L’an un de la Primature du Dr Kassory Fofana : la quiétude politique et sociale recouvrée

Libre Opinion : Le Dr Ibrahima Kassory Fofana, nommé Premier ministre le 21 mai 2018, a hérité d’une situation générale particulièrement difficile, à laquelle il a dû faire face personnellement. À l’époque, la Guinée connaît de vives tensions aux plans politique et social.

Un contexte de tiraillements

L’Opposition républicaine porte des revendications qui touchent les résultats des municipales du 4 février 2018, les retards enregistrés ici et là dans leur proclamation, l’élection des maires et l’installation des exécutifs des conseils communaux. Les contentieux électoraux ont été vidés par les juridictions de proximité mais l’opposition, insatisfaite des arrêts rendus, manifeste sans cesse et le bilan humain s’alourdit. Le dialogue interguinéen, placé sous la facilitation du ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, ressemble à une foire d’empoigne entre la majorité présidentielle et l’opposition.

Le secteur de l’Éducation nationale est secoué par les grèves récurrentes des enseignants, les élèves s’en mêlent parfois avec une certaine violence. Elles sont déclenchées par le Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG) et portent sur des revendications salariales que le gouvernement juge hors normes. Les positions sont tranchées. À ce compte, le Conseil national du dialogue social mis en place par décret présidentiel en juillet 2015 n’est pas le cadre le plus approprié pour dégager des voies de solutions, d’autant que la tenue des examens scolaires de fin d’année ou de cycle est fortement menacée. Une année quasi-blanche est même redoutée. En considération de multiples paramètres, le gouvernement se déclare inapte à satisfaire les revendications salariales du secteur de l’Éducation nationale. Il craint aussi bien qu’il n’y ait un effet d’entraînement sur les autres corporations de la fonction publique. Il est par ailleurs astreint à maintenir l’équilibre budgétaire et macroéconomique négocié avec le FMI, qui en fait une conditionnalité absolue aux facilités élargies de crédit.

Dans ce contexte tendu, le nouveau Premier ministre est tiraillé entre la mise en œuvre de sa feuille de route sur la gouvernance économique et financière, élaborée par le Président de la République, et les soubresauts politiques et sociaux qui entravent l’action gouvernementale. Il faut bien sortir de cette impasse.

Il commence par une démarche traditionnelle salutaire. Il rend des visites de courtoisie aux chefs religieux, aux leaders de parti politique et aux présidents d’institution républicaine. À ces occasions, il prend note des différentes préoccupations et partage sa vision pour le pays, conformément à la feuille de route dictée par le Président de la République, le Pr Alpha Condé.

Enfin des consensus et la quiétude sociale et politique
Avec le temps, les visites du Premier ministre ouvrent la voie à des consensus et restaurent peu à peu la quiétude politique et sociale.
Le chronogramme des élections communales se conclut par l’élection des maires dans les 342 communes urbaines et rurales du pays et l’installation des exécutifs des conseils communaux.

À la lancinante crise avec le SLECG succède une détente qui chasse le spectre de l’année blanche et permet la tenue des examens de fin d’année ou de cycle, sans anicroche. Le SLECG abandonne sa revendication d’un salaire mensuel de 8 millions de francs pour les enseignants au profit d’un recensement de tous les enseignants actifs pour expurger l’effectif. Selon les projections, une fois les fictifs éliminés, l’effectif réel sera considérablement réduit, probablement de moitié. La masse salariale initiale qui sera redistribuée aux seuls enseignants actifs améliorera leur condition sociale, leur fera aimer davantage leur métier et rendra plus performante l’éducation nationale.

Des conventions sont signées entre le gouvernement, les syndicats et les banques primaires pour la mise en place d’un système de prêt destiné à aider les travailleurs à acquérir une maison au terme de leur vie active.

Les manifestations politiques et les autres mouvements sociaux de rue sont dissuadés par le maintien de l’ordre public à travers le dispositif de sécurité renforcée que sont les P.A. (postes avancés) mis en place dans les cinq communes de la capitale. La mesure produit ses effets lénifiants mais elle est dénoncée par l’opposition comme une entrave à la démocratie. Le gouvernement, quant à lui, donne la préséance à l’ordre public. Les P.A. sont commandés par la police, comme le veut la loi, mais elle compte aussi des gendarmes et des militaires.

Le Premier ministre Kassory Fofana a bien mené sa barque sur une mer agitée. Dégagé du carcan social et politique – du moins on l’espère –, il s’attèle paisiblement à la mise en œuvre de sa feuille de route et marque des points.

El Béchir

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