Kaporo-rails, retard des législatives, 3ème mandat : l’Opposition se fâche

La situation sociopolitique guinéenne, caractérisée par des crises multiples, inquiète l’Opposition Républicaine. Ce regroupement de partis politiques, réuni autour du principal parti de l’opposition, a conféré avec les médias ce jeudi, 14 mars 2019, à la maison de la presse. La démarche visait à exprimer la position de cette mouvance politique sur l’actualité sociopolitique guinéenne, a appris un reporter que Guineematin.com a dépêché sur place.

Les membres de ce bloc de l’opposition étaient tous là. Autour de Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition, on notait la présence d’Elhadj Dembo Sylla (UDG), Diabaty Doré (RPR), Abdoulaye Kourouma (RRD), Dr Ibrahima Sory Diallo (ADC-BOC), Thierno Seydou Bayo (PS), Hadja Fatou Bangoura et Boubacar Diallo.

Dans sa communication, Cellou Dalein Diallo a dénoncé le déguerpissement entrepris par le gouvernement à Kaporo Rails et à Kipé 2, dans la commune de Ratoma, sans aucune mesure d’accompagnement. « Pour nous, c’est inadmissible. On peut même se poser la question, est-ce qu’Alpha Condé est guinéen ? Parce qu’on ne peut pas traiter son compatriote de cette manière. Il faut d’abord rappeler que le schéma directeur de la ville de Conakry a été adopté en 1989. Un décret a été pris par monsieur le président de la République, il y a 30 ans de cela. Si on estime qu’il est encore opportun et urgent de récupérer ces domaines, il faut faire une étude d’impact, recenser les bâtiments, les évaluer et essayer de voir si la décision de libérer cette emprise est jugée pertinente jusqu’à présent, après 30 ans. On voit quel est le coût pour la collectivité. La collectivité, ce n’est pas l’Etat, la collectivité c’est la somme de toutes les richesses individuelles et collectives guinéennes. (…). Lorsque tu déclares une zone réservée, tu vas veiller à ce que quelqu’un ne vienne pas mettre son épargne dans ça. Parce qu’il y a des pauvres fonctionnaires qui ont épargné difficilement, qui ont acheté avec les autochtones, avec les chefs de quartiers, parfois avec l’urbanisme. Ils ont mis leurs petites économies là. L’Etat ne peut pas traiter ces citoyens comme ça. Si c’est jugé opportun encore, parce qu’une décision peut être jugée valable en 1988 et qu’elle ne soit pas valable maintenant », estime le président de l’UFDG.

Par ailleurs, le chef de file de l’opposition s’interroge sur la nécessité du gouvernement de déguerpir les populations de Kaporo-rails et de Kipé 2, alors que de nombreuses autres zones réservées existent à travers la ville. « Il y a 25 zones, classées zones réservées dans le schéma. Pourquoi seulement Kaporo-rails ? Les autres zones ne sont pas touchées. On a même déclassé certaines zones. C’est le cas par exemple de là où il y avait la décharge, parce qu’on a vu que ce n’était plus opportun. Pourquoi, parmi ces 25 zones, c’est sur Kaporo-rails qu’on s’acharne ? Ce sont des hommes qui méritent leur dignité, qui méritent qu’on traite comme une partie entière de la Nation. L’Etat ne peut pas créer une calamité comme ça ! (…) Plus de 953 maisons détruites, certains avec du haut standing. On peut les traiter avec dignité, les sensibiliser, les convaincre de quitter les lieux pour cause d’utilité publique, les recaser à 30 ou à 50 mètres et donner un montant même forfaitaire ».

S’agissant du retard accusé dans l’organisation des élections législatives, l’opposant accuse le président Alpha Condé d’en être responsable. « Ces élections législatives devaient être organisées au début de l’année. Mais, j’ai toujours dit que le malheur de la Guinée, c’est qu’en termes d’élections, on fonctionne avec l’agenda d’Alpha Condé et non avec la loi. J’ai toujours dit que l’organisation des élections ne doit pas dépendre de l’humeur du président. (…) On n’a aucune visibilité de la tenue de ces élections. On viole la loi en refusant de faire élire les nouveaux députés. On prend un décret comme si de rien n’était », se désole-t-il.

Pour ce qui est de la question du 3ème mandat, Cellou Dalein Diallo soutient qu’Alpha Condé « ne doit même pas songer à organiser un referendum, puisque la Constitution y a mis un verrou ».

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

Facebook Comments Box