Conakry : accusé d’avoir assassiné son patron, un chauffeur s’explique

Poursuivi pour l’assassinat de son patron en mai 2013, Emmanuel Togba, chauffeur de profession, a commencé à s’expliquer au tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la mairie de Ratoma. Détenu depuis bientôt 6 ans, l’accusé a rejeté systématiquement les faits articulés contre lui.

Dans la journée d’hier mardi, 23 avril 2019, le procureur a demandé son acquittement pour délit non constitué, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Cette affaire remonte au mois de mai 2013. C’est à cette époque qu’Ismaël Mansaré a demandé à son chauffeur, Emmanuel Togba, de le conduire au quartier Cosa, dans la commune de Ratoma, où il devrait attendre un certain Foula Boy afin qu’ils puissent voyager pour la Sierra Leone.

Selon nos informations, c’est après avoir rendu ce service à Ismaël Mansaré que Togba Emmanuel est reparti au domicile de son patron avec le véhicule où il a rendu la clef à Hadja Mariama Bah, l’amante du défunt. Aux environs d’une heure du matin, la même nuit, un numéro anonyme appelle Emmanuel Togba pour lui dire que son patron a fait un accident mortel à Pamelap, à la frontière entre la Guinée et la Sierra Léone.

C’est ainsi que le lendemain, Emmanuel Togba est allé informer Hadja Mariana Bah, l’amante du défunt. Aussitôt, les deux décident de se rendre à Pamelap pour chercher le corps d’Ismaël Mansaré. Arrivés sur les lieux, les agents postés à Pamelap leur ont fait savoir qu’ils n’étaient pas au courant d’un quelconque accident.

Ainsi, dès leur retour à Conakry, Emmanuel Togba a reçu la visite des agents de la police à son domicile. Ils lui ont fait savoir que le corps de son patron est à la morgue de l’hôpital Ignace Deen et qu’il serait complice de l’assassinat. C’est ainsi qu’il a été conduit à la Direction de la Police Judicaire (DPJ) avant d’être placé sous mandat de dépôt le 16 mai 2013. Depuis cette date, Emmanuel Togba croupit en prison.

A l’audience de ce mardi, le procureur a commencé par rappeler les faits « dans leur quintessence ». Puis, Boubacar 1 Bah a requis l’acquittement d’Emmanuel Togba. « Depuis l’enquête préliminaire, jusqu’à la barre, il n’a pas reconnu les faits. Et aucune preuve n’a été démontrée qu’Ismaël a été tué par accident ou par coups. Donc, je vous demande d’acquitter l’accusé pour délit non constitué à son encontre », a requis le procureur.

La défense quant à elle accuse la police de n’avoir pas accompli des actes allant dans le sens de la manifestation de la vérité. Selon maître Emanuel Kpana Bamba, la police devrait s’intéresser à celui qui a appelé l’accusé la nuit pour lui annoncer le décès par accident de son patron. Ensuite, poursuit l’avocat, « l’autopsie du corps devrait être faite. Et celui qui a déposé le corps à la morgue de l’hôpital devrait être identifié. La police n’a accompli aucune mesure allant dans le sens de la manifestation de la vérité. Et cela a laissé planer de sérieux doutes. Et ces doutes ne permettent pas au tribunal de condamner mon client. Aucune cause de culpabilité n’est établie à son encontre. Donc, je vous demande de l’acquitter car les faits ne sont pas établis », a plaidé le conseil de l’accusé.

L’affaire a été mise en délibéré pour décision être rendue le 30 avril 2019.

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 620 589 727/654 416 922

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