Rixe syndicale au Palais du peuple : témoignages de quelques victimes

Comme nous l’annoncions hier, mercredi 1er mai 2019, une violente bagarre a éclaté entre les deux camps rivaux de l’USTG, à l’occasion de la célébration de la journée internationale du travail à Conakry. Les affrontements qui ont eu lieu sur l’esplanade du Palais du peuple et aux alentours ont fait de nombreux blessés, dont le secrétaire du SLECG, le bouillant syndicaliste Aboubacar Soumah.

Quelques heures après cette violente bagarre, un journaliste de Guineematin.com a pu s’entretenir avec certains blessés qui ont été soignés gratuitement à l’hôpital national Ignace Deen de Conakry. Nous vous proposons ci-dessous leurs témoignages.

Mohamed Kaba

Mohamed Kaba, enseignant au lycée Ahmed Sékou Touré (Conakry) : je suis du SLECG, relevant de l’USTG. Je suis venu le matin, je protégeais le général Aboubacar Soumah et le général Abdoulaye Sow. Les autres ont dit qu’on ne rentre pas, ils ont commencé à jeter des pierres sur nous. Ils n’ont pas accepté que le SLECG soit représenté à la tribune officielle. Au moment où on cherchait à monter les escaliers, ils ont attaqué le général Aboubacar Soumah qui était dehors.

M’mah Doumbouya

M’mah Doumbouya, enseignante à l’école Alkhaly Mohamed Conté de Moussaya (Dubréka) : j’étais arrêtée avec Mohamed Camara. Brusquement, quelqu’un a pris un fer barbelé pour le planter dans mon pied. J’ai été grièvement blessée à l’orteil et mon ongle est parti. Je ne pensais même pas que je pouvais m’arrêter sur mon pied.

Mohamed Camara

Mohamed Camara, membre du bureau exécutif du SLECG, chargé de l’organisation : moi j’enseigne au CFP de Donka où je suis chef d’atelier. Le 1er mai, est une fête internationale, et nous, on était tous invités, en tant que membres de l’USTG parce que le SLECG relève de l’USTG. A notre grand étonnement, quand on est arrivé, ils ont dit que seule la centrale CNTG avait accès au Palais. Nous avons dit mais comment ? La fête du 1er mai est internationale, le Palais du peuple appartient à tout le monde. Ce n’est pas la propriété de quelqu’un. Donc, tout est parti de là. Après la bagarre, nous avons été admis à Ignace Deen, aux urgences, où nous avons reçu tous les soins. J’ai fait la radio et j’attends les résultats.

Mark Kamano, enseignant à Coléah (Conakry) : on s’est rendu le matin au Palais du peuple pour la fête. Mais dès notre arrivée, nous avons compris qu’il y avait des infiltrations. On a vu des loubards venir s’opposer à la marche d’Aboubacar Soumah. On nous a dit que le SLECG de Kadiatou Bah a fait la réservation du Palais du peuple. Quand on a appris cela, nous avons dit qu’on ne fait pas de réservation au Palais. On a fait notre pancarte qui a été cassée par les loubards à l’aide d’une barre de fer. Soudain, nous avons constaté des jets de pierres un peu partout. Dans la bousculade, moi je suis tombé sur mon bras qui s’est déboîté.

Saint Eloi Moussa

Saint Eloi Moussa, journaliste au service des langues de la RTG Koloma : nous sommes venus au Palais du peuple avec deux caméramans, accompagnés de plusieurs journalistes des langues. Soudain, on a entendu des cris sous l’échangeur. J’ai dit à l’équipe de se retourner, on a reculé jusqu’à la porte. Mais sur l’échangeur, il y avait un groupe de jeunes. Et moi, c’est une pierre lancée à partir de l’échangeur qui m’a cogné sur le côté droit. Heureusement, il y a l’ambulance qui nous a transportés à l’hôpital. Ici, nous avons reçu tous les soins, j’ai fait la perfusion, c’est fini. J’attends les produits pour aller à la maison. Notre collègue Bamba Camara qui était souffrant, va également mieux. Il a été blessé, mais ça va quand même, et Dieu merci.

Propos recueillis et décryptés par Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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