Nouvelle constitution, FNDC, affaire parc VIP de l’aéroport : ce qu’en dit le président de la DGA

Dans une interview qu’il a accordée à Guineematin.com, Abdourahmane Baldé, le président du parti « Démocratie Guinéenne en Action » (DGA) s’est prononcé sur l’actualité brûlante de notre pays. Il a donné sa position sur plusieurs sujets dont le débat autour du projet de nouvelle constitution, la transmission d’une liste de personnes considérées par le FNDC comme étant les promoteurs d’un troisième mandat en Guinée à la CPI, mais aussi le refus de laisser le véhicule de Cellou Dalein Diallo accéder au parking VIP de l’aéroport de Conakry.

Décryptage !

Guineematin.com : l’actualité nationale est dominée notamment par le débat autour du projet de nouvelle constitution que le pouvoir est en train de prôner. Un projet qui est très loin de faire l’unanimité, au regard des voix discordantes qui se font entendre à travers le pays. En tant que jeune leader politique, quel est votre position par rapport à ce débat ?

Abdourahmane Baldé : d’abord, le projet de nouvelle constitution, je n’en connais pas. Parce qu’Alpha Condé n’a pas dit au peuple de Guinée : tenez un document, c’est la nouvelle constitution. Il y a des velléités de présentation de quelque chose qu’on appelle une nouvelle constitution. Pour l’instant, nous au niveau de la Démocratie Guinéenne en Action, nous pensons qu’il faut respecter les lois actuelles et nous estimons que quelqu’un qui n’a pas pu organiser les élections législatives ne peut pas organiser un référendum. Alors, en ce qui concerne les attaques de part et d’autre, nous estimons que la liberté doit être institutionnalisée, la démocratie et la liberté ne sont pas synonymes, la démocratie est l’institutionnalisation de la liberté.

Nous ne pouvons pas vouloir de la démocratie et bafouer les libertés fondamentales des personnes. Nous pensons qu’il y a bien-entendu la voix de la majorité, mais il y a également la reconnaissance des droits de la minorité dans toutes les démocraties. Alors, les abus de la liberté de parole doivent être corrigés par les libertés de parole. Si ce que vous avez entendu des autres ne vous plait pas, portez plainte contre eux ou décidez de parler aussi, décider d’agir. Vous devez prendre votre destin en main.

Guineematin.com : récemment, le FNDC a élaboré une liste de personnalités considérées comme étant les promoteurs de ce projet, la structure a transmis cette liste à la Cour Pénale Internationale (CPI). Que pensez-vous de cette démarche ?

Abdourahmane Baldé : je respecte les stratégies de chacun, selon son objectif. Mais, je pense que la solution de la Guinée ne viendra pas de l’extérieur, ce sont les guinéens et les guinéennes qui vont créer les solutions ou qui vont relever le défi. La CPI n’a pas pu arrêter les hommes les plus violents au monde, la CPI ne pourra pas régler les problèmes de la Guinée. Et c’est pourquoi, je pense qu’il faut s’armer d’idées, de connaissances, d’engagement, de volonté et de détermination pour libérer la Guinée des mains du colon. Parce que nous estimons jusqu’aujourd’hui que nos dirigeants sont manipulés, les dirigeants servent, pour la majorité, des intérêts étrangers. Et, la CPI fait partie des instruments, à notre avis, qui sont mis en place pour servir des intérêts cachés.

Alors, nous pensons que la CPI ne pourra absolument rien faire. Et d’ailleurs, ce n’est pas cette fois-ci que l’oppression a commencé en Guinée, mais du temps de Sékou jusque maintenant, la CPI n’a pas pu faire quelque chose. Je vous rappelle qu’il y a eu les crimes commis au stade du 28 septembre, la CPI s’est contentée de déclarations comme si la Guinée était un pays exceptionnel. Je pense tout simplement, qu’il vaut mieux régler nos problèmes en Guinée, identifier les bandits en Guinée, les juger en Guinée et se battre pour qu’il y ait des cours et tribunaux pour la réforme du système judiciaire guinéen, juger les bandits en Guinée et les mettre dans les prisons guinéennes.

Guineematin.com : avez-vous un message à l’endroit du président Alpha Condé au sujet de ce débat relatif à un éventuel troisième mandat qu’il compte briguer en 2020 ?

Abdourahmane Baldé : c’est de lui dire que si jamais il décidait d’allumer le feu en Guinée, il sera le seul perdant. C’est lui qui nous a dit qu’il s’est battu pendant 40 ans, c’est lui qui a dit être un combattant pour le panafricanisme, la liberté de l’Afrique, c’est lui qui a dit s’être engagé pour l’instauration de la démocratie en Guinée. Et si lui, à 80 et quelques années, au bout de deux mandats, il décide de falsifier les lois de la République, de mettre les Guinéens les uns contre les autres, parce que la plupart des intellectuels guinéens sont des alimentaires qui servent leurs poches, qui ne veulent pas servir la Guinée ; si sa vision ne se limite qu’à lui, il ne peut pas identifier un autre guinéen qui puisse briller mieux que lui, alors nous lui disons qu’un succès sans successeur est un échec, comme l’a dit un autre. Il lui appartient de tirer les leçons.

Si Alpha décide d’organiser un referendum pour s’éterniser au pouvoir, c’est qu’il n’a pas d’amis. Si Alpha décide de sortir par la grande porte, d’organiser des élections crédibles et transparentes, de laisser des lois en faveur du pays, de laisser une vision pendant 100 ans, il va sortir par la grande porte et il va devenir un bon ancien président qui viendra quand la Guinée aura besoin de lui, qui aura la possibilité de porter le Lépi du Fouta, le Kerndely d’ici, de porter la Forêt sacrée. Je pense qu’Alpha doit renoncer à cette affaire de 3ème mandat si jamais cela était sa volonté. Mais nous estimons, au nom de la Démocratie Guinéenne en Action, qu’il a la liberté de rester silencieux, mais il a l’obligation de respecter les lois sur lesquelles il a juré, notamment la loi mère que nous avons appelée notre constitution.

Guineematin.com : un autre sujet a fait du bruit ces derniers jours ; c’est le refus des autorités de l’aéroport de Conakry de laisser le véhicule de Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition guinéenne, accéder au parking VIP de cet aéroport où il se gare habituellement lorsqu’il voyage. Que pensez-vous de cette décision ?

Abdourahmane Baldé : vous, en tant que journaliste, qu’attendez-vous de quelqu’un que vous accusez d’avoir massacré 100 militants de vos rangs ? Voulez-vous avoir des privilèges encore ou voulez-vous porter le tissu de Gandhi, sortir sensibiliser la population sur la nécessité de se battre contre l’injustice ? Il faut que les hommes politiques s’engagent à renoncer à certains conforts pour servir les Guinéens. Si jamais le président m’empêche de passer dans un parc VIP, je passerai par là où passe le guinéen lambda que je défends. L’acteur pour les droits de l’homme, le vrai acteur pour la démocratie, ne cherche pas de privilèges, il ne cherche pas de confort. Ça c’est un Mandela qui a fait 27 ans de prison, ça c’est un Gandhi qui a été emprisonné parce qu’il défendait les opprimés, il est aux côtés des opprimés, il se battait aux côtés des opprimés.

Donc nous au niveau de la Démocratie Guinéenne en Action, nous n’avons pas à nous immiscer sur le fonctionnement d’un autre parti, mais nous estimons que les acteurs pour la démocratie et la bonne gouvernance, les véritables acteurs pour la promotion et la protection des droits de l’homme en Guinée, doivent renoncer aux privilèges. Et, je crois que ce débat est un débat honteux. Parce que nous avons déjà des dizaines de guinéens qui sont morts, jusque-là il n’y a pas eu de justice. Ces gens ont été froidement assassinés dans les rues de Conakry, alors que c’était des gens qui revendiquaient des droits légitimes, constitutionnels, ils voulaient la prospérité pour la Guinée. Je crois qu’il faut se mettre de l’autre côté, continuer à lutter et sortir du privilège encore une fois.

Guineematin.com : vous êtes à la tête d’un jeune parti politique, la Démocratie Guinéenne en Action qui a été lancée il n’y a pas longtemps, comment se passe votre implantation sur le terrain ?

Abdourahmane Baldé : nous ne sommes pas au niveau de l’implantation. Nous, à la différence de tous les autres partis, nous sommes à l’étape du développement des ressources humaines du parti. Les premiers responsables qui sont arrivés ont reçu des documents, ils sont en train de recevoir des formations sur la démocratie et la bonne gouvernance, les principes de la démocratie, sur la connaissance des droits de l’homme, sur beaucoup d’autres choses qui concernent leur engagement. Alors, ce n’est qu’après ça que nous allons ouvrir la chose et partir vers l’implantation du parti ici à Conakry et à l’intérieur du parti. Mais soyez certain que la Démocratie Guinéenne en Action sera représentée en Guinée et à l’internationale, partout dans le monde.

Guineematin.com : aujourd’hui, nous avons des centaines de partis politiques en Guinée, mais la plupart n’existe que de nom. Le parti se résume à son nom et à son président. Qu’est-ce qui différencie la DGA à ses formations politiques ?

Abdourahmane Baldé : nous sommes un parti de contribution. Et nous, nous utilisons ce qu’on appelle la destruction créatrice. Nous venons innover, nous pensons que le citoyen doit être instruit, c’est pourquoi je vous ai parlé de formation. Nous pensons que le citoyen qui doit se battre pour la construction de la démocratie dans un pays, doit avoir accès aux plus vastes connaissances. Ce sont les idées qui fondent la démocratie. Et nous, nous allons tout faire pour casser les limites de la pensée et de l’intellect pour que les hommes et les femmes qui nous croiront, ne tombent pas dans le piège des manipulateurs.

Interview réalisée par Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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