Meurtre de Maïmouna Diallo : « c’était ma copine… Je l’ai repoussée, elle est tombée et est restée inerte… »

Le procès de Thierno Baïlo Barry s’est ouvert hier, lundi 17 Juin 2019, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la mairie de Ratoma). Ce jeune de 26 ans est poursuivi pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Des faits pour lesquels l’accusé a plaidé coupable, soutenant que sa victime, Maïmouna Diallo, était sa petite amie, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui a suivi cette audience.

A la barre, Thierno Baïlo Barry n’a pas nié les faits mis à charge dans l’ordonnance de renvoi qui l’a conduit devant le tribunal. L’accusé a plaidé coupable, tout en indiquant qu’il entretenait une relation amoureuse avec sa victime qui s’est finalement mariée à un autre homme. « On était ensemble depuis près de 4 ans. Quand elle s’est mariée, j’ai pris mes distances pour éviter de lui créer des problèmes dans son foyer. Deux mois après son mariage, elle a commencé à m’appeler pour demander les raisons de mon silence à son égard. Je lui ai dit que je n’ai pas assez de temps. Et, comme elle est mariée, je préfère qu’on mette fin à notre relation pour que chacun de nous passe à autre chose. Mais, contre toute attente, ma décision de la quitter l’a mise dans tous ses états. Elle a commencé à m’appeler et à m’insulter à chaque fois. Un jour, elle m’a appelé du lieu où sa sœur vend de l’Athiéké et a proféré des injures grossières à mon encontre. Je me suis déplacé pour aller la trouver là-bas. Je lui ai dit d’arrêter de m’insulter parce que moi, je ne veux pas de problème. Elle s’est jetée sur moi. On s’est bagarré et elle est allée prendre un couteau avec lequel elle m’a blessé en bas de l’épaule droit. Les gens nous ont séparés et je suis rentré chez moi », a expliqué Thierno Baïlo Barry, en ajoutant que Maïmouna Diallo l’avait aussi suivi chez lui pour faire des tapages.

« Elle est allée taper avec violence la porte de notre cour. Elle criait de toutes ses forces. Mes voisins et ma mère sont sortis pour demander ce qu’il y avait. Moi, je l’ai laissée là-bas, je me suis enfui pour aller au carrefour », a-t-il dit.

Après avoir passé assez de temps au carrefour là-bas, poursuit Thierno Baïlo Barry, « j’ai décidé de rentrer chez moi. Mais, en cours de route, je me suis rencontré avec Maïmouna qui s’est directement jetée sur moi. Elle m’a mordu au niveau des hanches. Je l’ai ensuite repoussée et elle est tombée sur le dos. Elle est restée inerte ; et, au bout d’un moment, je l’ai transportée dans une clinique à Baïlobayah où nous y avons passé toute la nuit. Comme son état ne s’améliorait pas, sur recommandation du médecin, je l’ai transférée à l’hôpital Ignace Deen où elle a finalement trouvé la mort ».

« Avez-vous poussé cette fille dans l’intention de la tuer ? », a alors demandé le juge Aboubacar Mafering Camara.

« Non ! », a répondu l’accusé, avant de préciser : « si je savais même qu’on allait se rencontrer là-bas, j’allais continuer de fuir pour aller plus loin de ce quartier ».

Et, le juge interroge de nouveau : « vous maintenez que c’est suite à vos agissements que Maïmouna est décédée ? »

« Oui ! Mais, c’est après mon arrestation que j’ai appris son décès. Car, lorsque les agents sont venus m’arrêter à Ignace Deen, j’étais sous perfusion. On m’a dit que je m’étais évanoui lors du transfert de Maïmouna de la clinique pour Ignace Deen », a répondu Thierno Baïlo Barry.

Appelée à la barre, Aïcha Diallo (la grande sœur de Maïmouna) a nié avoir eu connaissance d’une quelconque bagarre entre sa sœur et Thierno Baïlo (comme le soutient ce dernier). « De temps en temps, je voyais ma sœur avec ce jeune. Mais, je ne savais pas ce qu’il y avait entre eux. Je n’ai jamais été informée d’une bagarre entre les deux. On m’a simplement appelé pour me dire que ma sœur s’est battue avec quelqu’un et qu’elle se trouve à l’hôpital. Et, quand je suis allée la voir à l’hôpital, je me suis exclamée en disant que c’est une morte qui est couchée ici. Car, son visage avait noirci », a indiqué Aïcha Diallo.

« Que cherchez-vous à cacher, madame ? Pourquoi votre sœur est allée chez vous alors qu’elle était mariée ? », demande l’avocat de la défense.

Et, Aïcha Diallo de répondre : « Je ne cache rien. Je ne peux dire que ce que je connais, à moins que je mente. Ma sœur était chez moi parce que son mari était en voyage au Sénégal. Sa belle-famille lui a dit d’aller chez nous en attendant que son mari ne revienne ».

« Pourquoi sa belle-famille lui dirait d’aller chez vous si son comportement était bon ? Est-ce que ce n’est pas pour éviter qu’elle contracte une grossesse avec ses nombreuses sorties qu’on l’a contrainte d’aller chez vous en attendant le retour de son mari ? », interroge de nouveau l’avocat de la défense.

« Je ne sais pas ! » répond Aïcha Diallo.

« Selon vous, votre sœur a une part de responsabilité dans ce qui est arrivé ou bien c’est Thierno Baïlo, cet honnête citoyen qui a voulu éviter des problèmes de foyer à votre sœur en mettant fin à leur relation amoureuse, qui doit tout endosser ? », demande encore l’avocat de la défense.

« Je ne sais pas ! C’est Thierno Baïlo qui connait si ce qu’il a expliqué ici est vrai ou faux », répond Aïcha Diallo.

Finalement, le tribunal a renvoyé l’affaire au lundi prochain, 24 Juin 2019, pour la suite des débats.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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