Manque d’eau à Conakry : les charretiers se frottent les mains

La capitale guinéenne est confrontée à un manque criard d’eau, surtout à cette période de saison sèche. Cette pénurie, dans un pays qualifié de château d’eau d’Afrique de l’Ouest, fait que certains citoyens se sont convertis en vendeurs d’eau à travers des charrettes. Ils sont visibles à de nombreux endroits de Conakry, notamment sur la corniche de Coléah à Bonfi, en passant par Mafanco, Boussoura, Matam Lido, a constaté un reporter que Guineematin.com a dépêché sur place.

Le manque d’eau dans plusieurs foyers de Conakry a engendré une nouvelle forme d’activité qui est la vente de l’eau dans les charrettes. De nombreux compatriotes en ont fait leur préoccupation, alimentant ainsi plusieurs foyers qui connaissent un manque criard d’eau.

Mohamed Diaby

Mohamed Diaby, un jeune âgé d’une vingtaine d’années, pratique quotidiennement la vente d’eau au quartier Mafanco, dans la commune de Matam. « Je viens acheter l’eau dans la charrette pour revendre dans le quartier. Nous achetons une charrette d’eau de 25 bidons à 4.000 francs guinéens à la pompe. Je revends un bidon à 1000 francs guinéens. Donc, si j’ai 20 bidons, je peux faire une recette de 16 000 francs guinéens pour un seul déplacement. Un bidon se vend à 1000 francs guinéens dans le quartier et à 1500 francs guinéens dans les marchés. Au moins, je peux faire une recette journalière de 40 à 50 000 francs guinéens », a expliqué ce jeune non scolarisé.

Plus loin, à la corniche, au niveau de Madina Boussoura, se trouvent plusieurs autres points de vente d’eau où on peut compter une dizaine de charrettes stationnées, prêtes à être remplies.

Moussa Traoré

Rencontré sur les lieux, Moussa Traoré, originaire de Dabola, a confié à notre reporter qu’il pratique la vente d’eau dans la charrette depuis plus de deux décennies. « C’est en 1993 que j’ai commencé cette activité. Pour le moment, on peut dire Dieu merci, car c’est dans ça que je fais ma vie. Si tu es courageux, tu peux faire 5 à 6 voyages par jour. Je peux avoir une somme de 25 000 francs guinéens au cours d’un seul voyage. Ici, nous achetons une charrette d’eau à 5 000 francs guinéens et on revend un bidon à 1000 francs guinéens ou à 1500. J’ai trop de clients parce que j’ai duré dedans. Au moins, à chaque fin de mois, je peux me retrouver avec plus d’un million de francs guinéens », a dévoilé cet adulte.

Lamine Camara

C’est dans les forages et les bornes fontaines que se ravitaillent ces vendeurs d’eau. Quand il n’est pas occupé, Mohamed Lamine Camara, menuisier de profession, vient aider sa sœur à revendre l’eau aux charretiers. « C’est moi qui suis à la pompe aujourd’hui. Je suis menuisier, mais souvent je viens aider ma sœur. S’ils viennent avec les charrettes contenant 20 bidons, ils nous payent 4 000 francs guinéens. Si c’est 30 bidons, ils payent 5 000 francs guinéens. Eux aussi, ils partent revendre à des gens dans le quartier », a fait savoir Mohamed Lamine Camara.

Bien qu’elle soit qualifiée de château d’eau de l’Afrique Occidentale, la Guinée a encore du chemin à faire dans l’approvisionnement des foyers en eau potable. Les guinéens continuent de tirer le diable par la queue à cause d’une gouvernance qui laisse à désirer.

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tel: 620 21 39 77/ 662 73 05 31

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