La polygamie interdite sans l’accord de la 1ère épouse : réactions de quelques députés

Yaradouno Thérèse Téwa

Comme annoncé précédemment, l’Assemblée nationale guinéenne a adopté hier, jeudi 09 mai 2019, le code civil renvoyé en seconde lecture par le président de la République. A la différence du premier texte adopté par les parlementaires, la polygamie n’est désormais possible qu’avec le consentement de la première épouse. Si le texte voté en fin d’année dernière autorisait les hommes à épouser autant de femmes voulues, le nouveau code fait de la polygamie une exception.

C’est-à-dire qu’un homme ne peut épouser une deuxième femme que si sa première épouse lui donne son accord. Sans l’accord préalable de sa première femme, il ne peut pas épouser une autre. Au sortir de l’hémicycle, certains députés se sont prononcés sur la question au micro d’un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

Décryptage !

Amadou Damaro Camara

Amadou Damaro Camara, président du groupe parlementaire du RPG Arc-en-ciel : le code civil a été adopté l’année dernière, mais il y a une disposition relative à la polygamie et à la monogamie que le président de la République a retournée pour une deuxième lecture. La première disposition dans le code était que la polygamie est optionnelle. L’amendement dit que la règle c’est la monogamie, l’exception est désormais la polygamie. Je crois que c’est la grande différence que nous avons adoptée aujourd’hui. Le président de la République avait dit que c’était un recul parce qu’il y avait quand même la monogamie qui avait été une loi depuis plus de 50 ans, depuis 1968.

Donc, revenir faire de la polygamie la règle serait un recul. Nous sommes d’accord avec lui que la monogamie est la règle mais la polygamie est plutôt l’exception. Ce texte est dans les tiroirs en Guinée depuis 2001. Ça fait 18 ans que ce projet circule. Aujourd’hui, je félicite le président de la commission des lois qui a réécrit plus d’une centaine d’articles de ce nouveau code. Il y a beaucoup d’avancées mais malheureusement, les gens se sont agrippés seulement sur la disposition relative au mariage en oubliant les autres avancés qui existent dans le texte. Mais je crois que c’est un très bon texte qui a connu beaucoup d’améliorations, qui a consacré des relations des différentes couches sociales en Guinée.

Aïssatou Barry

Aïssatou Barry, députée de l’UFDG : c’est un sentiment de satisfaction. Je pense que c’est une avancée, parce que c’est la monogamie qui est votée et qui est obtenue aujourd’hui. Evidemment, si le couple le souhaite surtout le mari, parce que c’est le nom qui est indiqué. Moi j’aurais juste voulu que l’on dise que le couple décide s’ils vont se marier sous le régime de la polygamie ou le régime de la monogamie. Mais on a dit le mari, ça se comprend parce que de toutes les façons, c’est le mari qui demande le mariage.

Yaradouno Thérèse Téwa

Yaradouno Thérèse Téwa, députée de l’UFR : je suis de très bonne humeur aujourd’hui. Puisqu’enfin, nous avons pu voter cette loi. Cette loi qui parle de la monogamie et qui devient un principe. La règle pour nous les Guinéens. C’est le meilleur cadeau pour nos filles. Il faut défendre la dignité de la femme guinéenne. Même si dans le passé les femmes ont connu la polygamie, mais il ne faudrait pas que cela continue à s’appliquer à nos filles et à nos sœurs.

Voilà pourquoi nous avons tenu avant la fin de notre mandat, que cette loi soit votée pour que nos enfants, nos petits-enfants quand même puissent bénéficier des avantages de la monogamie. Cela va se faire dans les temps à venir. La loi, elle est votée mais il y a des textes d’application, et je pense que dans ces textes tout est prévu. Il faut que les textes soient démultipliés et qu’ils soient vulgarisés.

Djalikatou Diallo

Djalikatou Diallo, députée transfuge du PEDN : je suis vraiment émue, vraiment satisfaite parce que c’est un véritable ouf de soulagement. La Guinée va se doter enfin d’un code civil consensuel. Le fait que le président ait renvoyé le code en seconde lecture pour pouvoir amender l’article 281, a été une bonne chose dans la mesure où les discriminations au détriment des femmes ont été corrigées. Le principe de la monogamie a été réinstauré en République de Guinée conformément au code de 1968 qui avait été amendé en 1983.

Nous remercions le président de la République et tous les députés dans la mesure où les efforts de nos illustres devancières ne sont pas retombés dans l’eau. Il n’y a pas eu ce recul qu’on avait enregistré le 29 décembre 2018, toutes les femmes parlementaires s’étaient abstenues de voter le code à cause de l’article 281 qui légalisait la polygamie. De nos jours, le principe de la monogamie est consacré comme par le passé et la polygamie est devenue une exception.

Aboubacar Soumah

Aboubacar Soumah, député uninominal de Dixinn, transfuge de l’UFDG : je ne suis pas d’accord avec le contenu de cette loi. Ils continuent à dénaturer nos pays. Les lois qui sont prises aujourd’hui, c’est pour faire plaisir aux occidentaux sans tenir compte de nos coutumes et de nos meurs. Vraiment je suis désolé. Je ne vote pas une telle loi.

Propos recueillis par Mohamed DORE pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 622 07 73 59

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