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Makhissa contre Marouane au tribunal : les avocats du journaliste inquiets pour leur sécurité

Me Salifou Béavogui, avocat du pauvre journaliste Habib Marouane Camara

« Nous avons été menacés dans la salle par des partisans de l’autre bord. Mais, nous avons pris de la hauteur ; sinon, ça aurait dû créer un autre incident. Leur attitude est contre-productive, ça ne sert pas celui qu’ils ont accompagné… », a notamment déploré maître Salifou Béavogui. « Ce n’est pas facile de prendre le dossier d’un journaliste qui n’a que sa plume et son intelligence contre un Directeur National des impôts. C’est même suicidaire… ».

Comme annoncé précédemment, le tribunal correctionnel de Kaloum a renvoyé à huitaine le dossier opposant le Directeur National des Impôts, Aboubacar Makhissa Camara au journaliste Habib Marouane Camara. Et au sortir du tribunal, les avocats du journaliste ont dénoncé des menaces de la part des loubards à la solde du patron des impôts.

Me Lamine Sidimé, ancien Premier ministre et ancien président de la Cour suprême, aujourd’hui avocat du Directeur national des impôts

Tout d’abord, c’est l’ancien Premier ministre, ancien président de la Cour suprême, le doyen Lamine Sidimé qui a parlé aux journalistes pour charger leur confrère, Habib Marouane. « Facebook n’est pas une presse ! Facebook, d’après Wikipédia, est une plateforme d’échange qui reçoit différents contenus : vidéos, photos, messages et discussions. La presse, c’est autre chose. La loi organique L002 de 2010 dans notre pays a réglementé la liberté de la presse. Elle est sacrée ; encore qu’avant de parler de liberté, il faut parler du droit à la vie. Donc, dans cette affaire, ce n’est pas la presse qui est en question, la loi de la presse n’est pas la loi du journaliste. Peut-être que Marouane est un journaliste ; mais, les publications qu’il a faites sur le réseau social, ce sont des publications à titre privé. Et, il a mis en cause l’honneur, la dignité, la considération d’un homme qui se bat pour la Guinée, qui est un homme qui a une famille et qui a un honneur », a notamment indiqué l’ancien Premier ministre du Général Lansana Conté, dans son rôle d’avocat du Directeur national des impôts.
Interrogé sur les prétentions et le but visé par cette plainte du puissant Aboubacar Makissa Camara contre le pauvre journaliste Habib Marouane Camara, l’ancien président de la Cour Suprême a indiqué : « Nous demandons une seule chose : laver l’honneur de cet homme qui dirige les impôts ».

Me Salifou Béavogui, avocat du pauvre journaliste Habib Marouane Camara

Pour sa part, Me Salifou Béavogui, un des avocats du jeune journaliste a commencé par rappeler que cette procédure qui a conduit son client devant le tribunal de Kaloum a été conduite en violation manifeste des règles de procédures. « En pénal, la forme commande le fond. Nous sommes en matière de citation directe qui suppose que la partie civile a pris soin d’avoir l’identité complète de la personne mise en cause, du prévenu. Et, conséquemment, la personne étant identifiée, donc on n’a pas besoin de passer par la police ou par la gendarmerie pour venir devant le tribunal et faire un jugement dès lors qu’on sait que le jugement doit indiquer l’identité complète d’une personne. Mais, dans la citation qui a saisi le tribunal, il est dit que monsieur Marouane ici présent demeure ou est domicilié à la radio Nostalgie ! Pourtant, ce n’est pas son domicile. Donc, une fois que cette domiciliation est inexacte, le tribunal devrait avoir le courage d’annuler la procédure. Parce que dans cette affaire, il ne faut pas voir le poids des parties ; mais, il faut voir le poids de la loi. N’oubliez pas qu’il est en prises avec le directeur national des impôts. Ce n’est pas pour rien. Deuxièmement, nous avons soulevés l’incompétence territoriale du tribunal parce que le domicile entraîne la compétence du tribunal, le lieu d’arrestation entraîne la compétence du tribunal, le lieu de la commission de l’infraction entraine la compétence du tribunal. Donc, il est dit que monsieur Marouane demeure à la radio Nostalgie. La radio nostalgie n’est pas son domicile, il réside à Lambanyi. Donc, c’est le tribunal de première instance de Conakry 2 qui est compétant pour connaitre de cette affaire », a-t-il relevé.

Parlant de la suite de ce procès et en dépit du poids du plaignant, Me Salifou Béavogui promet de défendre son client contre vents et marrées. « Vous savez, ce n’est pas facile. Même si quelqu’un a bu du sang humain, l’avocat doit le défendre dans les limites de la loi. Ce n’est pas facile de prendre le dossier d’un journaliste qui n’a que sa plume et son intelligence contre un Directeur National des impôts. Ce n’est pas facile, c’est courageux, c’est même suicidaire. Mais, nous nous irons dans l’honneur et dans la dignité partout où besoin sera. Vous qui êtes présents, vous ne pouvez pas affirmer que monsieur Marouane ici présent n’est pas journaliste. Ce n’est pas possible ! Il est journaliste. Dans cette affaire, il n’est pas complice, il n’a pas d’auteur principal, il est seul poursuivi ».

Mais, ce qui a encore révolté l’avocat, ce sont des menaces proférées à son encontre par certains proches du plaignant. Maître Salifou Béavogui promet tout de même de se battre jusqu’au bout pour défendre le journaliste. « Nous avons été pris à partie dans la salle. Moi, personnellement qui vous parle, j’ai été menacé ; mais, cela me laisse de marbre. Nous avons défendu ici des gens qui ont fait pire que ça. Chaque métier à ses risques. Aujourd’hui, il y a plusieurs personnes qui vivent grâce à lui ; mais, qu’ils continuent leurs popotes. Moi, je suis avocat, je reste avocat, on n’a pas de conseils à me donner dans le choix de mes clients. Personne ne peut me donner ses conseils. Je prends un dossier quand je sais que ma déontologie me permet de le prendre, je n’ai pas de recule à cela ; et, je défendrai le dernier guinéen en conflit avec la loi lorsque j’estime qu’il faille le défendre. Nous avons été menacés dans la salle par des partisans de l’autre bord ; mais, nous avons pris de la hauteur sinon ça aurait dû créer un autre incident. Leur attitude est contre-productive, ça ne sert pas celui qu’ils ont accompagné. Et, nous souhaitons que notre sécurité soit assurée à l’audience prochaine. Parce que quand nous sommes dans l’enceinte du tribunal, notre sécurité doit être assurée par le tribunal. En dehors d’ici, Dieu, sauve moi de mes amis, mes ennemis, je m’en charge », a-t-il souligné.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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