Conakry : un guinéen jugé pour avoir décoiffé le toit du bâtiment qu’il loue à un sénégalais

Le procès opposant un ressortissant sénégalais, Mamoudou Thiam, à un guinéen du nom de Youssouf N’Diaye, s’est poursuivi au tribunal correctionnel de Kaloum hier, lundi 20 mai 2019. Après les débats contradictoires, on en était aux réquisitions et plaidoiries dans cette affaire où Yousouf N’Diaye est jugé pour destruction de biens privés et vol, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Dans ce dossier, le plaignant se nomme Mamoudou Thiam. Il a porté plainte contre son locateur, Youssouf N’Diaye, qu’il accuse d’avoir décoiffé le toit de son logement, situé au quartier Manquepas, dans la commune de Kaloum.

A la barre, Youssouf N’Diaye a reconnu avoir décoiffé la maison où Mamoudou Thiam a vécu pendant plus de 20 ans. Mais, il nie avoir volé quoi que ce soit. « J’ai fait un préavis de trois mois à mes locataires dont faisait partie Mamoudou Thiam. Mais, le préavis a expiré sans qu’il ne quitte la maison. J’ai tout fait pour qu’il quitte, il a refusé. On est allé en justice et il a été dit qu’il quitte la maison. L’huissier de justice est venu à trois reprises pour faire exécution de la décision. Mais, Mamoudou Thiam refusait toujours de libérer les lieux. Très fâché contre lui, j’ai décidé de décoiffer la maison pour l’effrayer de quitter. Depuis 22 ans il est là. Mais, comme je me suis marié et j’ai des enfants, la famille a décidé que j’occupe sa chambre. Donc, on lui avait dit de libérer la maison pour moi. J’ai décoiffé une partie de la maison devant lui, mais je jure que je n’ai rien volé », s’est-il défendu.

Dans son intervention, le Procureur Ousmane Sankhon va demander si un contrat de location lie les deux parties. Dans sa réponse, Youssouf N’Diaye dira que n’en existait pas. « Il n’existe pas de contrat de location entre nous. Il est là ça fait plus de 20 ans. Comme nous sommes des héritiers, on a confié la gestion de notre maison à un notaire qui s’appelle maitre Roger Kpoghomou. C’est lui qui recouvre les frais de location et il partage entre nous ».

De son côté, le plaignant Mamoudou Thiam, marchand et âgé de 44 ans, a déclaré à la barre que sa chambre a été détruite mais aussi son argent volé. « Je me suis réveillé un matin avec un préavis, mais je ne savais pas le pourquoi. Du coup, j’ai informé le notaire qu’on m’a donné un préavis et il m’a dit d’essayer de trouver la solution avec la famille. Quand je suis revenu du Sénégal, j’étais malade. Un matin, j’étais couché dans ma chambre et c’est ce jour que Youssouf N’Diaye est venu décoiffer la maison dans les environs de 5 heures du matin. Ce sont mes petits qui sont venus me chercher dans un taxi pour me déposer chez un ami. Quand je quittais, j’avais 7 millions 740 milles francs CFA, 10 milles Euro, 800 milles francs guinéens et 20 complets de bazins chez moi. Je n’ai pas vu Youssouf voler mais comme c’est lui qui est monté sur le toit de la maison, donc c’est lui mon voleur », a-t-il laissé entendre.

Dans ses réquisitions, le Procureur Ousmane Sankhon va demander au tribunal de retenir Youssouf N’Diaye dans les liens de la culpabilité pour destruction de biens privés et de le relâcher pour les faits de vol. « Vous avez compris que le prévenu, qui est poursuivi pour destruction de biens privés et vol, a reconnu sans ambages les faits mis à sa charge. Youssouf N’Diaye est cohéritier d’une concession familiale et il demandait à son locataire de quitter les lieux. En ce qui concerne le délit de destruction de biens privés, les faits sont établis et je demande de le retenir dans les liens de la culpabilité en le condamnant à un an d’emprisonnement assorti de sursis. Sur le cas de vol, le plaignant n’a fourni aucune preuve. C’est pourquoi, conformément à l’article 544 du code de procédure pénale, je vous prie de le relâcher des fins de la poursuite pour délit non constitué ».

Dans sa plaidoirie, Me Dinah Sampil, l’avocat de la défense, a fait remarquer que son client a détruit un bien qui lui appartient. « Je n’ai pas assez de choses à dire parce que le procureur a tout dit. Mais, il a oublié de dire le mot privé. Nous soulevons l’exception de la propriété parce que mon client a détruit un bien qui lui appartient. Donc, ce n’est pas un bien privé. Il a détruit le bien de qui ? La maison n’appartient pas à Mamoudou Thiam. Donc, il ne peut pas porter plainte contre mon client qui est l’un des héritiers de la famille. Sur le cas de vol, on est unanime que le plaignant n’a fourni aucune preuve et il a été incapable de prouver à votre tribunal l’existence des montants. Sur les deux cas, je vous prie de libérer mon client », a-t-il plaidé.

Le juge Boubacar Hafia Bah a renvoyé l’affaire au 22 mai 2019 pour décision être rendue.

Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tel : 620 21 39 77/ 662 73 05 31

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