Assassinat de Thierno Aliou Diaouné : les accusés optent pour la négation systématique

Feu Thierno Aliou Diawné
Feu Thierno Aliou Diawné

Les débats dans le procès des présumés assassins de Thierno Aliou Diaouné, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, se sont poursuivis ce lundi, 29 avril 2019, au tribunal criminel de Dixinn. Poursuivis pour assassinat et complicité, les quatre accusés continuent de défiler à la barre, rapporte un journaliste que Guineematin.com a dépêché au tribunal.

Thierno Aliou Diaouné est ancien ministre de la Jeunesse et des Sports du gouvernement de la Transition en 2010 et ex coordonnateur national du Fonds de Consolidation de la Paix en Guinée. Il a été abattu dans son véhiculé il y a quatre ans, précisément le vendredi 6 février 2015, à Conakry aux environs de 21 heures, à Kobaya, dans la commune de Ratoma. Son véhicule, de marque Toyota Land Cruiser, avait été emporté par les assaillants. Beaucoup de promesses avaient été tenues à l’époque. Mais, sa famille attend toujours…

Pour le moment, les quatre accusés dans ce dossier sont : Abdoulaye Djibril Diallo (dit Foula Boy), Aronu Goowin Ozoekwe (dit John), Samuel Dyngee (dit Samou Sami), et Noël Camara (dit Noua). Pour cette deuxième journée d’audience dans cette affaire, c’est Aronu Goowin Ozoekwe (dit John) qui a été le premier à comparaître.

A la barre, ce ressortissant nigérian, détenu à la maison centrale de Coronthie depuis le 15 mai 2015, a nié les faits qui lui sont reprochés. « Je ne reconnais pas les faits. J’ai l’habitude de donner à Noël Camara de l’argent pour qu’il aille en Sierra Leone acheter la bière que je revends ici. Un jour, je lui ai remis l’argent comme d’habitude ; mais, il n’est plus revenu. Je suis allé chez lui à Cosa. J’ai trouvé sa femme et je lui ai demandé  »où est ton mari ? » Elle a répondu que son mari est en panne sur une moto en allant en Sierra Leone. Mais, durant 5 mois, je l’ai appelé, son numéro ne passait pas. Le jour de la finale de la Champions League de football, entre la Juventus et le Barca, Noël m’a appelé. Il m’a demandé où je suis, je lui ai répondu que j’étais à la maison. Puis, il m’a dit de l’attendre. Je suis venu au carrefour de chez moi, à Ratoma. Les policiers étaient arrêtés là-bas. Ils m’ont dit de monter dans la voiture. Je leur ai demandé pour quelle raison, ils m’ont dit de monter. Arrivée à la police, ils m’ont dit d’enlever ma chemise. Ils ont vu une cicatrice sur mon corps. Ils m’ont demandé ce que c’était, je leur ai répondu que je suis tombé quand j’étais enfant. Ils m’ont dit que je suis un bandit. Ils m’ont demandé comment j’ai connu Noel Camara. Je leur ai dit que c’est à travers une femme qui vit en Sierra Léone et qui nous fournissait des marchandises. Ils m’ont dit que la femme de Noel prétend d’être un bandit. Ils m’ont attaché et m’ont dit de dire la vérité. Ils ont écrit un papier et m’ont demandé de signer. Ils m’ont dit de payer 5 millions de francs guinéens pour être libre. Je leur ai dit que je n’en avais pas. Ils m’ont envoyé en prison. Je ne connais rien de cette affaire. Tout ce qui est écrit dans le PV, je ne reconnais pas parce que j’ai été forcé à reconnaître, parce que je ne voulais pas mourir », s’est-il défendu.

Des propos balayés d’un revers de main par le procureur, Daouda Diomandé. « Arrêtez de mentir John. Pourquoi refusez-vous de nous dire ce que vous avez dit chez le juge d’instruction puisque vous n’y avez pas été torturé ? »

Dans sa réponse, Aronu Goowin Ozoekwe (dit John) a esquivé la question pour revenir sur le fait que c’est la femme de Noël qui l’a piégé. « C’est la femme de Noël qui m’a dénoncé par jalousie, parce qu’elle m’accuse d’avoir cherché une seconde femme pour son mari. C’est comme ça que je me suis retrouvé en prison ».

Le procureur est alors revenu à la charge. « Pourquoi vous tournez au tour du pot ? Pourquoi refusez-vous de nous dire ce que vous avez dit chez le juge d’instruction ? C’est parce que vous essayez de masquer la vérité. Mais, au moment venu, tout se saura », a laissé entendre le Procureur.

Le second accusé, qui a comparu ce lundi, est Samuel Dyngee, dit Samou Sami, qui séjourne à la maison centrale depuis le 13 mai 2015. Il a aussi nié les faits pour lesquels il est poursuivi.

Le dossier a été renvoyé pour la suite des débats et la comparution de la femme d’Aronu Goowin Ozoekwe, dont le nom a été cité plusieurs fois dans ce dossier.

Salimatou Diallo pour Guineematin.com
Tél. : (00224) 623 53 25 04

Facebook Comments Box