Taux élevé des AVC en Guinée : les conseils du neurologue Dr Laho Diallo

Les Accidents Vasculaires Cérébraux (AVC) sont devenus récurrents en Guinée. Le nombre de cas a explosé ces derniers temps. Pour en savoir davantage sur les causes, les moyens de lutte contre les AVC, un reporter de Guineematin.com a rencontré Dr Lansana Laho Diallo, maître-assistant de Neurologie à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry et chef du service de Neurologie à l’hôpital Sino-guinéen de Kipé.

Guineematin.com : qu’est-ce qu’on entend par Accident Vasculaire Cérébral communément appelé AVC ?

Dr Lansana Laho Diallo : pour le commun des mortels, on peut le définir comme étant un trouble de la circulation sanguine du cerveau. Etre trouble peut être dû soit à une thrombose, qui pourrait réaliser un accident vasculaire cérébral isthmique, tout comme il peut y avoir une rupture du vaisseau ; et là, on parle d’accident vasculaire cérébral hémorragique.

Guineematin.com : quelles sont les causes des AVC ?

Dr Lansana Laho Diallo : les causes sont multiples et variées. Nous avons les causes dues au cœur avec les maladies cardiaques, il y a des causes dues aux tuyaux du sang qui se trouvent être des artères. Certaines sont des causes vasculaires, et puis il y a les causes dues à la composition du sang. Donc, il y a les causes sanguines, vasculaires et cardiaques.

Guineematin.com : est-ce qu’il est possible de traiter les AVC ?

Dr Lansana Laho Diallo : le traitement moderne le plus souhaité de la maladie, nous ne l’avons pas encore. C’est de faire la thrombolyse. La thrombolyse, c’est une sorte dactylis qu’on peut mettre en route les trois odes de l’AVC. Là, on a la chance de récupérer quand il s’agit d’un accident vasculaire cérébral hystérique.

En hémorragie, on ne fait pas la thrombolyse, pas du tout. Et aujourd’hui, la thrombolyse, c’est une technique pour déliter le caillot. Parce que le caillot va toucher l’intérieur de l’artère. Et, c’est dans l’artère-là que circule le sang.

Et quand le sang est bloqué quelque part, il va de soi qu’il ne puisse pas continuer. Donc, les organes qui sont après l’obstacle sont privés de sang. C’est une sorte d’irrigation. Donc, les cellules qui sont à l’orée deviennent les cellules qui perdent toutes leurs potentialités et qui vont même mourir.

Et, les cellules cérébrales ne se renouvelants pas, on va donc assister à des cascades de transformation jusqu’à arriver à une situation qu’on ne pourra pas résoudre, sauf que nous pourrons gérer les séquelles qui seraient l’hémiplégie, qui seraient les troubles du comportement.

Guineematin.com : quelle est la fréquence des AVC en Guinée et plus particulièrement dans votre service ici ?

Dr Lansana Laho Diallo : il n’y a que des données hospitalières. On n’a pas fait une étude à grande échelle. En ce qui nous concerne le service neurologie de l’hôpital Sino-guinéen de Kipé, l’AVC constitue la première cause d’hospitalisation et la première cause de mortalité. Pour le chiffrer, nous dirons d’abord les admissions aux urgences médicales chirurgicales de l’hôpital Sino-guinéen, nous pouvons estimer à près de 65 à 66% des cas d’accident vasculaire cérébral tout confondu.

Et si nous allons pour faire le scanner directement, on a plus d’accident vasculaire cérébral isthmique… Même dans les causes de mortalité, l’AVC s’avère être la première cause de mortalité dans le service de neurologie de l’hôpital de l’amitié Sino-guinéenne de Kipé.

Guineematin.com : en clair, vous recevez combien de patients frappés par un AVC par mois ?

Dr Lansana Laho Diallo : avant, on avait commencé dans l’ordre de 25 jusqu’à 30 par mois. Maintenant, nous en recevons beaucoup plus qu’avant. Parce que, l’hôpital de Donka n’est pas encore ouvert. Et, la première structure d’accueil en urgence neurologique, c’est l’hôpital de l’amitié Sino-guinéenne de Kipé. Donc, nous en avons au minimum dans le mois, 50 à 55.

Guineematin.com : que faut-il faire pour prévenir les AVC ?

Dr Lansana Laho Diallo : mieux vaut les prévenir que de les vivre. Il faut essayer de lutter contre les facteurs de risque des AVC. Et, l’un des facteurs de risque des AVC les plus connus, les plus fréquents, s’avère être l’hypertension artérielle. On l’appelle souvent la tueuse silencieuse. Parce que les gens ne se contrôlent pas, ce n’est que devant le fait accompli qu’on trouve l’hypertension de façon fortuite, lors de l’Accident Vasculaire Cérébral.

Il y en a d’autres où l’hyper tension est connue depuis de longues dates et qui ne suivent pas l’évolution de leur traitement, ils ne viennent pas faire de visites médicales. Et généralement, ces gens-là sont surpris à la suite d’un événement cardiaque, à la suite d’un événement social, ou en pleine nuit, ils assistent à leur paralysie et se relèvent avec une néoplasie.

Il y en a d’autres, la conjointe ou les enfants entendent le ronflement du patient, ils courent pour venir voir et le trouvent dans un état très avancé de coma, mais avec une importante hémorragie cérébrale. Disons qu’à part l’hypertension artérielle, il y a des maladies hématologiques. Et d’ailleurs, j’en profite pour dire que l’une des maladies hématologiques pourrait même créer cela.

Il y a la polyglobulie. Mais, il y a aussi une des maladies les plus connues de nos familles, la drépanocytose, compte-tenu du mariage consanguin. Je profite de l’occasion pour conseiller les uns et les autres de revoir cette question sur le plan génétique. Il y a aussi d’autres causes comme les causes alimentaires. Nous pensons être beaucoup civilisés aujourd’hui.

Et, nous utilisons les ingrédients qui sont toxiques pour notre organisme. Je saisis l’occasion pour parler du Cube Maggie que les gens aiment mettre dans leurs différents mets. Ils ne savent pas la gravité. Je saisis l’occasion pour parler de l’huile de palme que nous consommons tous et surtout que le guinéen aime avec la sauce la plus connue, la sauce Konkoé. Cette huile entraîne souvent des surcharges de cholestérol et qui pourrait affecter les parois vasculaires et même empêcher ou ralentir la circulation sanguine.

Il y a beaucoup d’affections cardiaques dont l’une des maladies pourrait être à l’origine, c’est le rhumatisme articulaire. Il y a la complication du motus actuaire aiguë qui pourrait se fixer au niveau des valves mitrales ou des valves tricuspides. Il y a même aussi au niveau de l’endocardite des infections qui peuvent attaquer le cœur et qui pourraient conséquemment entraîner une situation désastreuse allant jusqu’à occasionner l’accident vasculaire cérébral.

Guineematin.com : avez-vous un dernier message avant la fin de cet entretien ?

Dr Lansana Laho Diallo : le seul dernier mot que j’ai, c’est d’interpeller les citoyens, de pouvoir se rendre dans les hôpitaux plus tôt que tard. Et, en cas d’AVC, qu’ils comprennent qu’il y a au moins des choses à mettre en place avant que le patient ne soit là. Il s’agit par exemple de voir si le malade a perdu l’usage d’un membre, et de savoir si le malade est conscient ou pas.

Parce que de fois, ils font avaler des décoctions au malade avant qu’il ne soit là. Et, on reçoit le malade avec des complications pulmonaires. Donc, c’est des choses qu’ils doivent connaitre. Et puis, il y a des positions latéralisées de sécurité, qu’ils doivent surtout accepter dans le transport du malade.

Entretien réalisé par Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com
Tél. : (00224) 621 09 08 18

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