« An 34 du génocide du 4 Juillet 1985 » : déclaration du collectif des victimes

Les victimes, parents, amis et défenseurs de la justice et de la paix commémorent ce jeudi 4 Juillet 2019 le 34ème anniversaire du génocide du 4 Juillet 1985 qui a endeuillé le peuple de Guinée et entaché si besoin en était le tissu social à travers le vivre ensemble par des faits barbares et inhumains perpétrés par des guinéens contre des guinéens.

Cette date rappelle la grande conspiration sociopolitique ourdie contre la communauté malinké dans le but de son extermination par les commanditaires à l’époque qui ont ignoré à dessein l’acquis indéniable de la nation à préserver et perpétuer pour le salut de notre pays, à savoir « le vivre ensemble » bâti sur le socle de l’unité nationale déjà encrée dans le pays.

Pour nourrir leur conspiration, les commanditaires ont immédiatement mis en place un plan minutieux de persécution et d’élimination assorti d’arrestations de torture, d’humiliation et d’inculpation de tous ceux qui se réclamaient de la même ethnie que le présumé auteur du fameux communiqué.

Ce plan machiavélique a été élaboré par les autorités militaires au pouvoir et transmis à toutes les hiérarchies du commandement militaire et civil sur toute l’étendue du territoire national pour exécution sous la coordination du Comité Militaire de Redressement National (CMRN) qui était aux affaires.

C’est dans cette atmosphère de haine et de règlements de compte que des centaines de citoyens guinéens en majorité de l’ethnie malinké furent arrêtés et jetés dans les geôles des 32 escaliers du Camp Alpha Yaya Diallo puis, transférés deux (2) ans plus tard à la prison de Kindia et soumis durant toute la période de détention à des traitements cruels, dégradants et inhumains.

Il a fallu la pression des parents des victimes et de la Communauté Internationale à travers les Organisations des Droits de l’homme pour que les survivants de cette féroce atrocité puissent recouvrer leur liberté après trois années de détention sans contact avec les parents ni procès.

A cet égard, nous les rescapés de cette tragédie humaine du 4 Juillet, profitons de cet anniversaire pour saluer la mémoire de nos illustres compagnons disparus.

Pour honorer leur mémoire et assurer la survie après cette tempête d’avilissement nous déploierons corps et âme pour rappeler à la mémoire collective à toutes les occasions cette page triste et sombre de notre histoire pour que plus jamais ça dans notre pays.

Par ailleurs nous nous engageons à lutter par tous les moyens légaux en vue de réclamer aux autorités de la troisième République notamment au Chef de l’Etat le Professeur Alpha CONDE Président de la Républiquela justice et la réparation de tous les préjudices et non la vengeance.

Dans cette optique nous demandons l’application du contenu de l’Ordonnance N° OO8/PRG/GG/90 du 10 Février 1990, Ordonnance promulguée par le Président de la République d’alors feu Général Lansana Conté.

Cette Ordonnance accorde une amnistie générale à tous les guinéens condamnés pour délits politiques et ordonne la restitution de tous les biens saisis appartenant aux personnes impliquées dans la tentative du coup d’état du 4 Juillet 1985 en les rétablissant dans leurs droits ; mais à ce jour rien n’est fait dans ce sens.

D’autre part, pour permettre aux rescapés de se prendre en charge sur le plan des soins médicaux et donner de l’espoir aux familles des disparus les rescapés du génocide du 4 Juillet 1985 demandent humblement en outre au chef de l’Etat, Président de la République Professeur Alpha CONDE de bien vouloir ordonner la mise à disposition des victimes, du fonds de consolidation de la paix envoyé par l’ONU pour soutenir les rescapés des répressions politiques dans certains pays de la sous-région dont la Guinée, toute chose qui ouvrirait la voie à la réconciliation nationale et la reconnaissance à l’endroit du père de la nation.

La commémoration du 34ème anniversaire du 4 Juillet 1985 est un moment de méditation et de recueillement dans la dignité et la liberté pour tous les guinéens patriotes, défenseurs des causes justes et nobles, soucieux du renforcement du tissu social en vue du développement harmonieux de notre cher pays.

Nous ne saurions terminer cette déclaration sans rendre une fois de plus un vibrant hommage à la mémoire de nos illustres compagnons disparus en priant le tout Puissant ALLAH pour que leurs âmes reposent en paix et qu’il leur accorde le Paradis, à min.

Conakry, le 4 Juillet 2019
Le Vice-Président Le Président
Ibrahima Sory DIOUMESSY El hadj Lansana CONDE

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