Arrestation de dissidents du RPG à Kérouané : Mohamed Gharé dit tout à Guineematin

Mohamed Gharé, Gouverneur de la région administrative de Kankan
Mohamed Gharé, Gouverneur de la région administrative de Kankan

Plusieurs membres d’un mouvement indépendant, dissidents du RPG Arc-en-ciel, dans la sous-préfecture de Komodou, à 42 kilomètres de Kérouané, sont mis aux arrêts. Le gouverneur de la région de Kankan est accusé d’être derrière les arrestations des membres de ce mouvement qui refusent de reconnaitre le maire de Komodou, issu des rangs du RPG Arc-en-ciel.

Dans une interview accordée au correspondant de Guineematin.com basé à Kankan, le gouverneur Mohamed Gharé a confirmé cette information tout en donnant les raisons de cette décision.

Guineematin.com : nous avons appris de plusieurs sources que vous avez fait arrêter des citoyens qui se sont opposés au maire de Komodou. Confirmez-vous cette information ?

Général Mohamed Gharé : je vous remercie très sincèrement de venir à la source de l’information pour savoir ce qui s’est passé. D’abord, je m’en vais vous dire que ces individus se sont fait arrêter, parce que quand on commet une infraction, on endosse sa responsabilité. C’est le fait que vous aviez commis un acte délictuel que vous répondez. Donc, c’est des gens qui se sont fait arrêter parce qu’ils sont coupables d’actions délictuelles.

Guineematin.com : pourquoi se sont-ils fait arrêter et transportés à la prison civile de Kérouané ?

Mohamed Gharé : les élections législatives se sont déroulées dans la transparence la plus totale dans la région de Kankan. Vous savez que le gouvernement a accordé des possibilités aux citoyens de se présenter, même si on n’est pas candidat d’un parti politique. Donc, ça a été le cas à Komodou. Il y a eu une liste indépendante qui s’est présentée, il y a eu d’autres partis politiques qui ont présenté des candidats. Mais, à l’issue de ces élections, c’est le RPG Arc-en-ciel qui a remporté la majorité écrasante. Je crois sur 23 ou 25 sièges, les indépendantistes n’ont pu obtenir que 4 ou 5 sièges. Mais très malheureusement, il y a eu beaucoup de manipulation de la part de certaines notabilités, parce que quand le Sotikèmo veut que ce soit son fils qui soit maire, il veut l’imposer à la volonté du peuple de Komodou… Donc, c’est ce monsieur qui n’a pas pu être maire, qui avec ses 4 autres collègues, s’opposent à l’installation du maire légalement élu. Mais, puisque je ne veux pas de violences dans ma circonscription administrative, je passe toujours par la voix du dialogue, j’ai laissé un peu faire. J’ai demandé aux notables, à quelques ressortissants, de sensibiliser ces trouble-fêtes, qui en réalité ne dépassent pas 35 personnes. Sans succès. Ensuite, j’ai fait appel à quelques personnes ressources pour qu’elles interviennent auprès du Sotikèmo, qu’elles fassent comprendre à ses fils réfractaires d’arrêter leur comportement nocif. Face donc à cette situation, le préfet d’alors, Damoun Kanté, a fait venir les services de sécurité, ça a fait un peu de violence, des femmes ont tenté de se mettre nu pour empêcher les services de sécurité d’intervenir. Mais, pour respect de la femme, ils ont rebroussé chemin.

Guineematin.com : quand est-ce que les violences ont éclaté ?

Général Mohamed Gharé : c’est quand maintenant il était question d’installer le maire qu’il y a eu des violences encore à Komodou. Là, j’ai été saisi par monsieur le Préfet, et c’est à la suite de ça que j’ai envoyé les forces de sécurité, l’escadron et la CMIS (Compagnie Mobile d’Intervention et de Sécurité). Quand ils sont arrivés, qu’est-ce qu’ils ont constaté ? La mairie est fermée par ces cinq personnes, cadenassée et la clef gardée par devers eux. On leur demande de rendre la clef. Ils disent qu’ils refusent, et pire, ils viennent s’installer devant la mairie, muni de fusils de chasse. Depuis Komodou, la mission m’a appelé pour me rendre compte, j’ai demandé à ce qu’ils partent avec le sous-préfet chez le Sotikèmo, que je lui parle. J’ai sensibilisé le Sotikèmo, pour lui dire d’inviter ses fils et petit-fils d’abandonner ce comportement, parce qu’on ne brave pas l’Etat, il est trop fort. Malgré mes conseils, le Sotikèmo me dit M. le Gouverneur, restez à l’écoute, je vais vous passer le responsable des jeunes. Ah là ! Je suis rentré dans tous mes états. Je lui ai dit, doyen, j’ai du respect pour vous. Mais, vous ne pouvez pas me dire de m’adresser à vos enfants. J’ai dit, je vous remercie. Mais, je vais agir. Au sortir de là-bas, les services de sécurité ont constaté qu’au-delà du fait que quelques personnes sont arrêtées devant la mairie, munis de fusils de chasse, ils ont fait venir quelques femmes pour servir de bouclier humain. Les services de sécurité ont patienté, quand les femmes se sont fatiguées et ont quitté, les services de sécurité ont agi. Donc, certains qui étaient là-bas, et détenteurs de fusils, ont été arrêtés et les arrestations ont commencé. Donc, il y a eu une vingtaine de personnes interpellées, parce que les gens sont connus et identifiés et ce sont ces gens qui se retrouvent à la prison civile de Kérouané. Donc, je vous dis qu’il n’y a pas eu d’abus. Les gens ont enfreint la loi, ils ont commis un acte délictuel et ils ont été poursuivis conséquemment.

Guineematin.com : quelle est l’atmosphère qui prévaut aujourd’hui dans la sous-préfecture de Komodou ?

Général Mohamed Gharé : mais c’est la paix à Komodou, la population s’est réjouie. Ils ont dit qu’on a même retardé, c’est la quiétude sociale, chacun vaque à ses affaires, tout le monde est tranquille. C’est la population elle-même qui demande aux autorités judiciaires de condamner ces gens.

Guineematin.com : c’est la même situation qu’on a enregistrée dans les sous-préfectures de Tokounou (Kankan) et Koumana (Kouroussa). Est-ce que la paix est revenue dans ces localités ?

Général Mohamed Gharé : oui, la paix est revenue. Tout le monde est calme, parce que c’est des minorités. Vous pouvez passer dans toutes ces sous-préfectures aujourd’hui, c’est la paix totale, la population est en liesse, parce qu’elle en avait marre. Comment quelques personnes peuvent prendre en otage toute une sous-préfecture ? Si on n’avait pas agi à temps, c’est la population elle-même qui allait régler le compte à ces gens.

Interview réalisée à Kankan par Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com.

Tél : (00224) 627 24 13 24

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