Procès du meurtrier du caporal-chef Alpha Mansaré : le procureur verse des larmes en pleine audience

Mamadou Sow alias « Paniwal » a comparu devant le tribunal criminel de Dixinn le lundi dernier, 17 juin 2019. Il est accusé d’avoir tué son ami, le caporal-chef Alpha Mansaré, à l’aide d’une paire de ciseaux, le 1er mai 2016. Les débats ont été marqués par l’émotion du procureur qui n’a pas pu retenir ses larmes, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

C’est au quartier Yattayah, dans la commune de Ratoma, que le meurtre du caporal-chef Alpha Mansaré a eu lieu le 1er mai 2016. Accusé d’être l’auteur de ce crime, Mamadou Sow a été mis aux arrêts et placé sous mandat de dépôt le 19 mai 2016. Un peu plus de 3 ans plus tard, il a comparu ce lundi devant le tribunal criminel de Dixinn pour être jugé. A la barre, l’accusé a reconnu les faits articulés contre lui. Mais, il dit avoir agi sous l’effet de multiples substances psychotropes qu’il a prises ce jour.

« La victime, caporal-chef Alpha Mansaré, était mon ami, on était très d’accord. On était toujours ensemble lorsqu’il n’était pas au travail. Ce jour, il m’a proposé d’aller se recréer. Nous sommes allés à Foula-Madina où on a pris des comprimés et on a bu de l’alcool. Après là-bas, nous sommes allés au temple où on a pourchassé quelqu’un qui détenait du chanvre indien et une paire de ciseaux. Il a laissé sur place le chanvre indien et les ciseaux et s’est enfui. Nous avons récupéré les ciseaux et nous avons fumé le chanvre indien », a-t-il expliqué devant le juge, Ibrahima Kalil Diakité.

C’est ainsi, poursuit l’accusé, que « nous sommes allés dans un bar à Yattayah. On était ivres. Dès qu’on s’est disputé, il m’a blessé avec les ciseaux. Moi aussi, j’ai retiré les ciseaux de ses mains et je l’ai poignardé au ventre. C’est lorsqu’ils m’ont arrêté que j’ai appris qu’il a rendu l’âme. Mais, je ne savais rien de ce qui se passait. On était tous les deux saouls ; car, on avait avalé des comprimés, bu de l’alcool et fumé du chanvre indien. Donc, j’étais hors de moi. Je regrette aujourd’hui cet acte et je demande pardon au tribunal et au père de la victime qui est ici présent », a dit l’accusé.

Comparaissant aussi devant le tribunal pour apporter son témoignage, le père de la victime et partie civile dans cette affaire, a expliqué que c’est à 4 heures du matin que sa famille a été informée de ce crime. « Lorsqu’il a tué mon fils, il est venu à 4 heures du matin à la famille pour dire que le caporal-chef Alpha Mansaré a fait un accident mortel à Yattayah. Lorsque la famille est arrivée sur les lieux, on a trouvé qu’il était déjà mort. Lorsque les agents sont allés le chercher chez lui, il a déchiré son matelas et il s’est caché dedans. Quand il a été arrêté, pendant 3 jours, il ne savait pas là où il était tellement qu’il était saoul. Donc, je vous demande d’appliquer la loi dans toute sa rigueur », a-t-il dit, en sanglots.

Le témoignage du père de la victime a provoqué une grande émotion dans la salle, particulièrement chez le procureur, Daouda Diomandé. Ce dernier n’a pas pu s’empêcher de verser des larmes au moment où il devait faire ses réquisitions. Il a fallu suspendre l’audience pendant 5 minutes pour permettre au représentant du ministère public de s’en remettre et de livrer son réquisitoire. Et, il a sollicité la condamnation de l’accusé à 15 ans de réclusion criminelle.

« Les stupéfiants ont des conséquences graves. Lorsque vous les prenez dans l’intention de tuer votre propre mère, vous allez le faire. Ces deux avaient l’habitude de fumer ensemble, aller dans les bars et boire. Ils sont allés se recréer dans un bar. Après ils sont venus dans le temple. Le temple pour ceux qui ne savent pas, c’est le lieu où les grands bandits se rencontrent pour fumer le chanvre indien. Après le temple, ils sont allés encore dans un autre bar où ils ont bu à volonté et ils ont pris aussi des comprimés. Ils ne se contrôlaient plus.

L’origine de la bagarre, c’est le reste du chanvre indien. Chacun voulait garder le reste du chanvre indien. Au cours de leur dispute, la tension est montée. Et comme ils ne se contrôlaient pas, Mamadou Sow lui a administré le coup fatal à l’aide des ciseaux. C’est pourquoi je vous demande de le condamner à 15 ans de réclusion avec une période de sûreté de 5 ans », a requis le procureur Diomandé.

La défense quant à elle, par la voix de maître Mohamed Abou Camara plaide coupable et demande au tribunal l’application de larges circonstances atténuantes.

Finalement, le tribunal a mis le dossier en délibéré pour décision être rendue le 24 juin 2019.

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 620 589 527/654 416 922

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