Un consortium d’ONG italiennes se lance dans un vaste programme de sensibilisation pour l’enregistrement à la naissance des enfants en Guinée. C’est dans cette dynamique que la communauté de Sant’ Egidio, la CISV et LVIA ont lancé le projet intitulé Droit au Nom ce jeudi, 11 juillet 2019, au service Cancérologie de l’hôpital national Donka. C’était en présence de nombreuses personnalités, notamment le représentant de l’ambassadeur de l’Italie en Guinée, celui de l’Agence Italienne pour la Coopération au Développement, madame le maire de la commune de Kaloum, le directeur national de l’état civil et la représentante du gouverneur de la ville de Conakry, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Ce projet Droit au Nom, financé par l’Agence Italienne pour la Coopération au Développement, est un programme de sensibilisation pour l’enregistrement à la naissance des enfants en Guinée.
Dans son discours, madame Gloria Laura MELLANO, responsable de l’ONG LVIA et coordinatrice du projet Droit au Nom, est revenu sur les particularités du projet. « Ce projet est un projet qui prévoit la sensibilisation de la population à l’importance de l’enregistrement à la naissance dans les régions de Conakry et de Labé. L’exécution de ce projet va durer 2 ans. En Guinée, on travaillera en partenariat avec le CARP (Collège des Acteurs pour la Réduction de la Pauvreté) et la FMG (Fraternité Médicale Guinée). Donc, on descendra sur le terrain, pour faire des activités de sensibilisation, d’information et de formation pour les acteurs qui interviennent dans le domaine de l’état civil. Donc, le but c’est de sensibiliser les populations, les communautés, les leaders communautaires, les leaders religieux sur l’importance de cette action d’enregistrement à la naissance des enfants. On a vu qu’à Labé, le taux d’enregistrement à la naissance des enfants est de 59% contre 95% à Conakry. Mais ici, il y a des zones à couvrir pour que le taux puisse augmenter », a-t-elle expliqué.
Selon madame Evelina Martelli, l’idée de créer ce projet Droit au Nom est parti d’un certain nombre de constats à travers le monde. « Vous voyez dans le monde, il y a un grand nombre d’enfants qui ne sont pas enregistrés à l’état civil. Ce n’est pas un problème seulement guinéen, c’est un problème mondial. On estime que, sur les 125 millions d’enfants qui naissent chaque année dans le monde, 51 millions, soit plus 40% du total, ne sont pas enregistrés à la naissance. Environ la moitié de ces enfants vivent en Asie méridionale, tandis que l’Afrique subsaharienne enregistre les taux d’enregistrement des naissances les plus bas au monde. On estime que 2 enfants sur 3 ne sont pas enregistrés à la naissance en Afrique », a fait savoir madame Evelina Martelli de la communauté Sant’ Egidio.
Parlant de l’importance de l’enregistrement à la naissance des enfants, Evelina Martelli n’a pas manqué de signaler les conséquences liées à l’absence d’une identité légale pour les enfants. « Il faut par exemple réfléchir à un problème important qui est la protection des filles : sans actes de naissance, il est plus difficile de les protéger contre le mariage précoce et contre l’exploitation pédopornographique. Mais, même dans des conditions ordinaires, en dehors des cas d’urgence, l’absence d’actes de naissance entraine des manques importants pour les enfants. Ici, en Guinée, comme dans de nombreux autres pays, les enfants qui ne sont pas enregistrés à l’Etat civil ne peuvent ni fréquenter l’école, ni passer de diplômes. Souvent, les enseignants ferment les yeux et permettent aux enfants d’aller malgré tout à l’école. Mais, par la suite, quand il arrive le moment de passer l’examen, les enfants ne peuvent pas se présenter et doivent abandonner leurs études. L’enregistrement des naissances a aussi beaucoup d’avantages pour l’Etat, parce cela peut lui permettre de connaître sa population qui naît, qui meurt et pourquoi elle meurt, permet également à l’Etat d’améliorer les conditions sanitaires au sein du système de santé pour les populations. C’est aussi très important pour un Etat d’avoir des statistiques fiables pour savoir quelle est la population qui se trouve dans une région, combien d’écoles primaires faut-il avoir pour que tous les enfants puissent avoir une chaise à l’école. Donc pour nous, c’est une façon d’aider les enfants, mais aussi d’aider l’Etat guinéen pour pouvoir améliorer son système de gestion du pays », a indiqué Evelina Martelli.
Pour sa part, le directeur national de l’état civil au Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD), Ibrahima Kaba, satisfait de l’initiative, s’est dit prêt à collaborer avec la communauté de Sant’ Egidio dans l’exécution du projet Droit au Nom. « Nous sommes très contents des initiateurs de ce projet et de ceux même qui s’occupent de son exécution. Nous les remercions et les félicitons. Notre département est prêt à faciliter de son côté l’exécution de ce projet important qui s’inscrit même dans la stratégie nationale de réforme de modernisation de l’état civil. Aujourd’hui, je crois qu’avec l’engagement de la coopération italienne, à travers LVIA et Bravo et le concours de tous les acteurs, le système de l’état civil guinéen sera davantage amélioré », a estimé Ibrahima Kaba.
Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com
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