N’zérékoré : la Maison des jeunes en piteux état

Issa Keita, directeur de la maison régionale de la jeunesse et de la culture de N'Zérékoré
Issa Keita, directeur de la maison régionale de la jeunesse et de la culture de N'Zérékoré
Issa Keita, directeur de la maison régionale de la jeunesse et de la culture de N'Zérékoré
Issa Keita, directeur de la maison régionale de la jeunesse et de la culture de N’Zérékoré

Construite sous la première République, la maison régionale de la jeunesse et de la culture de N’zérékoré résiste encore au poids de l’âge et aux intempéries. Elle continue d’accueillir du monde et même d’importantes rencontres. Mais, l’endroit se trouve dans une insalubrité qui ne dit pas son nom, et cela ne semble préoccuper personne. C’est le constat fait sur place par un envoyé spécial de Guineematin.com à N’zérékoré.

Située dans le quartier Gboyéba, à quelques mètres du stade régional, la maison régionale de la jeunesse et de la culture de N’zérékoré joue un rôle important dans la ville. Elle accueille régulièrement des concerts d’artistes, des cérémonies et même des réunions de grande importance. Mais sur place, l’hygiène, la salubrité ne sont qu’un lointain souvenir.

Avec tout le monde qui s’y rend, une seule latrine est fonctionnelle. C’est là que femmes et hommes doivent se mettre à l’aise. Les autres ne sont plus utilisables et ont même été cadenassées. Même la seule latrine qui est fonctionnelle, il faut être d’un grand courage ou ne pas du tout avoir le choix pour y entrer, en raison de l’état insalubre des lieux.

Face à cette triste réalité, la cour a été transformée en une toilette à ciel ouvert. Chacun se met à l’aise là où il peut. Certaines parties du mur ont perdu complètement la couche de peinture qui les recouvrait à cause de l’urine qui est quotidiennement déversée sur elles. Devant nous, on aperçoit un soutien-gorge de couleur rouge au milieu des sachets d’eau vides que les gens utilisent après avoir fait leurs besoins (uriner ou déféquer).

Hommes et femmes passent par là et, visiblement, sans aucune gêne. Le petit bassin, érigé dans l’enceinte de cette maison pour stocker de l’eau, a été transformé en dépotoir d’ordures. On y trouve des sachets d’eau vides et autres déchets de toute nature.

Ce piteux état de la maison régionale de la jeunesse et de la culture de N’zérékoré saute aux yeux, mais il passe inaperçu. Dans la ville, d’où est originaire le ministre en charge de l’assainissement, Papa Koly Kourouma, personne ne semble en faire une préoccupation.

Issa Keita, directeur de la maison régionale de la jeunesse et de la culture de N'Zérékoré

Interrogé par le reporter de Guineematin.com sur cette situation, Issa Keïta, directeur de la maison régionale de la jeunesse et de la culture de N’zérékoré, pointe du doigt le manque de civisme. «Chez nous ici, il y a l’éducation civique qui manque beaucoup. La toilette est là où ils doivent uriner, mais il y a certains qui viennent précipitamment dès qu’ils regardent un coin, ils se mettent à l’aise là-bas. Quand je suis là et que je vois quelqu’un qui veut se mettre à l’aise dans un coin de la maison des jeunes, je le conduis directement dans la toilette. J’ai essayé de dire aux jeunes qui sont avec moi d’orienter ces personnes dans les toilettes pour leur dire que c’est ici qu’on doit se soulager, mais en vain », regrette-t-il.

Et, si cette maison est dans cet état, le directeur estime que c’est aussi parce qu’elle ne fait pas de rentabilité pour lui permettre de bien l’entretenir. « Actuellement, nous avons deux activités. La première n’est pas payante, ce sont par exemple les groupes d’animation qui sont là pour donner vie à la maison des jeunes. Ces groupes sont constitués en catégories : il y a le groupe des arts martiaux, les fanfaristes, le groupe de théâtre. Les activités payantes sont les remises de diplômes et les spectacles. Les spectacles se font à 400 mille francs guinéens et les remises de diplômes à 600 mille francs guinéens.

Avant, les spectacles marchaient mais actuellement, on ne reçoit plus de clients avec l’arrivée des cartes mémoires. Et quand il y a un spectacle, c’est dans les 400 mille que nous faisons les dépenses. On paie le carburant dans ça, les primes de l’animateur, on paie aussi ceux qui entretiennent la salle après le spectacle. Pour la salubrité, j’ai une équipe aussi que je paie. La rentabilité est faible, je peux faire un à deux mois sans recevoir de spectacle », a-t-il fait savoir.

Issa Keïta en profite pour adresser une doléance au ministère de la jeunesse et de l’emploi des jeunes. « Mon appel auprès du ministère de tutelle, c’est de m’aider à avoir une sonorisation. Parce que la sonorisation que j’ai trouvée ici est vieille maintenant. Et, lors d’un tournoi qu’on avait organisé ici, des jeunes malintentionnés l’ont saccagé. Donc, je suis dans cette difficulté de sonorisation. Actuellement, c’est une association affiliée à la maison des jeunes qui m’aide pour la sonorisation. Sinon, la sonorisation proprement dite a été détruite, l’autorité même en est témoin », a dit le directeur de la maison régionale de la jeunesse et de la culture de N’zérékoré.

De N’zérékoré, Siba Guilavogui, envoyé spécial de Guineematin.com

Tel : 620 21 39 77 / 662 73 05 31

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