Meurtre de Boukariou Baldé : ce qu’en dit le grand imam de Labé

Elhadj Mamadou Badrou Bah, inspecteur régional des affaires religieuses et grand imam de Labé
Elhadj Mamadou Badrou Bah, inspecteur régional des affaires religieuses et grand imam de Labé
Elhadj Mamadou Badrou Bah, inspecteur régional des affaires religieuses et grand imam de Labé,
Elhadj Mamadou Badrou Bah, inspecteur régional des affaires religieuses et grand imam de Labé

Le meurtre par bastonnade du jeune, Amadou Boukariou Baldé, étudiant à l’université de Labé, continue de susciter des réactions dans la ville. Elhadj Mamadou Badrou Bah, inspecteur régional des affaires religieuses et grand imam de Labé, s’est prononcé sur le sujet au cours d’un entretien qu’il a accordé à un journaliste de Guineematin.com, votre quotidien électronique. Le très respecté leader religieux a regretté ce drame et prodigué des conseils à tous les acteurs concernés.

Décryptage !

Guineematin.com : Amadou Boukariou Baldé a été tué par bastonnade à l’occasion d’une manifestation estudiantine réprimée par les forces de l’ordre à l’université de Labé. Comment vous avez appris ce décès ?

Elhadj Mamadou Badrou Bah : aucune âme n’est plus chère qu’une autre, mais ça fait beaucoup plus pitié quand c’est un étudiant qui est décédé dans des circonstances pareilles. Parce que nous avons appris qu’il a été tué. Il fallait que nous soyons au courant parce que ça a été fait dans notre circonscription. Nous étions partis à la mosquée pour la Nafila puisque c’était au mois de Ramadan. Il a été demandé au gouverneur d’aller, parce que le jeune qui été frappé lors des échauffourées à l’université souffrait énormément. Selon nos informations, c’était pour voir comment est-ce qu’ils pourront procéder à son évacuation sur Conakry.

Elhadj Mamadou Badrou Bah, inspecteur régional des affaires religieuses et grand imam de Labé,

Quand le gouverneur a été informé, il est allé aux nouvelles du jeune. Mais avant ça, nous avions été informés qu’il y a eu une manifestation des étudiants au centre universitaire de Labé. J’espère que vous savez un peu c’était dû à quoi, puisque vous êtes journaliste et vous avez dû glané des informations auprès des acteurs. Donc nous avons appris, comme beaucoup de personnes, qu’il y a eu des échauffourées à Hafia. Et, quand on a vu la précipitation avec laquelle le gouverneur est sorti, on était inquiet, on s’est dit qu’il y a quelque chose de très grave. On remercie Dieu, puisque tout ce qui arrive est déjà prédestiné. Mais, nous prions Dieu, le créateur, de nous épargner ce genre de malheurs.

Les enfants peuvent être mécontents de certaines choses, mais nous adultes, nous devons savoir qu’il y a toujours des solutions pacifiques à tout problème, qui ne soient pas de tuer. Dans le monde entier, il y a toujours des mouvements de protestation de ce type, surtout dans le milieu estudiantin, mais on doit pouvoir apporter des solutions à ces revendications sans tuer. C’est ce que j’avais à apporter comme conseils. C’est vrai que nous sommes là, nous avons de très bons rapports avec l’université de Hafia.

Et les étudiants, surtout dans le domaine religieux, nous invitent parfois à aller là-bas pour animer des conférences islamiques. Et certaines promotions, quand elles sortent, les étudiants viennent nettoyer la mosquée et demandent nos bénédictions, ainsi de suite. Donc, c’est avec une grande amertume et beaucoup tristesse que nous avons appris la mort de cet étudiant. Ce que nous demandons à Dieu, c’est de nous éviter un tel tragique évènement dans le futur. Nous demandons que Dieu ait son âme au paradis et nous présentons nos condoléances à ses parents.

Guineematin.com : beaucoup de personnes estiment que ce problème aurait pu être géré autrement si les responsables de cette université avaient accepté de dialoguer avec les étudiants. Pour ces gens, si ce drame s’est produit, c’est parce que ces autorités universitaires ont négligé les revendications des étudiants. C’est votre avis aussi ?

Elhadj Mamadou Badrou Bah : je connais certains responsables de l’université, je connais Elhadj Gongorè (Recteur de l’université). Vous savez certainement mieux que moi ce qui s’est passé dans ces manifestations qui ont conduit malheureusement à la mort de cet étudiant. Mais, selon ce qu’Elhadj Gongorè nous dit de ses étudiants, des courses qu’il fait aussi bien en Afrique qu’en Europe pour améliorer leurs conditions d’études à Hafia, je ne pense pas qu’il veuille, de son plein gré, négliger les revendications des étudiants. Quelqu’un qui est passé par là, qui connaît la préoccupation des étudiants et qui nous appelle parfois pour nous dire qu’il a eu des ordinateurs pour les étudiants et qu’il veut même envoyer des panneaux solaires pour les étudiants, je ne pense pas, sauf erreur de sa part, qu’il veuille négliger la demande des étudiants de Hafia.

Mais, si vous avez des informations contraires à ce que j’ai dit, je crois qu’on doit mettre ça au compte des erreurs qu’il a dû commettre et qui peuvent arriver à tout être humain. Cependant, j’invite tout un chacun à faire du sérieux dans ce qui lui a été confié. Quand on te confie une responsabilité, tu dois pouvoir bien l’assumer. Parce que s’il y a manquement dans un service, ce sont les responsables du service qui devront l’assumer.

Guineematin.com : est-ce que vous avez un conseil à donner aux étudiants, aux responsables de l’université de Hafia et aux autorités de Labé ?

Elhadj Mamadou Badrou Bah, inspecteur régional des affaires religieuses et grand imam de Labé,

Elhadj Mamadou Badrou Bah : en tant que musulman, en tant que chef religieux, nous nous referons aux versets coraniques pour dire quoi que ce soit. Dieu a dit que parmi vous (les humains), il doit y avoir des gens qui conseillent le bien contre le mal. Ce qui est arrivé là, tout le monde sait que ce n’est pas bien, ce n’est pas bon. Ce que nous disons, c’est que ce n’est pas facile de diriger une ressource humaine, surtout des étudiants qui sont en majorité des jeunes. Donc, quand on vous confie cette responsabilité, il faut le faire avec tact.

Aux autorités régionales, je leur dirai que quand ça coince et qu’il faut à tout à prix envoyer des gens (des forces de l’ordre) pour agir, il faut envoyer des gens dotés d’une bonne moralité, des gens qui ne soient pas violents et qui connaissent l’importance d’un être humain, qui savent ce que vaut l’être humain. Chacun doit pouvoir bien se comporter dans ce qu’il fait. Cela est propre à tout être humain qui gère une entité. Car Dieu a dit que chacun répondra de ses actes d’ici-bas. Donc, avant que cela n’arrive, il faut s’assurer que ce que tu as fait est bon. Chaque responsable doit se dire qu’avant lui, il y a eu quelqu’un, se dire que celui-ci a bien géré avant de partir, et que lui aussi doit en faire autant car il va quitter un jour. Et, il doit s’assurer de bien faire avant de quitter.

Entretien réalisé à Labé par Ibrahima Sory Diallo, envoyé spécial de Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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