3ème mandat : le président du collectif des journalistes pour le soutien aux actions présidentielles jette l’éponge

Ibrahima Kalil Diallo, président du collectif de soutien aux actions du président AC
Ibrahima Kalil Diallo, président du Collectif des Jeunes Démocrates de Guinée
Ibrahima Kalil Diallo, président du collectif de soutien aux actions du président AC
Ibrahima Kalil Diallo, président du collectif de soutien aux actions du président AC

Le projet de nouvelle Constitution divise plus que jamais l’opinion publique guinéenne. Chaque camp affiche ouvertement sa position dans un contexte de plus en plus tendu. Le président du collectif des journalistes pour le soutien aux actions du président Alpha Condé, a annoncé son opposition à ce projet et jette ainsi l’éponge d’une structure qui avait fait jaser lors de sa création en septembre 2015.

Ibrahima Kalil Diallo l’a annoncé dans une interview à Guineematin.com dans la journée d’hier mardi, 02 juillet 2019. Selon lui, « ce projet de modification de la constitution ou de nouvelle constitution est un projet qui est contre le développement de la Guinée ».

Décryptage !

Guineematin.com : vous êtes le président du collectif des journalistes pour le soutien aux actions du président Alpha Condé. L’actualité est dominée aujourd’hui par la promotion d’une nouvelle constitution qui va permettre au président Condé de continuer à diriger la Guinée. Vous, quelle est votre position par rapport à cet état de fait ?

Ibrahima Kalil Diallo : nous sommes opposés à 1000% parce qu’il faut comprendre qu’aujourd’hui, tout guinéen réfléchi, tout patriote qui aime son pays ne pourrait pas accepter une telle démarche. Je crois qu’avant de continuer, il faut rappeler que le collectif des journalistes pour le soutien des actions présidentielles, qui est créé le 3 septembre 2015, c’était justement pour soutenir les actions présidentielles. Et pourquoi on l’a fait ? Parce que le président venait de faire 5 ans et on sait que pendant les cinq (5) premières années, il n’y a eu pas mal de problèmes : il y a eu Ebola, il y a eu les manifestations politiques successives qui ont fait que sur le plan économique, ça a posé beaucoup de tort. Donc, on a considéré qu’avec le deuxième mandat, le président Alpha Condé allait faire tout son possible pour sortir dans la Guinée de la situation dans laquelle elle est.

Guineematin.com : pour vous, la gestion de la Guinée depuis 2015 par le président Alpha Condé n’est pas une gestion saine ?

Ibrahima Kalil Diallo : fort malheureusement, après quatre ans de gestion de son second mandat, on n’a pas vu des choses concrètes qui pourraient amorcer vraiment le développement socio-économique de la Guinée. Moi, je crois qu’on ne peut pas, après neuf ans de gestion du pouvoir, on n’a pas pu construire de bonnes écoles, on n’a pas pu construire de bonnes routes, on n’a pas pu construire de bons hôpitaux et on n’a pas pu améliorer les conditions de vie des travailleurs, et on n’a pas pu rehausser le niveau de vie des populations guinéennes, et aujourd’hui on parle de modification de la constitution guinéenne. Donc, moi je pense que ce qu’on n’a pas pu faire en 9 ans, presque 10 ans, ce n’est pas en cinq ans qu’on va le faire. Et je crois que c’est une façon d’inciter le peuple de Guinée de parler de 3ème mandat. Je lance un appel à tout le peuple de Guinée, aux jeunes particulièrement, parce que là on est en train de jouer avec l’avenir de la jeunesse guinéenne. Moi, je pense que c’est un défi que le pouvoir en place est en train de lancer à la jeunesse guinéenne. Ce défi c’est quoi ? Le pouvoir veut dire, vous jeunes de Guinée, êtes-vous idiots ? Allez-vous accepter encore qu’on continue à piétiner votre avenir et éventuellement l’avenir de vos enfants ? Ou est-ce que vous avez pris conscience de la mauvaise gestion du pays qu’on est en train de faire ? Je crois que la jeunesse de Guinée a compris ce qui est train de se passer, qu’on est en train de les tromper. Donc, il ne sert à rien de continuer avec un système qui nous trompe, qui trompe la nation et qui veut mettre en cause l’avenir de la jeunesse. Donc moi, je ne suis pas partant, je ne soutiens pas. Je ne suis pas prêt à soutenir un projet de 3ème mandat. Moi, je pense que les cadres qui sont avec le président l’ont trompé, parce que je crois qu’en tant que président de la République, in n’a pas besoin de miser sur des cadres pour avoir telle ou telle localité. Ce que vous devez faire, c’est d’avoir de grands projets et les exécuter. Je vais donner l’exemple du président turc, Erdogan. Vous savez, le coup d’Etat dont il a été victime était sous le point de réussir. Mais, puisqu’il était avec le peuple, les gens se sont interposés et le coup d’Etat a échoué. Et c’est ce qu’on devrait faire ici. Malheureusement, ce sont des cadres qui se servent de la Guinée et non pour servir la Guinée. Ce sont des cadres qui ont servi au temps de Conté, qui ont servi au temps de Dadis. Ils se sont servis de ces chefs d’Etat, ils se sont servis de la nation guinéenne. Ces cadres qui se sont servis des régimes précédents, se sont ces mêmes cadres qui sont en train de se servir de ce régime-là. Moi, je pense que le président de la République doit faire beaucoup attention, qu’il pense à ce qui est arrivé à Dadis. Le peuple de Guinée a trop souffert, alors qu’on a toutes les potentialités qu’il nous faut pour aider les jeunes à avoir de l’emploi. Prenez le courant, on a dit qu’on a investi plus d’un milliard de dollars, mais voyez les résultats. On n’est pas satisfait à 100%, on n’a pas le courant, on n’a aussi pas de l’eau.

Guineematin.com : ce bilan que vous jugez négatif ne plaide pas en faveur du pouvoir en place. Vous avez décidé de démissionner. Est-ce que vous parlez à votre nom personnel ou-bien c’est au nom du collectif qui avait été constitué pour soutenir les actions présidentielles ?

Ibrahima Kalil Diallo : c’est un collectif qui était composé d’une vingtaine de membres, mais avec le temps, beaucoup en ont démissionné. Je parle en tant que président du collectif, mais j’en ai parlé à quelques amis qui désapprouvent le projet de nouvelle Constitution, mais qui ne sont pas prêts à parler. Mais moi, patriote que je suis, je ne peux pas me taire face à une telle situation. Je ne veux pas que l’histoire me condamne un jour. Quand on a mis le collectif, on nous a qualifiés de tous les noms, mais c’était une façon d’aider le pays, c’était une façon d’aider le pouvoir à aider le peuple. Malheureusement avec le temps, on a compris que les gens ne s’inscrivaient pas dans cette dynamique. Je crois qu’on ne peut plus continuer à le faire, on ne peut pas continuer à tromper le peuple.

Guineematin.com : pourquoi démissionner maintenant, après 4 ans d’activités, parce que c’est depuis 2015 que le collectif a été créé. Ou-bien c’est parce que vous n’avez pas suffisamment bénéficié des retombées de votre engagement auprès du président Alpha Condé que vous décidez vous aussi de partir, parce que vous n’avez été au tour de la mangeoire ?

Ibrahima Kalil Diallo, président du collectif de soutien aux actions du président AC

Ibrahima Kalil Diallo : je suis désolé. Je mets au défi quiconque. Nous n’avons jamais demandé à être ministre, nous n’avons jamais demandé à être directeur, loin s’en faut. C’est vrai que moi-même, à un moment donné, j’ai fait des démarches pour certains membres du collectif pour qu’ils soient engagés à la fonction publique. Mais ça, c’est pour des amis, ce n’est pas à titre personnel. Au début, ils ne se sont pas engagés pour avoir tout cela, mais c’est pour aider un pays. Il y a des gens qui ne font rien pour le pays, mais qui sont dans la fonction publique, des gens qui ont intégré la fonction publique pas de façon officielle d’ailleurs. Donc, c’était mérité aussi, donc j’ai engagé ces démarches. J’ai compris que ce n’était pas la peine. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas bénéficié de quelque chose. Moi personnellement je suis interpellé par devoir patriotique. Je suis interpellé par l’Histoire. Je connais bien ce système, j’avoue qu’on ne peut pas leur faire confiance. Ce sont des trompeurs. A chaque fois qu’il y a du mouvement, on fait appel aux jeunes, on leur donne de l‘argent, 100 mille FG pour certains, peut-être 1 million pour les leaders. Les jeunes doivent éviter d’être manipulés. Ils doivent exiger de l’Etat de l’emploi décent. Ce projet de modification de la constitution ou de nouvelle constitution est un projet qui est contre le développement de la Guinée.

Guineematin.com : vous avez dit que dans la mise en place de ce collectif, vous aviez bénéficié du soutien de certains proches du pouvoir, mais à la fin les démarches menées pour l’engagement de certains membres à la fonction publique n’ont pas abouti. Est-ce que cela ne justifie pas votre déception aujourd’hui ?

Ibrahima Kalil Diallo : ça, il y a deux ans de cela. Après, on a engagé des activités. Moi personnellement, je n’étais pas partant, mais puisque certains amis souffraient, je me suis dit comme c’est moi qui les a engagés dans ce combat, moralement ça allait me réconforter que je puisse faire quelque chose pour eux. Donc, ce n’est nullement pas pour ça. Sinon, les gens voulaient qu’on s’engage pour la nouvelle Constitution, on n’aurait pu s’engager. Mais, on a compris qu’il faut penser au pays et non à nous.

Guineematin.com : maintenant que vous quittez le collectif des journalistes pour le soutien aux actions présidentielles, quels sont vos projets futurs ?

Ibrahima Kalil Diallo : je crois que moi et certains jeunes patriotes, de toutes les sensibilités, il y en a des journalistes, il y a des enseignants, il y a des étudiants, je crois que dans un avenir proche, si Dieu noue le permet, nous avons d’autres projets pour la Guinée. Pour le moment, je préfère ne pas le dire. Mais ce qui est clair, nous voulons que la Guinée aille de l’avant.

Propos recueillis par Ibrahima Sory et Alpha Kanso pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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