7 manifestants anti-3ème mandat condamnés à Kindia : « c’est un procès de la honte », dit leur avocat

Comme annoncé précédemment, 7 opposants à un troisième mandat pour Alpha Condé ont été condamnés hier mardi, 07 mai 2019 par le tribunal de première instance de Kindia. Boubacar Barry, Thierno Mamadou Diallo, Mohamed Camara, Amadou Soumah, Mohamed Sylla, Mamadou Cellou Diallo et Mohamed Keïta ont écopé chacun d’une peine de trois mois de prison ferme et le payement d’une amende de 500 mille francs.

Ces 7 jeunes ont été arrêtés à l’occasion d’une manifestation pacifique organisée le samedi, 04 mai dernier dans la ville des agrumes, contre le projet de nouvelle Constitution prôné par le pouvoir de Conakry et qui devrait permettre au président Alpha Condé de s’accrocher au pouvoir au-delà de ses deux mandats légaux. En prenant part à cette manifestation, le tribunal a estimé qu’ils se sont rendus coupables de trouble à l’ordre public et entrave au droit de manifester.

Me Salifou Béavogui

Après le prononcé du verdict par le juge, Hammady Seick, les 7 jeunes ont été reconduits en prison. Leur avocat, maître Salifou Béavogui, dénonce un procès de la honte. « Nous venons de sortir de ce marathon judiciaire de ce procès de la honte, de ce procès des intimidations, du non droit. De ce procès qui écrase les innocents, qui ne se repose sur aucune base légale. Vous vous rappellerez que le samedi passé, les membres du FNDC avaient tenté d’exprimer, manifester leur opinion conformément à l’article 7 de la Constitution guinéenne qui permet à tout citoyen d’exprimer ses opinions politiques, religieuses, philosophiques, soit par la parole, les images et par tout autre moyen de communication. Le tout conformément à la loi.

C’est dans ces circonstances que les 7 opposants qui n’étaient ni en position de commettre une infraction ou de causer de trouble de l’ordre public ont été arrêtés et conduis à la prison pour, disent-ils, trouble, attroupement et entrave à la liberté de manifester. Au cours des débats, il a été révélé ici à l’audience publique, que certains prévenus ont été simplement arrêtés parce qu’ils portaient des T-Shirts du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC).

D’autres ont été arrêtés parce qu’ils portaient des chemises qui portaient des effigies des opposants, notamment le président Sidya Touré et le président Cellou Dalein Diallo. Donc ces prévenus qui viennent d’être injustement condamnés pour avoir exprimé leur opinion, n’ont causé aucun trouble à l’ordre public. Ils n’ont violé la tranquillité d’aucune paix ici. Ils étaient venus manifester leur opinion dans le calme et dans la discipline conformément à la loi », estime l’avocat de la défense.

Maître Salifou Béavogui annonce donc avoir immédiatement fait appel de cette décision. « Je suis sorti très déçu de la non application du droit dans cette affaire. Je suis complètement abattu de voir une fois encore la justice condamner des innocents pour des raisons purement inexplicables en termes de référence à nos textes de lois. Je suis abasourdi voire abattu moralement, attristé de voir la condamnation des innocents qui n’ont fait qu’exprimer leur volonté face à une situation.

Je regrette que les poursuites soient dirigées contre les faibles et que d’autres qui ont fait le même comportement échappent à la poursuite. C’est pour cette raison que j’ai immédiatement relevé appel contre cette décision que je flétris, que je rejette avec la dernière énergie et que je crois fermement pouvoir anéantir devant la juridiction d’appel », a-t-il dit.

Par ailleurs, l’avocat se dit préoccupé de la disparition du huitième manifestant qui avait été arrêté samedi. Ce dernier n’a pas comparu devant le tribunal et il reste, pour l’heure, sans nouvelles. « Il y a Mamady Kanak Bangoura qui est porté disparu, il n’a pas été retrouvé jusqu’à nos jours. Ce qui crée un sentiment de peur, de crainte et de tristesse.

Parce qu’une fois encore, il reste introuvable. Tout porte à croire que ce jour-là, il était là pour exprimer son opinion. Nous demandons à ce que des recherches sérieuses soient faites par les services de sécurité pour le retrouver. Car une fois encore, la sécurité des biens et de personnes incombe aux services de sécurité », rappelle Me Salifou Béavogui.

De Kindia, Amadou Bailo Batouala Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 51 67 96

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