Honorable Diao KANTE : un baobab au parcours atypique s’affaisse

Honorable Elhadj DIAO KANTE, Président de la Commission des affaires étrangères et des guinéens de l’étranger de l’Assemblée nationale et membre du Parlement panafricain, (PAP), a tiré sa révérence dans  la matinée d’hier, jeudi 13 juin 2019, en Afrique du Sud. Depuis l’annonce de cette nouvelle, c’est la tristesse qui se lit sur tous les visages à l’Assemblée nationale. A l’UNED (Union Nationale pour l’Egalité et le Développement), c’est l’effondrement. Pour sa famille biologique, lourdement affligée par la perte de trois membres en quelques semaines, c’est encore des larmes.

Le défunt a lutté avec la mort, il a perdu une jambe, subi de nombreuses interventions mais a fini par rendre la mort. Il a eu une carrière particulièrement riche et caractérisé de succès. Guineematin.com vous propose ci-dessous une rétrospective de son parcours.

Parcours scolaire et administratif de l’homme

Le doyen Diao Kanté est né le 15 février 1943 à Pita. Il était marié et père d’un enfant vivant. Il a fait ses études primaires à Timbi Tounny, dans la préfecture de Pita de 1952 à 1956.  Avec son  certificat d’études primaires, il a posé ses valises à Conakry où il fit ses études secondaires au lycée Donka, où il décroche le Bac 1 et le Bac 2 en Génie civil avec brio.

Orienté à l’institut polytechnique de Conakry, Diao Kanté sort finalement comme administrateur civil. Il débute une longue et riche  expérience administrative, politique et parlementaire.

De 1970 à 1972, il est admis à la Fonction publique. Dès le début, il bénéficie de deux décrets. Adulé par le ministre Ibrahima Barry dit Barry III, il débute sa carrière au ministère du contrôle d’Etat.

Rapidement, il devient, de 1972 à 1975, Inspecteur des affaires administratives et financières avant d’être nommé deuxième secrétaire à l’ambassade de Guinée à Moscou. De 1975 à 1977, il devient conseiller chargé des questions économiques et financières à l’ambassade de Guinée en Allemagne de l’Est, avec résidence à Berlin.

Mais le diplomate revient très vite à la maison et change de costume. Il deviendra successivement de 1977 à 1979, Directeur Général de l’entreprise nationale d’importation de pièces détachées et réparation du parc automobile à Conakry, (ENIPRA) et Directeur Général  des services de l’information de la voix de la révolution, actuelle RTG.

Devenu ambassadeur en 1979, il est envoyé de façon spectaculaire en Libye et à Malte avec résidence à Tripoli. De 1980 à 1982, il est envoyé comme ambassadeur de Guinée en Algérie et en Tunisie.

De 1982 à 1983, il est affecté dans les mêmes fonctions au Nigéria et couvre respectivement le Nigeria, le Benin et le Togo, avec résidence à Lagos.

De 1983 à 1984 (année du décès de Sékou Touré), il est ambassadeur de Guinée en Union soviétique, avec résidence à Moscou pour une juridiction qui s’étend de l’URSS à la Mongolie en passant par l’Inde et la Finlande.

Il rentre au pays et est nommé Directeur de cabinet au Ministère de la communication et du tourisme.

Pendant ce temps, il parcourt le monde, participe à des colloques, dirige parfois des délégations et prend part à des réunions ad-hoc, toujours comme une étoile brillante dans la galaxie.

Après l’administration, la vie associative et politique

Débordant d’énergie et d’initiatives, il fonde avec certains opérateurs économiques la société d’approvisionnement et d’équipement de Guinée, (SAPEG) et devient le Directeur général. A ce titre, il dirige une équipe d’opérateurs économiques en France, en Thaïlande, en Chine et en Birmanie pour prospecter le marché.

Il est copté comme membre du comité national du schéma directeur industriel de la Guinée (représentant le secteur privé). Il continue ses voyages, ses séminaires et ses rendez-vous de haut niveau et à travers le monde, jusqu’en 1990, année à la quelle, il crée en visionnaire sa  propre société pour s’occuper de l’assainissement. La Société guinéenne de désinsectisation, assainissement et valorisation des déchets (SOGUILAM). Pas pour longtemps, et il décide de s’investir autrement. Il participe activement à la vie associative et crée des associations avec les ressortissants de Timbi Tounni, de Pita et des anciens diplomates de Guinée. Il participe au lotissement et à l’électrification de Timbi Tounni.

Activités politiques, parlementaires et gouvernementales

En 1990, il dirige une liste indépendante pour la conquête de la mairie de Matoto. Il sort presqu’à égalité avec le concurrent et devient conseiller communal (1990-1996) et membre du Conseil de ville de Conakry.

En 1992, il participe à la création du Parti du Renouveau et du Progrès, PRP, dirigé par Siradiou Diallo. A ce titre, il représente le parti au Haut Conseil des Affaires Electorales.

En 1998, il est l’un des membres influents de l’UPR, parti issu de la fusion entre le PRP, l’UNR de Bâ Mamadou et du RNP de Dr Aliou V.

En 2002, il est élu député sous la bannière de l’UPR et est désigné pour siéger en 2004 au Parlement panafricain où il préside l’une des principales commissions chargée du règlement des conflits.

Il reprend les airs et les aéroports. Il fait pratiquement le tour des pays africains et se rend à plusieurs reprises à Darfour (Soudan) et au Soudan du Sud.

En 2008, il est le délégué de l’UPR dans le gouvernement de consensus, dirigé par Dr Ahmed Tidiane Souaré. Il devient le ministre de l’élevage et des productions animales.

En 2012, il sort de la tutelle de l’UPR pour lancer sa propre formation politique dénommée  Union nationale pour l’égalité et le développement UNED qui devient l’aile politique de la Fondation Manden-Djallon.

Réélu député en septembre 2013 par une alliance de partis politiques sous la bannière du GRUP du ministre Papa Koly Kourouma, il rejoint la majorité présidentielle pour former le groupe parlementaire RPG Arc-en-ciel. En 2014, il est porté à la tête de la commission affaires étrangères et des guinéens de l’étranger de l’Assemblée nationale.

Il retourne au Parlement panafricain (PAP) en compagnie des honorables députés Saloum Cissé, Diantoun Traoré, Dr Zalikatou Diallo et Aliou Condé pour y représenter la Guinée.

C’est en prenant part aux travaux de la session de cette assemblée continentale à Johannesburg (Afrique du Sud) qu’il a été surpris par la maladie qui finira par avoir raison de lui.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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