Projet de nouvelle constitution : ce que le maire de Fria demande à Alpha Condé

Lansana Boffa Camara, maire de la commune urbaine de Fria
Lansana Boffa Camara, maire de la commune urbaine de Fria,
Lansana Boffa Camara, maire de la commune urbaine de Fria

Dans un entretien qu’il a accordé à un envoyé de Guineematin.com à Fria, le maire de cette ville industrielle a donné sa position sur le débat en cours autour du projet de nouvelle constitution, prôné actuellement par le pouvoir de Conakry. Lansana Boffa Camara a exprimé son opposition à ce projet et lancé un appel au président Alpha Condé. L’élu de l’UFDG a évoqué aussi d’autres sujets, dont la gestion de la mairie de Fria et la crise sociale qui secoue la commune urbaine.

Décryptage !

Guineematin.com : bonjour monsieur le maire. Pour commencer, faites-nous la présentation de cette commune dont vous avez l’honneur de diriger aujourd’hui.

Lansana Boffa Camara : la commune urbaine de Fria compte treize (13) quartiers et quatre (4) districts.

Guineematin.com : quelles sont les sources de recettes sur lesquelles la commune compte pour faire face à ses projets de développement ?

Lansana Boffa Camara : les sources de recettes sont diverses. Il y a d’abord l’ANAFIC où le gouvernement a pensé à octroyer aux collectivités de la Guinée les 15% des recettes minières pour les accompagner dans leurs projets de développement. Les autres ressources sont les taxes au niveau des marchés, la gare routière, le bois, la téléphonie, etc. Donc depuis notre arrivée, nous avons pu mobiliser quelques ressources que nous avons utilisées pour certains chantiers qui étaient prioritaires parmi les priorités. C’est avec ces montants qu’on a fait la toiture de l’administration du marché central et nous avons investi sur fonds propres pour faire deux grandes clôtures de deux centres publics. Il s’agit du centre de santé de Sabendé et le centre Nafa où les femmes apprennent le métier.

Guineematin.com : à combien se chiffre le budget de la commune urbaine de Fria pour l’exercice 2019 ?

Lansana Boffa Camara : le budget annuel exercice 2019 de la commune urbaine de Fria s’équilibre en recettes et en dépenses à un montant de trois milliards deux-cent dix-sept millions six cent cinquante-deux milles quatre-cent (3 217 652 400) francs guinéens.

Guineematin.com : depuis plusieurs semaines, une crise sociale secoue la ville de Fria : des femmes manifestent pour exiger le départ de madame le préfet, Hadja Gnalen Condé. La mairie s’est impliquée dans la médiation pour tenter d’éviter un enlisement de la situation. Où en êtes-vous aujourd’hui avec ce dossier ?

Lansana Boffa Camara : c’est une situation qui nous inquiète beaucoup aujourd’hui. Effectivement, il y a un groupe des femmes qui s’est soulevé pour dire que depuis que cette autorité (le Préfet) est là, elles n’ont rien vu qui aurait impacté positivement sa présence sur le terrain. Qu’elle ne fait rien pour aider la population. En plus de cela, qu’elle aurait détourné des biens qui appartenaient aux femmes, notamment un conteneur frigorifique qui leur était destiné mais qu’elle aurait utilisé à ses fins et beaucoup d’autres accusations. Donc il y a des secousses à des multiples reprises, mais à chaque fois, avec les notables, nous réussissons à les calmer. Tout récemment encore, elles se sont soulevées en disant qu’elles se sentent narguées par les soutiens de madame le préfet.

Mais Dieu soit loué, dès que nous leur parlons elles nous comprennent. Même aujourd’hui (mardi, 25 juin 2019), le même problème avait lieu. Elles avaient décidé de sortir à nouveau. On était obligé de les rencontrer pour leur demander de se calmer pour donner la chance à leurs enfants de faire les examens nationaux. Nous pensons que tout ce qu’elles font, c’est pour préparer l’avenir de leurs enfants. Là aussi, nous nous sommes compris qu’elles s’abstiendront jusqu’à la fin des examens. De l’autre côté, nous pensons que d’ici-là, l’autorité nationale aura trouvé ne serait-ce qu’une solution palliative qui contenterait les deux parties.

Guineematin.com : au cas où Conakry ne réagissait pas, n’avez-vous pas peur que ces femmes ne vous écoutent plus et qu’elles débordent ?

Lansana Boffa Camara : nous tenterons toujours de dire aux femmes de s’abstenir, de ne pas oublier que Fria c’est chez elles, de préserver la paix. C’est notre devoir, nous n’allons pas nous fatiguer pour ça.

Guineematin.com : à présent, le sujet qui domine l’actualité nationale, c’est le débat autour du projet de nouvelle constitution. Quelle est la position du maire de Fria que vous êtes face à cette question ?

Lansana Boffa Camara : ma position, elle est claire, c’est la position de mon parti (l’Union des Forces Démocratiques de Guinée). Ma position aussi, en tant qu’administrateur d’une commune aussi importante que Fria, dans la mesure où tous les actes que je dois poser, toutes les actions dans lesquelles je m’engagerai devraient être de nature à amener la quiétude d’abord dans la préfecture de Fria et en République de Guinée, je ne suis pas pour un troisième mandat, ni pour une nouvelle constitution. Ce n’est pas le moment de changer la constitution. On aurait dû faire cela à des époques qu’on a laissées passer si l’on n’avait pas des intentions de faire un troisième mandat.

Mais, nous sommes à l’orée de la fin du deuxième et dernier mandat du président de la République. Il y a des législateurs qui interprètent cette constitution comme bon leur semble avec des beaux mots, mais ce qui est clair, ce projet est mal venu. Je reconnais en Alpha Condé un président qui a fait beaucoup d’innovations, mais je l’inviterai à respecter cette constitution sur laquelle il a juré, de la respecter et de la faire respecter. S’il aime vraiment la Guinée, s’il veut la paix, il renoncera au troisième mandat.

Guineematin.com : quelles sont les perceptives du nouveau conseil pour booster le développement de la commune urbaine de Fria ?

Lansana Boffa Camara : nous sommes venus avec un projet qui porte sur l’éducation, la santé, l’électricité, l’assainissement, la sécurité, la préservation de l’environnement, les transports et les travaux publics. Donc par rapport à ce que nous voulons faire, nous avons reçu, dans le cadre de l’ANAFIC, un investissement pour construire des écoles, construire la clôture de la commune urbaine. Nous nous sommes assis pour essayer de cibler les localités qui doivent abriter ces infrastructures. Donc le lot 1, nous avons pensé à donner de la valeur à notre milieu de travail ; le lot 2, c’est du côté du quartier de Katroun 3, où pratiquement il n’y a aucune école primaire publique, que nous allons réaliser une école.

Nous sommes allés du côté de Fatala pour compléter à six (6) le nombre de salles de classe d’une école qui en avait trois (3). Nous sommes allés aussi dans le secteur de Gouba Maninkaya, toujours dans Fatala, Hamdallaye Fougué et Hamdallaye Labé qui n’ont pas la possibilité de venir étudier en ville, pour y construire trois (3) classes. Nous avons fait beaucoup d’assises aussi avec les responsables de l’électricité de Guinée (EDG) pour trouver une solution durable au problème de courant, surtout cette affaire de compteurs prépayés qui n’ont pas été installés chez tout le monde, tandis que d’autres sont en train de payer des factures forfaitaires.

Interview réalisée à Fria par Mamadou Diouldé Diallo pour Guineematin.com

Tel : +224 622 671 242

Facebook Comments Box