Fraude pour 2 joueurs du Syli Cadet : et si la fuite venait du différend entre Bantama et Antonio ?

Bantama Sow et Antonio Souaré au stade de Nongo
Le ministre des Sports, Sanoussy Bantama Sow, et le président de la Féguifoot, Mamadou Antonio Souaré, au stade de Nongo

Comme on le sait, le syli de Guinée a joué la finale de la Coupe d’Afrique des nations des moins de 17 ans contre les Lions Indomptables du Cameroun (vainqueurs), le dimanche 28 avril dernier en Tanzanie. Après ce brillant parcours, les jeunes Guinéens ont été triomphalement accueillis à Conakry le mardi 30 avril 2019.

Sanctions de la CAF contre les 2 joueurs guinéens

Mais, la joie des Guinéens s’est estompée quelques jours après leur accueil à Conakry, quand les sanctions de la CAF, prises le 12 mai, ont été révélées. On apprendra alors que le Syli va perdre sa deuxième place et doit restituer la médaille d’argent obtenue lors du tournoi cadet. Nos cadets sont également disqualifiés de la coupe du monde de sa catégorie, prévue au mois de novembre prochain au Brésil. La Guinée est également bannie des deux prochaines éditions de la CAN U17. Les deux joueurs concernés sont interdits d’exercer toute activité liée au football pour une période de deux ans. Comme cela ne suffisait pas, la Fédération Guinéenne de Football est sanctionnée d’une amende de 100 mille dollars US.

Finalement, beaucoup de Guinéens se demandaient comment cela a pu être possible, qui a fraudé pour nos deux compatriotes et qui a vendu la mèche à nos concurrents sénégalais et à la CAF… Est-ce le différend à peine voilé entre le ministre guinéen des Sports et le président de la fédération guinéenne de football qui aurait permis cette fuite ?

Guineematin.com vous propose le regard de cet ancien fonctionnaire qui estime peu probable que le comité exécutif de la CAF désapprouve le jury disciplinaire.

Alors qu’ils n’ont pas encore fini de célébrer les héros de la Tanzanie, rentrés triomphalement au pays, voilà que les Guinéens sont contraints de vivre dans l’attente insoutenable de la validation des sanctions prises par le jury disciplinaire de la Confédération Africaine de Football (CAF) par le comité exécutif, les jours à venir.

Encore que cette attente pourrait être écourtée si d’aventure le TAS (Tribunal Arbitral du Sport), auprès duquel la fédération sénégalaise a également porté plainte, arrivait à rendre son verdict qui, rappelons-le, est sans appel.

Comme on le voit, en cent ou en mille, le vaillant syli national cadet est dans la tourmente et la Guinée, ce grand pays de football, sous les feux des projecteurs de l’actualité dans un sens absolument négatif.

Tout cela par la faute de l’administration de notre football dont le récidivisme est avéré dans la fraude sur l’âge des joueurs des catégories inférieures.

Feu Aboubacar Baratte Camara avait été radié du football pour les mêmes faits, et Aly Altafini Bangoura suspendu dans le sulfureux dossier dit « Yali Yali ». Deux anciens secrétaires généraux de la Fédération Guinéenne de Football, qu’un troisième, Ibrahima Blasco Barry, aurait pu suivre n’eut été sa parfaite maitrise des dossiers face au Sénégal encore lors des phases qualificatives du CHAN (Championnat d’Afrique des Nations) 2016 au Rwanda.

Dans ce qu’il est convenu d’appeler désormais le feuilleton de la CAN des Cadets en Tanzanie, la Fédération Guinéenne de Football a filé du très mauvais coton en se rendant coupable de falsification de l’état civil des joueurs Ahmed Tidiane Kéita et Aboubacar Conté afin qu’ils puissent prendre part à deux compétitions différentes. C’est un délit constitué, aggravé par la complicité du Ministère de la Sécurité, dont les services ont écrasé les premiers passeports émis en 2017 pour le tournoi du Japon et fait émettre de nouveaux pour celui de la Tanzanie en 2019.

La Fédération Guinéenne de Football n’est également pas dédouanable à cause de la mauvaise gestion de ce dossier une fois que celle du Sénégal a saisi la CAF par une plainte pour demander la disqualification du syli cadet.

La panafricaine du football déboutera la fédération sénégalaise pour manque de preuves suffisantes, mais tout en s’intéressant à la piste japonaise, la seule pouvant conduire à la vérité, surtout que l’article 32 des textes régissant la CAN des Cadets stipule « quelque soit la source ».

Au lieu de s’intéresser aussi à cette importante piste japonaise par tous les bouts de sentiers possibles, la Fédération Guinéenne de Football s’est complu dans un triomphalisme excessif en se payant la tête des sénégalais par des moqueries abusives à la limite de l’arrogance. Pendant ce temps, ces derniers s’attelaient à réunir les preuves qu’ils obtiendront finalement et vont saisir du coup le TAS.

Des indiscrétions révèlent que le président de la CAF, le malgache Ahmad Ahmad aurait, au cours d’une rencontre à Dar-Es-Salam avec le président de la Fédération Guinéenne de Football, Mamadou Antonio Souaré, signifié à ce dernier que si le japon arrivait à fournir les preuves demandées, la CAF allait réexaminer la plainte du Sénégal. Cette rencontre se serait déroulée avant la finale que le Syli Cadet disputait, donc avec une sorte de « sursis ».

A partir de ce constat, on peut être tenté de croire que la CAF est restée dans la logique du Droit en soumettant la plainte du Sénégal contre la Guinée, tout comme d’ailleurs toutes les autres plaintes de certains matchs de la ligue des champions, notamment au jury disciplinaire pour examen et sanctions.

Conviée à l’audience délibérante de ce jury pour se défendre des accusations portées contre elle par son homologue du Sénégal, la Fédération Guinéenne de Football a brillé par son absence et attend que les sanctions tombent pour se livrer à un lynchage médiatique de la Fédération Sénégalaise et de son président, Maitre Augustin Senghor, de la CAF et de son président, Ahmad Ahmad.

Nulle part, elle ne fait mention du grave délit de falsification d’état civil des joueurs dont elle s’est rendue coupable, qui humilie le pays et ternie son image. Le ridicule ne tuant pas, voilà qu’elle commet, selon elle, un pool d’avocats pour la défendre et qui serait déjà au siège de la CAF, au Caire, alors qu’aucun membre du jury disciplinaire n’y réside et que tous les membres de la CAF, à l’exception de ceux du siège administratif, vivent dans leurs pays et ne viennent au Caire que pour des réunions programmées d’avance. Cela est valable même pour le président de la CAF.

Il n’est pas de coutume que le comité exécutif de la CAF désapprouve ses commissions qui constituent chacune dans son domaine ses précieux outils de travail. Pas sûr que la Guinée fasse exception.

Les faits sont têtus, les fautes extrêmement graves qu’elles interpellent la Fédération Guinéenne de Football à assumer sa responsabilité dans les lourdes sanctions dont l’effectivité de l’application n’est plus qu’une question de jours.

Il n’y a donc pas lieu de faire de la polémique et de la controverse, comme ce fut le cas lors du vote pour l’attribution de la coupe du monde 2026 à Moscou. Mamadou Antonio Souaré avait voté pour le trio Etats Unis-Canada- Mexique, contre le Maroc, un pays frère et ami avant de se rebiffer et accuser la machine. Il sera confondu par la FIFA qui sortira un communiqué pour rappeler l’excellente qualité et la performance de ses machines de vote.

Retournons à Dar-Es-Salam, pour évoquer cette fameuse piste japonaise que la Fédération Guinéenne de Football mais aussi le Ministère des Sports auraient pu explorer en remontant l’information aux plus hautes autorités du pays afin que la question soit gérée par les voies politiques économiques et diplomatiques aussi. Peut-être que la plainte du Sénégal aurait pu bénéficier du même traitement avec plus de célérité, de respect et de considération au regard de l’Histoire, de la Géographie et la communauté de destin entre nos deux pays.

Le professeur Alpha Condé aurait pu régler la question avec son petit frère, Macky Sall, tout comme l’implication de la secrétaire générale de la FIFA, Fatma Samoura dont le mari est guinéen, aurait amené la fédération sénégalaise à renoncer à sa plainte malgré les preuves irréfutables en sa possession.

Malheureusement, depuis la mise en place du comité de pilotage de la CAN 2025, dont Bantama Sow a pris la présidence, prenant ainsi la place d’Antonio Souaré, relégué au poste de 2ème vice-président, les deux hommes sont à couteaux tirés. Tous deux présents à Dar-Es-Salam, ils se sont affrontés par courtisans interposés, alors qu’une synergie d’actions entre le Ministre des Sports et le président de la Fédération aurait facilité les échanges dans la résolution des problèmes sur place et la remontée de ceux plus épineux au président de la République ou au Premier Ministre dont ils ont tous la proximité.

Selon des indiscrétions, des journalistes présents sur place auraient tenté une médiation entre Bantama Sow et Antonio Souaré qui débouchera sur le déplacement du premier à l’hôtel du second, alors que c’est l’inverse qui est de règle. Rien n’y fit.

Plusieurs sites ont relayés des propos prêtés à Antonio Souaré, dont sa démission du comité de pilotage. Une information qu’il va démentir par la suite.

A moins d’un mois de la CAN Sénior en Egypte, cette atmosphère délétère pourrait entamer le moral des joueurs et compromettre leurs bonnes performances.

Alors, la question que certains observateurs se posent aujourd’hui est celle de savoir si tout cela n’était qu’une question d’égo entre d’une part, les Ministres des Sports Sanoussy Bantama Sow et Mattar Ba, les présidents de fédérations, Mamadou Antonio Souaré et maitre Augustin Senghor.

FICHE SIGNALETIQUE :

1/Sanoussy Bantama Sow : Ministre de la Culture des Sports et du Patrimoine Historique, fidèle parmi les fidèles lieutenants et jeune loup du président de la République, le professeur Alpha Condé membre influent du parti au pouvoir, le RPG Arc-en-ciel.

2/Matar Ba : fidèle parmi les fidèles lieutenants et jeune loup du président Macky Sall, membre influent du parti APR au pouvoir.

Les deux hommes ont eu des échanges au vitriol, même par médias interposés, concernant la co-organisation de la CAN 2025. Depuis, leurs relations se sont fortement refroidies et cet état participe négativement à l’actuelle tension footballistique entre la Guinée et le Sénégal.

Cette tension est encore plus vive entre Antonio Souaré et Augustin Senghor à cause de la forte personnalité des deux hommes et leurs ambitions de faire partie du gratin des dirigeants du football africain et international. Pour l’heure, le sénégalais a pris une longueur d’avance sur le guinéen avec son entrée remarquable au comité exécutif de la CAF, au compte de la zone ouest A, en remplacement du guinéen Almamy Kabélé Camara, frappé par le non cumul de mandats CAF-FIFA.

Pour sa part, Antonio Souaré, membre de la commission du statut du joueur de la FIFA, pense que son heure a sonné mais devra attendre 2020 pour tenter de se porter candidat, forcément au compte de la zone A pour éventuellement remplacer le libérien Moussa Bility, tombeur du malien Amadou Diakité en mars 2017 à Addis-Abeba.

FICHE SIGNALETIQUE :

1/Mamadou Antonio Souaré : richissime homme d’affaires, PDG de sociétés, propriétaire-refondateur du Horoya AC, président de la Fédération Guinéenne de Football, membre de la commission interclubs de la CAF, membre du statut du joueur de la FIFA, deuxième vice-président du comité de pilotage de la CAN 2025.

2/Maitre Augustin Senghor : maire de Gorée, vice-maire de Dakar, président de l’US Gorée, président de la Fédération Sénégalaise de Football, président de l’UFOA, avocat au barreau de Dakar, vice-président de la commission juridique de la CAF, membre du comité exécutif de la CAF.

A y réfléchir et à voir de plus près, on peut bien se hasarder à tirer la conclusion que derrière le football, sa folle passion et ses fortes émotions, se cachent des intérêts personnels qui ne doivent absolument pas avoir raison de la fraternité guinéo-sénégalaise.

Affaire à suivre !

De Thiaroye (Dakar), Moussa Sow, fonctionnaire à la retraite

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