L’école primaire de Kobaya Plateau vandalisée : des citoyens se déchaînent contre le chef de quartier

L’école primaire de Kobaya Plateau, dans la commune de Ratoma, a été vandalisée et plusieurs biens emportés dans la nuit du lundi 24 au mardi 25 juin 2019. L’école en question, construite sur un domaine litigieux, aurait été attaquée par un groupe de jeunes, appuyés par des agents du commissariat central de Sonfonia, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Les enfants de la nouvelle école primaire de Kobaya Plateau n’ont pas pu suivre les cours ce mardi. Leur école a été attaquée, les tôles et les portes de certaines salles de classe défoncées et emportées par des inconnus. Des tables-bancs ont été sortis de certaines salles de classe et éparpillés à la terrasse par les assaillants.

Selon Fatoumata Oularé, directrice de l’école, c’est aux environs de 3 heures du matin qu’elle a entendu du bruit au niveau de l’établissement. Mais, elle dit avoir pensé au vent violent qu’il y a eu la nuit dernière. « Face à la persistance du bruit, les gens m’ont dit que c’est mon école qui était en train d’être attaquée. Alors, j’ai voulu sortir. Mais, il y avait quelqu’un derrière la cour qui m’a menacée, en me demandant ce que je cherchais là.

Il m’a demandé de rebrousser chemin. Quand il a commencé à faire jour, je suis venue constater que c’est effectivement mon école qui a été attaquée. J’ai alors alerté les autorités, mes chefs. Mon moral est très bas, parce que j’ai des enfants qui doivent passer les examens. Jusqu’à hier, je travaillais avec eux. Et, à quelques jours de l’examen, je me retrouve dans cette situation. Je suis déçue », a-t-elle fait savoir.

Parlant des pertes subies, la directrice a dit qu’elles sont énormes. « Les manuels ont été emportés, les murs sont démolis. Les maisons qui sont en construction ont leurs magasins à côté, où se trouvaient stockés les sacs de ciments, qui ont été aussi emportés, les fers à béton, les restants de tôles qui étaient là, beaucoup de choses ont été emportés », a-t-elle expliqué.

De son côté, Alpha Oumar 3 Diallo, 4ème vice maire de la commune de Ratoma et voisin de l’école, dit avoir été surpris par la descente musclée des policiers sur les lieux. « J’ai été accueilli par le gaz lacrymogène. Je suis venu trouver que la population était en train d’insulter. On m’a dit que c’est un minibus rempli de jeunes, encadrés par des hommes en uniforme, des policiers du commissariat central de Ratoma.

D’après certaines personnes, ce terrain est litigieux. Il y a des gens qui disent que le terrain leur appartient et qu’il n’appartient pas à l’Etat. Après le constat, j’ai informé certains membres de la population, et demain soir encore, on va nettoyer les salles de classe. J’ai dit à la directrice que les enfants doivent continuer…»

Suite à cette attaque, des citoyens qui accusent le chef de quartier de Kobaya d’avoir bradé ce domaine, en complicité avec certains commis de l’Etat et des coutumiers, sont allés agresser l’autorité locale à son domicile. « C’est à 6 heures du matin que j’ai été informé par Cellou Camara, président de l’APAE de Ratoma, de la casse de cette école.

J’ai appelé mon chef secteur adjoint qui m’a confirmé que la casse a eu lieu à 3 heures du matin. Il m’a dit que les gens sont venus avec des armes, qu’il y a eu des tirs de somation pendant que des jeunes cassaient l’école. Pendant que je m’apprêtais à aller faire le constat, une foule, accompagnée du chef de secteur, est venue m’agresser », témoigne Lansana Bissiri Sylla.

Le chef de quartier nie toute implication dans cette affaire. « Ce problème ne date pas d’aujourd’hui. C’est entre le secteur et la famille Soumah. Parce que c’est un domaine qui avait été donné aux Oulémas de Guinée. A l’époque, c’est Elhadj Ibrahima Sory Fadiga qui était secrétaire général de la ligue islamique, en même temps président de l’Association des Oulémas de Guinée.

La famille a été expropriée au profit de cette association. C’est cette association qui est venue faire la ceinture du domaine. Mais entretemps, l’association a abandonné le domaine. C’est tout ce que je sais. Je ne sais pas si l’Etat a repris l’endroit ou pas. Je ne suis mêlé en rien dans ce dossier. Si quelqu’un m’accuse d’avoir vendu le domaine, qu’il envoie les preuves de cette accusation ».

Face à cette situation, Fatoumata Oularé, la directrice de l’école concernée, lance un appel aux autorités pour qu’une solution soit urgemment trouvée. « Je demande à l’Etat de faire tout pour que le problème-là finisse une bonne fois pour toute, pour que les enfants et la population retrouvent la paix. Il y en a qui sont contre la construction de cette école, alors que c’est très important pour la population.

Ce n’est pas tous les parents qui ont les moyens d’envoyer leurs enfants dans les écoles privées. Cette école est la seule école publique ici. Vous voyez, en moins d’un an, j’ai eu plus de 700 élèves, alors que je connais des écoles qui sont créés depuis les années 60 et qui n’ont pas plus de 300 élèves », a-t-elle dit.

Selon nos informations, ce n’est pas la première fois que cette école est victime de ce genre d’attaque. Elle avait été attaquée aussi en janvier 2017. A l’époque, Yamoussa Soumah, le principal accusé dans ce dossier, avait été condamné à 8 mois de prison ferme.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

Facebook Comments Box