Affrontement meurtrier de Sanama (Lélouma) : décès à l’hôpital régional du prisonnier

Neuf mois après le décès de sa mère, le jeune éleveur Mamadou Saïdou Diallo, originaire de Bourouwal Korbé, dans la préfecture de Lélouma, qui était détenu à la maison centrale de Labé depuis près de 5 ans, vient de rendre l’âme à l’hôpital régional de Labé où il était admis en médecine générale depuis 4 jours, rapporte un correspondant de Guineematin.com en Moyenne Guinée.

Le décès du jeune éleveur prisonnier, Mamadou Saïdou Diallo a été signalé ce jeudi, 16 mai 2019, aux environs de 14 heures. Il semble avoir été évacué de la maison centrale de Labé pour le service de médecine générale de l’hôpital régional, juste pour qu’il meurt dans une structure spécialisée, parce qu’il y a été reçu dans un état critique qui ne lui autorisait aucun espoir de s’en sortir. Ses proches parents qui ont rendu visite à ce prisonnier à l’hôpital régional de Labé attendaient son décès depuis 72 heures maintenant.

L’on se rappelle qu’un conflit d’une rare violence a opposé, au mois de novembre 2014, une famille d’éleveurs et la communauté villageoise de Sanama, dans la commune urbaine de Lélouma. A cette douloureuse occasion, deux cases, des moutons, chèvres et bœufs ont été brûlés par des agresseurs. Mamadou Saliou, un jeune Talibé venu de Gaoual a trouvé la mort par balle dans la bagarre. Son compagnon, Alpha Ousmane et la vieille Nénan Aïssatou qui était âgée de plus de 80 ans ont été blessés et admis à l’hôpital préfectoral de Lélouma.

Pour la petite histoire, cet incident faisait suite à une décision de justice rendue par le Juge de Paix de Lélouma d’alors, Sidiki KOUROUMA. Ce magistrat avait traité une plainte dans laquelle le jeune Mamadou Saïdou de Korbé qui avait installé un campement d’élevage à Kobosôré accusait les chiens de la famille de Sanama d’avoir décimé ses animaux. Suite à un débat contradictoire, le propriétaire des chiens avait été condamné à payer près de 9 millions de francs guinéens à l’éleveur.

N’ayant pas accepté cette décision de justice, le propriétaire des chiens a décidé d’en finir une fois pour toute avec le campement d’élevage de Kobosôré. Il s’est fait alors accompagner pour agresser la famille du plaignant. Sur place, les agresseurs ont copieusement tabassé la mère du plaignant qui était absent des lieux. Mais, revenu à la maison, son arme en bandoulière, il a surpris les agresseurs en train de rouer des coups la vieille. Pour sauver sa pauvre mère, Mamadou Saïdou n’a pas hésité un seul instant à ouvrir le feu : le jeune talibé, atteint, est mort sur place. Les mêmes balles ont blessé le jeune Alpha Ousmane.

Alerté, un détachement de la Gendarmerie de Lélouma est intervenu pour rétablir l’ordre dans le coin. Le corps de la victime et les deux blessés dont la vieille ont été transportés immédiatement à l’hôpital préfectoral.

Depuis, Mamadou Saïdou a été déféré à la maison centrale de Labé. Mais, avec son absence et pendant que sa mère suivait un traitement à l’hôpital, la famille du propriétaire des chiens a détruit tout ce qui lui restait à Kobosôré : 82 sur 106 têtes de bœufs, 69 sur 70 moutons, 30 chèvres, 12 millions de francs guinéens, 900 euros et 150 dollars, selon des témoignages recueillis à l’époque sur le terrain.

Beaucoup de personnes avaient déploré l’attitude des autorités préfectorales de Lélouma qui n’avaient rien fait pour protéger les biens de l’éleveur détenu à la Maison Centrale de Labé.

Par ailleurs, à l’annonce du décès de son fils, le père de Mamadou Saliou s’est rendu immédiatement à Lélouma où il a reçu les condoléances d’usage des citoyens, notables et autorités locales qui lui ont présenté des excuses pour ce qui s’est passé.

Tout en se remettant à la volonté de Dieu, le père éploré a invité les autorités compétentes à diligenter les enquêtes en vue qu’il comprenne les circonstances dans lesquelles son fils a trouvé la mort par balle dans ce campement d’élevage à Kobosôré alors qu’il était censé être à Sanama Darayah en train d’apprendre le Coran.

C’est justement puisque l’agression de la vieille Nénan Aïssatou faisait suite à une décision du Juge de Paix de Lélouma qui venait de condamner les agresseurs pour avoir tué des animaux appartenant à la vieille dame, l’opinion locale et la famille ont estimé que les auteurs de cette agression contre la pauvre dame devaient être interpellés au même titre que Mamadou Saïdou Diallo qui a utilisé un fusil de chasse pour défendre sa mère. Mais en vain !

Et pour cause ? Bénéficiant de la protection de certains haut placés, les accusés au nombre de 10 n’ont jusqu’à présent pas été inquiétés. Même si Mamadou Saïdou, lui, continuait de croupir à la prison civile de Labé.

La pauvre vieille dame, Nénan Aïssatou Diallo a finalement rendu l’âme, le samedi, 18 août 2018, au domicile de son défunt mari à Bourouwal Korbé, dans la préfecture de Lélouma, laissant son fils en prison, sans que justice ne soit rendue dans l’affaire de son agression physique, suivie de la destruction de ses biens et ceux de son enfant devenu prisonnier depuis l’incident.

Neuf mois après son décès, son fils Mamadou Saïdou Diallo, qu’elle a laissé en prison vient de le rejoindre sans avoir jamais recouvré sa liberté. En attendant la Justice de Dieu le Jour du Jugement dernier, ce célèbre prisonnier qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive laisse pour la postérité, une veuve, 3 fillettes dont la plus âgée a environs 13 ans, un nom qui restera à jamais gravé dans les annales de l’histoire de la cohabitation entre la famille de Sanama et les citoyens de Bourouwal Korbé.

Les ressortissants de Korbé à Labé viennent de récupérer le corps. Au moment où nous mettions cette dépêche en ligne, le cortège funèbre se dirigeait vers la sous-préfecture de Korbé où l’inhumation est prévue ce jeudi, 16 mai 2019, après la prière de 17 heures.

La rédaction de Guineematin.com présente ses condoléances les plus attristées à la famille éplorée et implore le Tout Puissant Allah d’accueillir Mamadou Saïdou Diallo dans son Paradis éternel ! Amine.

De Labé, Idrissa Sampiring DIALLO pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 622 269 551 & 657 269 551 & 660 901 334

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