Kankan : l’étau se resserre autour de Nanfo Diaby, l’imam qui prie en N’ko

Nanfo Ismaël Diaby, chroniqueur et enseignant de l’écriture N’ko
Ismael Nanfo Diaby

Depuis qu’il a décidé de prier en langue N’ko (maninka), les choses ne cessent de se compliquer pour Nanfo Ismaël Diaby. Après les sanctions qui lui ont été infligées par les autorités religieuses de Kankan, ce chroniqueur et professeur de N’ko peine maintenant à mener ses activités dans la ville. Les propriétaires du bâtiment qui abritait sa clinique l’ont sommé de libérer le local, a appris Guineematin.com à travers son correspondant sur place.

Son entêtement commence à le coûter cher. Interdit de conduire la prière dans les mosquées et de prêcher dans les radios et partout ailleurs à Kankan, l’imam Nanfo Ismaël Diaby a continué à prier à son domicile en langue maninka. Il s’est fait filmer et a posté les vidéos de ses prières sur les réseaux sociaux. Comme pour montrer à tout le monde qu’il n’arrêtera pas son agissement, interdit par la religion musulmane elle-même.

Mais, en le faisant, ce professeur de N’ko qui veut valoriser sa langue n’avait certainement pas pensé aux conséquences de ces actes. Des conséquences qui commencent à être dures pour lui. En effet, la famille propriétaire du bâtiment qui abritait sa clinique lui a demandé de libérer le local. Une décision qui fait suite à sa décision de prier en langue N’ko.

« Depuis que j’ai occupé ce local, il n’y a pas eu de problème entre la famille et moi. Mais, depuis cette histoire, ils ont eu peur et ils m’ont dit de quitter le local, parce qu’ils ont appris qu’il y a des gens qui veulent venir détruire le local. Je les ai suppliés en leur disant que leur local ne sera pas détruit, mais les enfants sont venus après, ils m’ont dit de quitter. Moi aussi j’ai vidé le local et je leur ai rendu la clef », témoigne Nanfo Diaby.

Interrogé sur cette situation, un membre de la famille concernée a indiqué qu’au-delà des menaces de destruction du local, certains membres de la famille résidant à l’étranger souhaitaient eux-mêmes que l’imam controversé libère leur bâtiment pour ne pas, disent-ils, qu’il ne salisse leur image.

En plus d’avoir été chassé du local qu’il occupait, Nanfo Ismaël Diaby se dit également menacé de mort. Et, il dit avoir porté plainte contre un imam qui aurait appelé les citoyens à le lyncher. « Le vendredi qui a précédé ma convocation par les autorités religieuses à la grande mosquée, beaucoup d’imams ont fait leurs sermons à mon sujet. Parmi tous ces sermons, c’est dans celui du deuxième imam du quartier Sogbè, Elhadj Mamadou Condé, où il y a eu des propos disproportionnés. Il a dit devant les fidèles musulmans réunis dans la mosquée que si c’était au Niger, j’allais être tué, que d’ailleurs je mérite de mourir pour ce que j’ai fait. Donc j’ai porté plainte contre lui à la gendarmerie pour menace de mort », souligne-t-il.

De Kankan, Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com

Tél. : 00 224 627 24 13 24

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