Solidarité avec les victimes de Kaporo rails et Kipé 2 : la journée sans activités peu suivie à Conakry

Le collectif des victimes de déguerpissement à Kaporo rails et Kipé 2, dans la commune de Ratoma, avait appelé à une journée sans activités ce lundi 1er avril 2019, à Conakry. La démarche visait à emmener les habitants de la capitale guinéenne à faire preuve de solidarité envers les victimes de l’impitoyable déguerpissement effectué par le ministère de la Ville et de l’Aménagement du Territoire. Mais, cet appel a été peu suivi sur le terrain, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Pour exprimer son indignation face à la tragédie subie, le collectif des victimes a demandé une chaîne de solidarité avec à la clé une journée sans activités. Mais, ce mot d’ordre n’a été suivi que très peu dans la capitale guinéenne.

Au marché de Kaporo, boutiques et magasins sont restés fermés alors que les étalagistes se faisaient rares. Fadja Barry, gérant d’une boutique de transfert d’argent appelle à la mobilisation de tous pour aider les victimes de Kaporo rails. « Chez nous ici, le mot d’ordre de solidarité aux victimes du déguerpissement est largement suivi. Vous avez vu, tout le monde a fermé.

Nous au marché de Kaporo ici, on s’est passé le message, tout le monde est informé. Nous sommes solidaires des victimes du déguerpissement. Nous appelons tout le monde à faire comme nous. Nous ici, on ouvrira aucune boutique ni magasin aujourd’hui. Ces citoyens qui sont déguerpis sont des guinéens. Ils sont victimes d’injustice. Moi, je suis d’accord que l’Etat récupère le domaine qu’il veut, mais la manière dont les gens là sont chassés de leurs concessions est mauvaise.

On allait leur donner soit un délai suffisant, ou bien les dédommager et les recaser. Comme ça, je demande à tout le monde de marquer sa solidarité aujourd’hui à toutes les victimes de ce déguerpissement en leur donnant quelque chose et en arrêtant de travailler aujourd’hui. Je demande au gouvernement de les dédommager et les recaser, puisque c’est des citoyens du pays », a dit Fadja Barry.

Pour sa part, Diouldé Traoré, un autre marchand propriétaire d’un magasin au marché de Kaporo, demande aux compatriotes de soutenir les victimes de la tragédie de Kaporo rails. « Moi, j’ai fermé mon magasin aujourd’hui, c’est à cause de cette journée de solidarité, parce que ce que les gens-là ont subi, fait vraiment mal. Mais, ce qui me fait aussi mal dans tout ça, c’est que l’Etat ne leur est pas venu en aide. Beaucoup parmi eux n’ont pas où aller, ils dorment n’importe où et n’importe comment.

C’est la raison pour laquelle j’ai fermé mon magasin. A cette occasion, je demande à toute personne consciente de venir en aide moralement, financièrement voir matériellement à ces personnes qui sont victimes de déguerpissement. Actuellement, ils vivent dans des conditions très difficiles. Que chacun se mette à leur place », conseille le jeune homme.

Par contre, au marché de Koloma et le long de l’axe Koloma-Hamdallaye, la plupart des gens que notre reporter a rencontrés disent n’avoir pas été informés de cette journée de solidarité. Là, boutiques et magasins sont ouverts.

C’est le cas de Mamadou Barry qui dit n’avoir pas été informé de cette journée de solidarité. « Bien que j’ai ouvert ma boutique, je suis solidaire des victimes. Mais, je crois que je ne suis pas le seul à ne pas être informé. C’est pourquoi vous voyez les autres aussi qui ont ouvert. Mais, il y a quelque chose aussi qui est très important. C’est de s’organiser et d’assister dans la mesure du possible les populations victimes, parce que c’est leurs droits qu’on a violés.

Pour la journée de solidarité d’aujourd’hui, il y a beaucoup de personnes qui vivent difficilement, parce qu’ils vivent au jour le jour. Ceux qui n’ont rien à la maison, difficilement ceux-ci pourront ne pas sortir chercher de quoi manger. Mais, je regrette une chose. Ces gens là auraient dû bénéficier d’au moins un délai de deux ou trois mois pour trouver au moins des logements et sortir les bagages.

Mais, on ne leur a pas donné le temps. C’est pourquoi c’est vraiment difficile pour eux et c’est vraiment regrettable. Aujourd’hui, il n’y a pas d’écoles, il n’y a pas de mosquées parce que les gens qui fréquentaient les lieux là sont chassés. Donc, ce qui a tué le forgeron, c’est ce qui a aussi détruit la forge. Aujourd’hui, tout le monde doit soutenir ces victimes », lance-t-il.

A noter qu’à Bambéto et Hamdallaye, les commerces ont restés ouverts. De nombreux citoyens rencontrés sur les lieux affirment n’avoir pas été informés de cette journée de solidarité avec les victimes du déguerpissement de Kaporo rails, Kipé 2 et Koloma 1.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

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