Kaporo Rails/Kipé 2 : les déguerpis appellent à une journée de solidarité le 1er avril

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Les victimes du déguerpissement de Kaporo-rails et de Kipé 2, dans la commune de Ratoma, appellent à une journée de solidarité en leur faveur. L’annonce en a été faite hier jeudi, 28 mars 2019, à l’occasion d’une conférence de presse organisée à Kaporo rails, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Le collectif des déguerpis de Kaporo rails et de Kipé 2 appelle à une journée sans activités en guise de solidarité avec les victimes pour le lundi, 1er avril 2019. Ces citoyens qui ont perdu leurs maisons, souhaitent que cette journée soit mise à profit pour leur apporter des soutiens matériels ou financiers.

Selon Abdourahmane Bella Bah, membre du mouvement Citoyens Engagés de Guinée, « nous avons décidé d’organiser une journée de solidarité parce nous pensons que tous les citoyens guinéens ne sont pas d’accord avec la manière dont l’état a déguerpi les citoyens de Kaporo-rails et de Kipé 2. C’est une façon pour nous d’interpeller notre Etat à ses devoirs d’abord avant son droit. L’Etat a effectivement le droit de déguerpir les citoyens, mais l’Etat a le devoir de les recaser.

C’est pour nous une manière d’interpeller l’Etat et lancer un SOS aussi à une mobilisation citoyenne face aux déguerpis de Kaporo-rails. Le lundi, 1er avril 2019, nous demandons aux commerçants, aux boulangers de rester sans activité, à tous les citoyens guinéens de rester sans activité pour lancer un message fort a l’Etat, pour dire que nous ne sommes pas d’accord avec la manière dont le déguerpissement s’est fait », a expliqué Abdourahmane Bella Bah.

Pour sa part, Elhadj Alpha Oumar Diallo, président du collectif, est revenu sur le calvaire que connaissent les victimes du déguerpissement. « C’est le moment pour nous de préciser qu’on a été victime d’un déguerpissement qui nous a coûté l’effort de tout ce qu’on a eu à faire dans notre vie. Je suis retraité il 5 ans et on m’a cassé 10 bâtiments. 5 bâtiments en 1998 et 5 bâtiments en 2019… Aujourd’hui, on se considère comme étrangers dans notre pays parce qu’on est déguerpi, on vit à la belle étoile.

Ça c’est à la portée de tout ceux qui sont là et qui connaissent que nous sommes des réfugiés dans notre propre pays, des réfugiés causés par notre propre gouvernement qui devrait nous protéger, c’est lui qui nous met dehors en disant qu’ils n’ont aucun état d’âme par rapport à la casse de Kaporo-rails. Donc, nous avons été deux fois victimes, de la haine et la destruction », a dit le vieil homme.

De son côté, Saidou Diallo s’est dit déçu du fait qu’il n’y ait pas eu de dédommagement ou de recasement des victimes. « L’Etat se base sur un décret, qui est le décret N° 2011/ PRG/ SGG 1989, portant création des réserves foncières au profit de l’Etat, autorisant l’ouverture des routes à Conakry. Ce que le même Etat oublie de mentionner, c’est que ce décret a prévu autre chose, pas seulement le déguerpissement.

L’Etat a prévu des mesures d’accompagnent que les autorités omettent souvent de mentionner. C’est pour cela que l’article 4 précise que les occupants de ces zones seront déguerpis au fur et à mesure des besoins d’aménagement de la puissance publique et que les occupants qui auraient mis en valeur avant la date du 20 avril 1988, ne sont déguerpis que si l’Etat s’engage à les indemniser à la valeur de leur réalisation », rappelle-t-il.

En outre, Saidou Diallo est revenu sur les statistiques provisoires des maisons cassées et victimes. « C’est un déguerpissement sauvage et inhumain, parce qu’il touche une grande population. Je vais vous donner les statistiques provisoires du déguerpissement. A à ce niveau nous avons 1077 concessions cassées ; 14 674 personnes mises dehors, qui dorment à la belle étoile ; 90 personnes qui ont des besoins nécessaires et réels de nourriture.

Nous avons 1410 élèves qui ont abandonné l’école et qui sont dispersés pêle-mêle : 63 candidats au Baccalauréat, 73 candidats au BEPC et 71 candidats à l’examen d’entrée en 7eme et des cas de malades. Nous avons 57 personnes qui sont malades, nous avons des blessés par balle, notamment la fille qui a été atteinte par une bombe lacrymogène », a énuméré monsieur Diallo.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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