Les populations de Conakry se sont réveillées hier, samedi 18 Mai 2019, avec une triste nouvelle : la mort de quatre enfants à ‘’Mackiyah Touré’’, dans le quartier Dabondy 3. Âgées de 3 à 17 ans, les victimes ont trouvé la mort dans les eaux de ruissellement qui ont résulté de la pluie qui s’est abattue dans la nuit sur la capitale guinéenne.
Ces eaux ont drainé des tas d’ordures qui ont fini dans les concessions où dormaient des familles entières. La puissance de ces eaux a même fait céder les murs de certaines maisons, ont constaté les reporters de Guineematin.com qui se sont rendus sur les lieux.
Forte mobilisation des jeunes et des agents des forces de l’ordre, des cris mêlés à des pleurs, des tas d’ordures posés çà et là sur la chaussée et devant les concessions, de la boue, des eaux de ruissellement, des murs de certaines maisons par terre, des meubles trempés… ‘’Mackiyah Touré’’ se trouve dans la désolation.
Dans la nuit du vendredi au samedi, ce secteur a enregistré une inondation qui a couté la vie à quatre personnes. Une cinquième victime est encore portée disparue. Elle a été drainée par le courant d’eau de ruissellement mêlé aux ordures.
« On était au nombre de huit dans la maison lorsque l’eau y est entrée. On a tenté d’ouvrir la porte ; mais, elle était bloquée par les ordures. Les murs de la maison sont ensuite tombés sur mes enfants. J’ai perdu mes trois enfants et ma petite fille. Il y a aussi la fille de mon voisin qui est portée disparue. Elle a été drainé par l’eau », a expliqué Mohamed Sylla, le visage larmoyant.
Selon les informations, la cinquième victime (celle qui est portée disparue) s’était agrippée à la main de sa maman, qui a tenté de lui tirer du courant d’eau, en vain. « Sa mère l’a observée disparaître dans les eaux. Elle a voulu suivre son enfant ; mais, son mari l’a retenue pour empêcher qu’elle soit aussi drainée par les eaux », a témoigné un voisin de la famille victime.
Très choqués par ce drame, les jeunes et les femmes du quartier se sont ligués contre Alhassane Yatara, leur chef de quartier dont ils dénoncent l’inertie face aux problèmes du quartier, notamment l’insalubrité. « Notre chef de quartier est un incapable. Il ne fait jamais face aux problèmes qui se posent dans ce quartier. On veut qu’il soit changé », disent les jeunes de Dabondi.
D’ailleurs, il a fallu une ‘’escorte’’ de la notabilité du quartier pour que monsieur Alhassane Yatara se fraye un chemin et aller présenter ses condoléances aux familles des victimes de l’inondation. « Chef de quartier, zéro ! A bas le populisme », scandaient alors les jeunes et les femmes derrière leur chef de quartier qui n’a pas pris la peine de répondre.
Même l’arrivée du maire de Matoto, Mamadouba Toss Camara, sur les lieux n’a pas apaisé les cris et les slogans hostiles à monsieur Alhassane Yatara. Il a fallu une tendre diplomatie pour que Mamadouba Toss Camara lui-même puisse se promener et faire son constat des dégâts causés par l’inondation.
« Moi qui suis la première autorité de la commune, je suis sur pied depuis 2 heures du matin. J’ai redéployé tous les services de sécurité, la croix rouge, la protection civile, parce que nous avons le souci de nos citoyens… J’ai déjà demandé aux camions de venir ramasser les ordures » a essayé de convaincre Mamadouba Toss Camara.
Et, un jeune de répondre dans la foulée : « qu’est-ce qui fait croire que ce n’est pas du populisme que vous êtes en train de faire ? »
« Non, non ! Mon frère, tu as fini ? La mairie a été installée quand ? C’est ma première fois de venir ici. Et, je vais trouver des solutions à vos problèmes », réplique le maire de Matoto, tout en citant des actes d’assainissement qu’il dit avoir déjà posés à la T1, à ANTA et Sangoyah.
« On n’a pas de dirigent dans ce quartier », répond un autre jeune, soutenu par des cris assourdissant de ses amis.
Il a fallu l’annonce de la venue du président de la République à Dabondi 3 pour que les jeunes reviennent à de meilleurs sentiments. Mais, à la place du président Alpha Condé, c’est le Premier ministre, Kassory Fofana qui s’est rendu sur les lieux. Ce dernier a aussi essuyé la colère de certaines femmes qui scandaient en langue soussou : « Yêee mouna ! Têee mouna ! Mou tôrô gbé (il n’y a pas de courant, il n’y a pas d’électricité. On souffre ici) ».
A suivre !
De retour de Dabondy, Mamadou Baïlo Keïta et Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com