Séquestration : des présumés bandits se contredisent au tribunal

Les présumés malfaiteurs continuent de défiler par devant le tribunal criminel de Dixinn pour s’expliquer sur les faits à eux reprochés. C’est dans ce cadre que Sâa David Kamano, Lamine Kanté et Sékou Oumar Keïta ont comparu hier mardi, 23 avril 2019. Ils sont poursuivis pour des faits de séquestration, prise d’otage, vol à main armée, détention illégale d’armes de guerre, association de malfaiteurs et complicité, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les faits pour lesquels ils sont poursuivis remontent à l’année 2016 et se seraient produits au quartier Kipé, dans la commune de Ratoma, à Conakry.

Dans ce dossier criminel, ils sont cinq (5) accusés, mais seulement trois (3) ont comparu à la barre. Il s’agit de : Sâa David Kamano (gendarme de profession), Lamine Kanté, Sékou Oumar Keïta, Abdoul Majid Diallo (qui a recouvré la liberté) et Mohamed Sidy Diallo (en fuite).

Selon nos informations, c’est le dimanche, 7 août 2016, que ces présumés malfaiteurs se seraient rendus dans un chantier appartenant à un opérateur économique au quartier Kipé. Là, ils auraient pris en otage et séquestré Alpha Souleymane Baldé et Kadiatou Lamarana Bah, pendant 7 jours. Dans leur besogne, les accusés auraient soutiré un montant de 120 mille dollars au préjudice d’Alpha Souleymane Baldé.

A la barre, c’est l’adjudant chef Sâa David Kamano, en service à l’escadron mobile numéro 4 de Matoto, qui a été le premier à s’expliquer. Devant le juge Ibrahima Kalil Diakité, le gendarme a nié les faits pour lesquels il est poursuivi. « Lamine Kanté est un ami. J’ai étudié avec lui. Un jour, j’ai reçu un appel de lui, soi-disant qu’il voulait me voir. On s’est rencontré, il m’a expliqué qu’un de ses amis a un problème de terrain avec un monsieur et de lui venir en aide. Je lui ai dit d’aller à la gendarmerie pour porter plainte. Il m’a dit qu’il voulait régler le problème en famille. Comme je suis gendarme, il m’a dit d’aller juste effrayer le monsieur pour qu’ils se comprennent. Il a donné mon numéro à son ami en question, du nom d’Abdoul Majid. Celui-ci m’a appelé et m’a demander de le trouver à Kipé. Je suis parti. On est monté dans le véhicule, mais Majid échangeait au téléphone avec une autre personne. Arrivé à un niveau, il m’a dit de descendre, que c’était bon. Il m’a remis 50.000 GNF pour mon transport. C’est tous ce que je connais fans cette affaire. Je ne connais rien dans cette histoire d’enlèvement. Tout ce que je sais, c’est qu’on m’a arrêté et déféré à la maison centrale ».

Des propos balayés d’un revers de main par le procureur Daouda Diomandé. « Je ne suis pas d’accord avec vous. Vous êtes un gendarme, quelqu’un ne peut pas vous appeler, vous demander d’aller régler une affaire sans passer par la voix légale, qui est celle de porter plainte et vous dites que vous n’avez pas participé. Arrêtez de mentir », a conseillé le procureur.

Pour sa part, Lamine Kanté va abonder dans la même logique de négation. « Je me suis connu avec Sidy (un des accusés en fuite, ndlr) en prison à la maison centrale et à Kindia. C’est quand on a été libéré qu’il m’a appelé un jour pour me dire de l’aider. Il m’a dit qu’il y a un de ses frères qui veut confisquer un terrain. Il m’a demandé de l’aider à avoir un homme en tenue pour régler le problème. J’ai donné mon accord. C’est ainsi que je suis parti rencontré mon ami Kamano, je lui ai expliqué, il a accepté et je l’ai mis en contact avec Sidy. Ce qui s’est passé par après, je ne sais pas. C’est un jour, quand je quittais le Libéria, arrivé à Conakry, au quartier CBA, déjà mon numéro avait été localisé par les services de sécurité. Il y avait un barrage là-bas. Les gendarmes ont pris ma carte, ils l’ont amené dans un véhicule où il y avait des militaires. Ceux-ci sont venus en courant, ils m’ont dit de descendre du véhicule. Je suis descendu, ils m’ont attrapé. A la gendarmerie, ils m’ont demandé où étaient les armes. Je leur ai dit que je ne sais pas sais pas. C’est tout ce que je connais dans cette affaire ».

De son côté, Sékou Oumar Keïta avoue avoir participé indirectement à l’opération. « Je reconnais avoir participé à l’opération, mais je ne savais pas que c’était pour un enlèvement .C’est Sâa David Kamano qui m’a appelé pour me dire de l’accompagner de l’accompagner, qu’ils vont effrayer le frère d’un ami. Après, qu’ils allaient me donner de l’argent. Comme j’étais dans un souci d’argent, j’ai accepté. Le nommé Sidy à envoyé un petit mécanicien qui conduisait une voiture, je suis monté dans le véhicule. Sâa David Kamano et Sidy étaient dans un autre véhicule, ils sont restés devant. Nous sommes partis à Kipé. Eux, ils sont rentrés dans une cour fermée. Ils ont dit au petit mécanicien de se garer devant la cour et que moi, j’ouvre le coffre en faisant semblant de réparer la voiture pour ne pas que les boutiquiers les voient sortir de la cour. C’est ce que j’ai fait. Quelques minutes après, ils sont ressortis de la cour dans la voiture et sont partis. Sidy a appelé le petit mécanicien, lui a dit de les suivre. On les a suivis jusqu’au niveau d’un garage. Ils nous ont dit de partir. Quelques jours après, Lamine Kanté m’a remis 11 millions de francs guinéens. C’est tout ce que je sais dans cette affaire », a-t-il expliqué.

Le procureur va se réjouir de la franchise dont a fait montre Sékou Oumar Keïta, avant de lui poser quelques questions. « Monsieur Keïta, vous dites que c’est Sâa David Kamano qui vous a contacté ? Il était présent sur les lieux où il y a eu l’enlèvement ? Etait-il présent et que par après vous avez reçu un montant de 11 millions GNF? »

A toutes ces questions, Sékou Oumar Keïta va répondre par l’affirmative. « Oui, c’est lui (Sâa David Kamano, ndlr) qui m’a contacté, mais c’est Lamine Kanté qui m’a remis 11 millions et sur les lieux où s’est déroulé les choses, il y avait Sâa Davide Kamano et le Sidy. Mais, moi je ne suis pas rentré dans la cour. Je ne savais pas que c’est quelqu’un qu’ils ont enlevé. C’est quand on m’a arrêté que je l’ai su. Si je savais que c’était pour cela, je n’allais pas accepter. Ils m’ont juste dit que c’est pour effrayer quelqu’un », a-t-il raconté.

L’affaire a été renvoyée au 20 mai 2019 pour la comparution de la partie civile.

Les trois accusés présents retournent à la maison centrale de Coronthie où ils sont détenus depuis le 02 novembre 2016.

Salimatou Diallo pour Guineematin.com

Tél : 224 623 53 25 04

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