Dix derniers jours du Ramadan, Aumône de la rupture : Oustaz Ramadan Bah à Guineematin

Oustaz Mohamed Ramadan Bah, chroniqueur islamique et imam à Koloma
Oustaz Mohamed Ramadan Bah, chroniqueur islamique et imam au quartier Koloma

Les fidèles musulmans du monde ont entamé ce dimanche, 26 mai 2019, la dernière partie du mois de Ramadan. Plus importante des trois phases de ce mois de pénitence, cette étape est également la plus difficile. Elle requiert du jeûneur davantage de courage, de dévouement et d’abnégation. Pour parler de ces 10 derniers jours du Ramadan : les actes d’adoration requis et les avantages qui en découlent, Guineematin.com a reçu comme invité Oustaz Mohamed Ramadan Bah, chroniqueur islamique et imam au quartier Koloma.

Décryptage !

Guineematin.com : parlez-nous de la particularité des 10 derniers jours du mois de Ramadan et leur importance pour les jeûneurs.

Oustaz Mohamed Ramadan Bah : les 10 derniers jours du mois de Ramadan, c’est la partie la plus importante de ce mois. Vous savez, le mois est subdivisé en trois parties : la première partie est appelée miséricorde, la 2ème partie le pardon, et la 3ème partie l’affranchissement de l’enfer. Donc, cette partie est la plus importante parce qu’il se trouve dans cette partie, la nuit du destin qui est « Laylatoul Gadri ». Donc Laylatoul Gadri se trouve dans les 10 dernières nuits du mois de Ramadan. Le prophète Mohamed (PSL) a dit de rechercher cette nuit dans les 10 dernières nuits du mois de Ramadan. Cette nuit est très importante puisque Allah nous dit dans le Saint Coran que cette nuit est meilleure que mille mois.

Donc, si on adore Allah dans cette nuit de Laylatoul Gadri c’est comme si on avait adoré Allah pendant plus de mille mois. Mille mois c’est un peu plus de 83 ans 4 mois. Et, l’adoration d’Allah pendant cette nuit dépasse les mille mois, donc c’est très important. Nous savons qu’à notre temps, il est rare de voir quelqu’un atteindre 80 ans à plus forte raison dépasser 80 ans. Donc avoir une récompense qui est égale ou plus à 80 ans, c’est énorme. Donc voilà pourquoi cette dernière partie est très importante pour les musulmans.

Guineematin.com : alors, qu’est-ce qui est particulièrement demandé aux musulmans pendant ces dix derniers jours de ce mois de Ramadan ?

Oustaz Mohamed Ramadan Bah : pendant ces dix derniers jours, surtout ces dix dernières nuit, c’est de prier, d’aller dans les mosquées, faire cette prière nocturne appelée Ghyamou Layli. Faire tout pour assister à cette prière et pendant les 10 ou 9 nuits. Donc cette prière, tout le monde peut y participer : les hommes, les femmes, les enfants, tout le monde. En tout cas, le Prophète Mohamed (PSL), quand cette 3ème partie du mois de Ramadan arrivait, il se levait, il attachait la ceinture et il réveillait sa famille. Tous ceux qui peuvent prier, il les réveillait pour participer à cette adoration. Donc c’est ce qui est demandé aux musulmans : d’aller dans les mosquées de minuit jusqu’à 4 heures du matin pour faire cette prière.

Il y a aussi une invocation à faire pendant cette période. Notre mère Aïcha, épouse du Prophète Mohamed (PSL) a demandé au Prophète : quand arrive la dernière partie du mois de Ramadan qu’est-ce qu’elle doit dire. Le prophète Mohamed (PSL) lui a dit de faire l’invocation suivante : Dieu, tu pardonnes, tu aimes à pardonner, pardonne-moi. Donc, c’est cette invocation qu’il faut réciter pendant ces dix derniers jours. Nuits et jours, surtout pendant la nuit. Ça c’est très important pour les musulmans. Donc, il faut retenir cette invocation. C’est la seule invocation que le Prophète Mohamed (PSL) a enseignée à notre mère Aïcha pour réciter quand arrive cette dernière partie du mois de Ramadan.

Guineematin.com : celui qui jeûne et fait tous ces actes d’adoration, à quoi peut-il s’attendre comme récompense ?

Oustaz Mohamed Ramadan Bah : la récompense, comme on l’a dit à l’entame, si Allah nous donne la chance de tomber sur la nuit de Laylatoul Gadri, puisque personne ne sait dans ces 10 dernières nuits où se trouve Laylatoul Gadri. Personne n’en a cette connaissance. Il y a beaucoup qui se trompent, ils pensent que cette nuit se trouve dans la nuit du 26 au 27. Mais cela n’est pas fondé. Donc, c’est de rechercher cette nuit dans les 10 dernières nuits. Si Allah vous accorde la chance et que vous tombez sur cette nuit, vous avez la récompense de quelqu’un qui a adoré Allah pendant plus de 83 ans et 4 mois.

Guineematin.com : après le jeûne, les musulmans doivent s’acquitter aussi du Zakatoul Fitr ou aumône de la rupture. Parlez-nous de cette aumône, et quelle est son importance ?

Oustaz Mohamed Ramadan Bah : l’aumône de la rupture, c’est une aumône qui n’est pas comme les autres. Nous savons que l’aumône de façon générale, c’est quelqu’un qui est nanti, qui a les moyens, qui est censé la donner. Mais ici, ça ne demande pas beaucoup des moyens. Ici, même le bébé qui est né le jour de la fête, avant la prière, il doit donner cette aumône. C’est une aumône qui n’est pas comme les autres. C’est le chef de famille, c’est-à-dire le père de la famille qui doit s’acquitter de cette aumône, et pour lui et pour tous les membres de sa famille et tous ceux qui travaillent pour lui y compris les domestiques. Donc c’est la particularité de cette aumône qui est appelée Zakatoul Fitr. En tout cas, si on a de quoi manger et il y a du reste le jour de la fête, il faut donner forcément, obligatoirement cette aumône.

Guineematin.com : à quel moment doit-on donner cette aumône ?

Outaz Mohamed Ramadan Bah : il faut d’abord préciser que cette aumône, c’est 2 kg et demi de riz, parce que c’est le riz qui est l’aliment le plus consommé chez nous, donc c’est 2 kg et demi par personne : du père de famille jusqu’au dernier bébé, chacun doit enlever 2 kg et demi de riz. Et ça, il faut le dire, ce n’est pas une bascule qu’il faut utiliser pour peser, il y a un pot qui est conçu spécialement pour ça, c’est lui qu’il faut utiliser. Aussi, ce n’est pas l’argent qu’il faut enlever, c’est de la nourriture, la nourriture que nous consommons. Si c’est le riz que nous consommons, on doit enlever du riz, si c’est du maïs, il faut enlever du maïs, mais il ne faut pas donner de l’argent.

Au temps du Prophète Mohamed (PSL), il y avait de l’argent, mais il n’a pas donné de l’argent. On donne l’argent quand il n’y a de personnes qui ont besoin de la nourriture. Et ça, je crois ce n’est pas en Guinée. Je ne crois pas qu’il y a un endroit en Guinée où on a des gens qui n’ont pas besoin de la nourriture, surtout le riz. Donc il faut aller acheter le riz, peser avec le pot et donner ça aux pauvres musulmans. On peut commencer à distribuer cette aumône dès le 28ème jour du Ramadan. Mais il est préférable de donner cette aumône le jour de la fête, avant la prière. On se lève très tôt après la prière de l’aube, on compte les membres de la famille, on pèse avec le pot et automatiquement on commence à distribuer.

Et aussi, il est préférable de réunir cette aumône dans les mosquées. C’est meilleur. Pourquoi ? Parce que la plupart des pauvres viennent dans les mosquées. Donc, amener cette aumône dans les mosquées est mieux. Là aussi, la distribution doit se faire rapidement. Mais, ce qu’il faut éviter aussi, il y a beaucoup de mosquées où quand on amène l’aumône là-bas, les gens qui sont chargés de la collecte ne redistribuent pas. Ils prennent ça pour eux-mêmes. Ça, c’est interdit. Ce n’est pas dans toutes les mosquées, mais il y a des endroits où c’est comme ça que ça se passe. Donc ça, c’est quelque chose qu’il faut éviter. Quand on réunit cette aumône au niveau des mosquées, il faut penser aux pauvres parce que cette nourriture appartient aux pauvres.

Comme l’a dit le Prophète Mohamed (PSL), cette nourriture c’est pour les pauvres. C’est pour les aider à ne pas quémander le jour de la fête. Ce jour-là, comme tout le monde est dans la ferveur, dans la joie, eux aussi ils doivent participer à cela. Donc voilà, pourquoi cette aumône a été prescrite.

Interview réalisée par Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

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