Déguerpissement à Kaporo rails et Kipé 2 : l’UFDG remet un chèque de 400 millions de francs aux victimes

L’opération de déguerpissement à Kaporo Rails et Kipé 2, dans la commune de Ratoma, a révolté les consciences et suscité une chaîne de solidarité. L’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), principal parti de l’opposition, avait entamé une campagne de collecte de fonds pour secourir les victimes de cette tragédie. Dans la journée de ce jeudi, 4 avril 2019, le parti a fait l’état des lieux de cette collecte et remis un chèque de 400 millions de francs guinées aux victimes, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

La cérémonie de remise du chèque s’est tenue au quartier général de l’UFDG. Selon les informations recueillies sur place, la collecte de fonds initiée par la formation politique, a permis de lever un montant de cinq cent soixante huit millions (568.000.000 GNF) de francs guinéens en faveur des personnes déguerpies à Kaporo Rails, Kipé 2 et une partie de Koloma 1.

Dans ce montant, 165 millions ont été dépensés pour la prise en charge de la jeune Aïssatou Bela Diallo, âgée de 14 ans, défigurée par une grenade lacrymogène et évacuée par l’UFDG à Tunis pour des soins. Et, 3 millions ont été déboursés pour assister deux jeunes blessés, dont un par balle et l’autre par bastonnade.

Les 400 millions restants ont été mis à la disposition des victimes. Selon Cellou Dalein Diallo, le président de l’UFDG, ces fonds sont issus de la contribution des structures du parti. Il précise d’ailleurs que la mobilisation se poursuit et que le montant pourrait aller bien au-delà de celui qui a été remis aux bénéficiaires ce jeudi.

Le chef de file de l’opposition guinéenne en a profité pour revenir et dénoncer une fois de plus le déguerpissement mené dans ces zones de la commune de Ratoma. « Si la cause d’utilité publique est avérée, personne ne s’y opposerait. Mais, personne aussi n’aurait cautionné l’utilisation de la force brutale, sans aucune mesure d’accompagnement, sans aucune négociation, sans aucune sensibilisation pour mettre plus de 15 mille familles sans abris. C’est inacceptable dans un Etat où la solidarité est inscrite dans l’emblème du pays», estime-t-il.

Pour montrer le caractère brutal et « cynique » de cette opération, l’opposant exhibe les images de Aïssatou Bela Diallo, défigurée par une bombe lacrymogène, lancée par un policier. « Regardez ces images de cette fille. Le policier la regarde et lui jette cette bombe lacrymogène. Elle va porter les séquelles toute sa vie. Et l’Etat ne réagit pas, ni pour l’assister, ni pour compatir avec la famille. C’est de justesse qu’on a pu sauver sa vie. Elle a subi 3 opérations. Mais, jusqu’à présent, elle ne respire pas par le nez », a expliqué le leader de l’UFDG.

Du côté des victimes de ce déguerpissement, on se dit soulagé par cette action de l’UFDG. En recevant le chèque des 400 millions GNF des mains de Cellou Dalein Diallo, Elhadj Alpha Oumar Diallo, le président de la coordination des victimes, a vivement remercié la formation politique. Il a saisi l’occasion pour annoncer qu’un recensement provisoire montre qu’il y a eu 1182 concessions détruites avec 14.988 personnes déplacées.

« Parmi ces personnes, il y a encore 193 sans abris, 100 personnes ayant besoin de nourriture, 3.641 élèves impactés, dont 88 candidats au bac, 92 au BEPC et 86 à l’entrée en 7ème année. 13 écoles qui n’ont plus d’élèves, 12 mosquées n’ayant plus de fidèles et 2 églises, dont l’une a été détruite, 1700 bâtiments détruits, 70 personnes ayant des problèmes de santé, dont deux blessés par balles, plusieurs arrestations de jeunes et d’enfants qui sont soumis à des versements d’un montant d’un million de francs guinéens pour être libérés », a-t-il énuméré.

A noter qu’en plus de la levée des fonds, l’UFDG a mené d’autres actions humanitaires en faveur des déguerpis de Kaporo Rails et Kipé 2. C’est notamment la mise à disposition de logements à certains et la prise en charge à titre gracieux des frais de scolarité de plusieurs élèves.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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