoir les aider à créer de l’emploi en même temps à valoriser nos produits locaux. Consommons guinéens. Nous transformons tout ce qui est produit en Guinée.

Guineematin.com : qu’est-ce que cette activité vous rapporte aujourd’hui ?

Saran Keïta : avec cette activité, j’arrive à m’en sortir. Par ce que ça me permet d’être indépendante financièrement et j’aide aussi certaines femmes à être autonomes. Nous sommes en partenariat avec le ministère du Commerce. J’avoue que je travaille aussi avec les femmes de l’intérieur. J’ai des groupements à l’intérieur du pays, surtout avec le groupement Wakali de Dabola.

On a signé un partenariat du travail. Ce groupement WAKALI nous fournis des matières premières de qualité. Donc, j’invite toutes les PME à s’intéresser aux femmes qui travaillent à la base, pour les former, les sensibiliser, pour faire la culture des produits de qualité. Si elles nous donnent des produits de qualité, nous allons transformer vraiment et présenter une meilleure qualité…

Guineematin.com : vos produits sont commercialisés à quels endroits ?

Saran Keïta : nos produits ne sont pas encore à l’intérieur du pays. Mais, sur le plan national, dans la capitale, le produit est dans beaucoup de boutiques. Ça existe et nous avons des agents commerciaux sur le terrain. A l’international, on envoie au Maroc, aux Etats-Unis. On est en train de faire les négociations commerciales pour l’Europe.

Guineematin.com : quelles sont les difficultés que vous rencontrez actuellement ?

Saran Keïta : nous travaillons avec les maigres moyens. Nous rencontrons beaucoup de difficultés. Le manque d’appui technique et technologique et le manque d’équipements nous fatiguent. On n’a pas d’équipements propices et nous travaillons avec qualité. Donc, imaginez-vous ce que ça va faire si on a un petit appui technique et financier. Nous lançons un appel solennel à toutes les institutions de la place de faire un petit déplacement pour voir ce que fait Amidjor, voir ce qu’est capable de faire Amidjor.

Guineematin.com : quel message avez-vous à lancer à l’endroit du président Alpha Condé qui avait dit dédier son mandat aux femmes et aux jeunes ?

Saran Keïta : tout ce que je peux dire au Professeur Alpha CONDE, c’est qu’il est bon de mettre les stratégies en place, il est bien de dédier le mandat ; mais, c’est très bon aussi de faire le suivi… Est-ce que ça vient à bon port ? Est-ce que les ayant droits perçoivent réellement ces choses-là ? C’est ce qui pourrait montrer sa trace.

Son appui, ce qu’il fait réellement, c’est ce qui va donner un bon résultat. Je félicite Guineematin.com et je félicite les hommes qui s’impliquent dans la promotion des femmes. Le professeur a dit que nous devons manger ce que nous produisons. C’est dans la même lancée et la même vision qu’Amidjor.

Guineematin.com : avez-vous aussi un message à l’endroit des femmes de Guinée ?

Saran Keïta : j’encourage les femmes à s’impliquer, à chercher à être autonome et à être indépendante comme moi. Parce que, le professeur Alpha Condé a déclaré qu’il dédie son mandat aux femmes et aux jeunes. Et, on voit qu’il évolue dans ce sens-là. Il y a une amélioration. Au jour d’aujourd’hui, sur 100 entreprises créées en Guinée, les 80 sont pour les femmes. Il faut qu’on s’implique maintenant dans les formations, les mises à niveau pour que ces entreprises féminines soient maintenues dans le même cap.

A cette occasion, où on a considéré le mois de mars, comme le mois des femmes, il est bon que les femmes réclament leurs droits, que nous soyons au même niveau que les hommes. Mais, il est bon que nous nous impliquions beaucoup dans la formation, il faut qu’on travaille beaucoup, surtout la solidarité féminine. La solidarité féminine peut nous amener loin dans la mesure où on se complète entre nous.

Interview réalisée par Mohamed DORE pour Guineematin.com

Tel (00224) 622 07 93 59

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