Assassinat de Thierno Aliou Diaouné en 2015 : ouverture des débats avec 4 accusés à la barre

Feu Thierno Aliou Diaouné

Après de multiples renvois, le procès sur l’assassinat de l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Thierno Aliou Diaouné, s’est ouvert ce lundi, 15 avril 2019, au tribunal criminel de Dixinn. Dans cette affaire, quatre (4) personnes sont poursuivies pour assassinat et complicité d’assassinat. A la barre, les accusés ont nié les faits qui leurs sont reprochés, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les accusés dans ce dossier ont pour noms Abdoulaye Djibril Diallo, dit Foula Boy ; Aronu Goowin Ozoekwe, dit John ; Samuel Dyngee, dit Samou Sami ; et Noël Camara, dit Noua.

Thierno Aliou Diaouné est ancien ministre de la Jeunesse et des Sports du gouvernement de la Transition en 2010 et ex coordonnateur national du Fonds de Consolidation de la Paix en Guinée. Il avait été abattu dans son véhiculé le vendredi, 6 février 2015, à Conakry aux environs de 21h, à Kobaya, dans la commune de Ratoma. Son véhicule, de marque Toyota Land Cruiser, avait été emporté par les assaillants.

Pour cette première journée d’audience, c’est Noël Camara, dit Noua de nationalité léonaise, qui a été le premier à comparaître. A la barre, l’accusé a nié les faits qui lui sont reprochés avant de pointer le doigt sur sa femme. Selon nos informations, Noua avait dit chez le juge d’instruction que c’est Abdoulaye Djibril Diallo, dit Foula Boy, qui a tiré sur Thierno Aliou Diaouné. « Je ne reconnais pas les faits monsieur le président. J’ai été arrêté par ma femme, par jalousie, parce que je l’ai une fois attrapée dans un véhicule avec son copain, un officier de police. Il y a eu bagarre. Je lui avais dit de rentrer chez elle. Le problème est venu de là-bas. Un jour, je partais en Sierra Leone pour voir ma famille. Arrivé à Gomboya, dans Coyah, je suis descendu pour acheter à boire. J’ai vu ma femme. Je lui ai demandé ce qu’elle faisait là. Elle a commencé à me frapper. Les gendarmes m’ont pris avec mon véhicule pour m’envoyer à la gendarmerie de Kaporo rails. Là, ils m’ont parlé d’un certain John que je ne connais pas. Ils ont pris mon téléphone pour l’appeler. J’ai parlé avec lui, on s’est donné rendez vous à Ratoma Cyber. C’est là-bas qu’il a té arrêté. A la Direction de la Police Judicaire, ils m’ont torturé. J’ai même fait caca dans mon pantalon. Ils ont envoyé une photo de Djibril pour me montrer. Je leur ai dit que je ne le connaissais pas. Tout ce qu’ils ont écrit, ce n’est pas vrai, parce que même pour interpréter mes propos, c’est un détenu qu’ils ont envoyé et celui ci ne comprenait pas bien l’anglais. Ils m’ont dit de signer. Sous la torture, j’ai signé. Je ne suis pas un bandit, je suis commerçant, je revendais des boissons alcoolisées. Je ne connais rien dans cette affaire. Ma femme même est venue à la maison centrale pour me demander pardon. Elle m’a dit qu’elle regrette ce qu’elle a fait. Le procureur n’a rien contre moi, c’est juste parce qu’ils ont vu le numéro d’un certain Cobra dans mon téléphone, soi-disant que j’ai échangé avec lui des appels téléphoniques durant la nuit de l’assassinat de Mr Diaouné. Ils m’ont attrapé, sans aucun élément de preuve contre moi », s’est-il défendu.

De son côté, Abdoulaye Djibril Diallo, dit Foula Boy, condamné à perpétuité dans une autre affaire d’assassinat, adopte la même posture de négation. « Un jour, j’ai acheté deux téléphones. Mais, un des téléphones n’était pas bon. Je l’ai ramené. Je n’ai pas trouvé celui qui me m’a revendu sur place. Il y avait là un petit du nom de Bachir, qui était l’intermédiaire, il m’a dit de lui remettre le phone qui est gâté qu’il va revendre pour que je récupère mon argent. C’est pour le deuxième téléphone que j’ai été arrêté. Je ne sais rien dans cette affaire. J’ai été condamné deux fois : ici, à 3 ans, et à Ratoma, à perpétuité, à cause du même téléphone que j’ai acheté. On m’a dit que c’est le téléphone d’un commissaire de police qui a été tué à Sonfonia. C’est pour cela qu’on m’a arrêté. Toutes les personnes avec lesquelles je suis ici à la barre, je ne les connais pas… »

En réponse à ces propos, le juge Ibrahima Kalil Diakité a expliqué à l’accusé qu’il s’agit de deux téléphones de deux différentes victimes de meurtre qui ont été retrouvés en sa possession. « Le téléphone auquel vous faites allusion a été retrouvé dans vos mains. Mais, c’est le téléphone du Mr que vous avez assassiné, du nom de Mr Diaouné ; et le deuxième téléphone, c’est pour le commissaire Pascal Bangoura, qui avait été tué à Sonfonia. Vous n’avez jamais volé, mais on vous a déjà condamné à perpétuité dans l’affaire de Dame Boiro, et maintenant, vous comparaissez pour l’affaire Diaouné. Comment expliquez-vous cela ? »

Dans sa réponse, Abdoulaye Djibril Diallo, dit Foula Boy, va camper sur sa position, à savoir l’achat au marché noir de deux téléphones.

Des propos balayés d’un revers de main par le procureur Daouda Diomandé. « Votre nom a été cité dans trois dossiers différents : celui de l’assassinat du commissaire Pascal à Sonfonia, celui de Dame Boiro et maintenant c’est pour feu Diaouné. Vous ne pouvez pas être condamnés pout une même affaire plusieurs fois et de surcroit être condamné à perpétuité à cause d’un téléphone. Dites la vérité », a conseillé le représentant du ministère public.

Toujours droit dans ses bottes, Abdoulaye Djibril va continuer de clamer son innocence. « Je ne connais rien dans cette affaire, quand Mr Diaouné a été tué, j’étais déjà en prison. Je ne suis ni voleur ni assassin », a-t-il martelé.

Le dossier à été renvoyé aux prochains jours pour la suite des débats.

Abdoulaye Djibril Diallo est sous mandat depuis le 18 mai 2015. Les 3 autres accusés dans ce dossier sont détenus depuis le 13 mai de la même année.

Salimatou Diallo pour Guineematin.com
Tél. : 224623532504

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