Guinée : Souleymane Camara et Cie réclament plus d’un milliard et demi à Inter-Con Security

Souleymane Camara, Directeur général d’Inter-Con Security
Souleymane Camara, Directeur général d’Inter-Con Security

Depuis bientôt deux ans, le torchon brûle entre trente sept (37) anciens employés d’Inter-Con Security Systems et cette société de gardiennage. La pomme de discorde est née de la vente de la société en septembre 2017 à un guinéen sans que la situation de ses employés ne soit prise en compte, dont certains disent y avoir travaillé pendant 20 ans.

Dans une interview accordée à Guineematin.com, Souleymane Camara, se disant toujours directeur général d’Inter-Con Security, a dénoncé les conditions de vente de cette entreprise. Monsieur Camara a également dénoncé le refus de toutes les autorités du pays à les aider à rentrer en possession de plus d’un milliard de FG que leur doit Intercon-Security.

Guineematin.com : on vous appelle le Directeur Général ou l’ex Directeur Général d’Inter-Con Security ?

Souleymane Camara, Directeur général d’Inter-Con Security
Souleymane Camara, Directeur général d’Inter-Con Security

Souleymane Camara : pour moi, je me considère toujours Directeur Général, par ce que je n’ai pas eu un document officiel me démettant de mes fonctions. Et vraiment, moi je me dis que je n’ai pas fait de passation avec un autre pour dire que c’est lui le nouveau. Alors, je me considère toujours Directeur Général tant que mes travailleurs n’ont pas reçu leurs droits qu’Inter-Con doit les payer. Moi, je me considère toujours d’Inter-Con.

Guineematin.com : justement, parlant d’Inter-Con, cette entreprise a connu des déboires ça fait quelques années, elle a même été revendue et les employés laissés pour compte. Expliquez-nous ce qui s’est passé réellement.

Souleymane Camara : ce qui s’est passé, c’est en Guinée où on peut voir de tel cas. C’était un 07 Septembre 2017 à 10H. J’étais dans mon bureau, le représentant du siège qui est là, c’est-à-dire on envoie un blanc toujours comme manager. Monsieur Hervé Moser, qui était en vacances en France, m’a appelé pour me dire qu’il vient d’arriver de ses vacances de Paris et il demande ma position. Je lui dis que je suis au bureau. Il me dit de l’attendre et d’informer le staff, qu’il a une urgence à nous dire. C’est ainsi qu’une heure plus tard, il est venu, accompagné de deux autres personnes, dont un de mes employés qui était le représentant de la société à Rio Tinto à Beyla, un certain Bamba Mohamed. Ensuite, on est rentré dans la salle de réunion et bref, il dit qu’il est venu pour nous annoncer deux nouvelles. La première, pour nous dire qu’à partir de cet instant, 07 septembre 2017, que lui Hervé Moser ne fait plus partie de l’effectif d’Inter-Con, qu’il a démissionné. Et que ce jour même, il va prendre son avion pour rentrer dans son pays, en France. Deuxièmement, qu’il nous informe que la société Inter-Con est vendue à un guinéen. Il présente Monsieur Mohamed Bamba qui est le superviseur de Kanga (Beyla) pour Inter-Con, que c’est lui le nouvel acheteur, que c’est pour lui la nouvelle société. Directement, il prend son téléphone, il enlève la puce de la société qui était dans le téléphone, il donne à Monsieur Bamba. Il dira que c’est cette information qu’il avait à nous donner. Aussitôt, Monsieur Bamba a pris la parole, en disant qu’on se connait, c’est lui qui a acheté la société et il n’est pas venu pour… il a raconté (…). Dans l’intervalle là, Monsieur Hervé s’est levé comme quelqu’un qui veut se mettre à l’aise. Pour moi, il est parti dans les toilettes. Mais, ça a perduré. Quand Bamba a dit dans son intervention, à partir de maintenant je veux la clé de tous les bureaux. C’est là-bas où j’ai dit Monsieur Bamba, stop ! Arrête ! On ne peut pas continuer, j’ai dit, allez-y appeler Hervé, c’est lui qui est venu donner l’information. Quand on doit parler, il faut qu’il soit là. L’émissaire qui est descendu l’a cherché dans tous les bureaux, il ne l’a pas vu il est rentré dans mon bureau pour me dire qu’il ne l’a pas vu, même dans les toilettes. Il a demandé au portier, qui lui a fait savoir qu’Hervé a pris sa voiture et qu’il est parti.

Guineematin.com : comment avez-vous réagi quand on vous a rapporté que le Français est parti sans vous avertir?

Souleymane Camara : alors, quand ils sont venus m’informer, j’étais en colère et j’ai dit à Bamba, je n’ai rien à foutre avec vous. Si la société est vendue, ça n’engage que vous, mais je vous en prie, la séance est levée il, faut qu’Hervé vienne. C’est ainsi la séance a été levée. Bamba est sorti. Moi, comme je suis rentré dans mon bureau, j’ai pris mon téléphone. J’ai appelé la première personne, notre avocat qui est maître Mackaty Samuel, pour lui demander s’il était au courant de la vente de la société. Il me dit que c’est moi qui lui donne cette information. Après, j’appelle le directeur national de la sécurité publique, parce que les sociétés de gardiennage relèvent de lui, Monsieur Mamoudou Camara. Je dis Monsieur Directeur, je t’appelle pour que tu m’envoie urgemment des commissaires pour venir constater un fait, parce qu’avant qu’il y ait un crime, il faut que vous veniez. Je l’ai un peu briffé. Je lui ai dit qu’on vient de m’annoncer que la société est vendue et Hervé a disparu. Aussi tôt, au bout d’une heure, il a envoyé deux commissaires : commissaire Mansaré et un inspecteur. Je leur ai expliqué la situation. Mais, qu’est-ce qu’on a constaté, on était resté dans la cour, il y a l’agent de la porte qui est venu m’informer de la venue d’un pick-up, composé de 6 agents : 2 gendarmes et 4 policiers qui sont dehors. Quand je suis sorti pour leur demander, ils m’ont dit non, que c’est leur commissaire qui les a envoyés pour venir sécuriser une réunion. J’ai dis, sécuriser quelle réunion ? Après tout ça, j’ai informé le directeur de la sécurité publique, il a envoyé ses deux émissaires, j’ai fait le compte rendu. Eux, ils ont dit qu’ils vont aller rendre compte. J’ai pris mon équipe, on est parti chez l’avocat. Chez l’avocat, on a donné le numéro d’Hervé, ça ne passait plus. Maintenant quand on compose le numéro, c’est monsieur Bamba qui prenait. Lui, il a pris le téléphone et Me Mackaty s’est présenté en disant que c’est moi l’avocat pour Inter-Con et je veux savoir qu’est-ce qui se passe ? Il dit oui Maitre, je viendrai vers vous pour m’exprimer. C’est moi maintenant qui ai acheté l’action, le passif et l’actif d’Inter-Con. Je viendrai vers vous, on va faire un rendez-vous pour vendredi à 09H. Maitre Mackaty a dit Ok, pas de problème. Pour moi, il était question de chercher le véhicule par ce qu’on venait de faire l’achat de deux véhicules avec CETA Guinée dont on n’avait pas fini encore de payer mais dont Hervé a pris l’une de ces voitures pour disparaitre. J’ai mis les gens en circulation. Je dis bon, allons au niveau de la gendarmerie de Dixinn où il y a le Colonel Balla Samoura, pour l’informer qu’un de nos véhicules est dérobé et qu’il est dans les mains des bandits. Parce qu’on m’a fait comprendre que les véhicules qu’ils ont vus en ville, il y avait des militaires dedans et un homme en veste. J’ai dit qu’ils n’ont qu’à faire l’enquête, partout où ils verront la voiture, de l’arrêter. Le vendredi matin, on est venu chez Me Mackaty. Qu’est-ce qu’on voit ? On voit Mohamed Bamba, le nouvel acheteur, et un avocat du nom de Maitre Jocamey. Lorsqu’on est venu, on est rentré au salon de Me Mackay. L’avocat là a pris la parole, il dit que monsieur Bamba est son client, et qu’il a acheté le passif et l’actif de la société. On a posé des questions, je dis mais comment on peut vendre une société qui a 20 ans d’existence. Moi, j’ai mes 20 ans de service. Pendant 10 ans, je suis le Directeur Général, de janvier 2007 jusqu’en 2017. Même si je ne suis pas propriétaire, même si mon point de vue ne doit pas être pris en compte, mais à titre d’information, on doit m’informer au moins, pour dire l’équipe que vous dirigez, nous vous informons que nous avons décidé de liquider la société. Mais cela n’a pas été fait. Maintenant, dans la salle, on dit bon quels sont les documents qui vous prouvent que vous avez vendu la société. L’avocat dit non, les documents viendront. Je dis mais, on ne peut pas vendre une société et venir faire l’annonce sans les documents justificatifs de la vente. C’est le soir on a envoyé un mail à mon moi. En me disant que Monsieur Souleymane nous vous informons que nous avons pris la décision de vendre notre action.

Guineematin.com : qui avait envoyé ce mail ?

Souleymane Camara, Directeur général d’Inter-Con Security
Souleymane Camara, Directeur général d’Inter-Con Security

Souleymane Camara : le mail est venu soi-disant de Californie. Le mail est écrit par Monsieur Joanne, qui est le vice-président que je connais, et signé par un autre. Quand j’ai vu le mail, j’ai tiré et j’ai montré à notre avocat. Ça, c’était le 07 octobre 2019. Le lundi 11, monsieur Bamba est venu le matin. Il voulait venir au bureau. Il est venu jusqu’à la porte en disant qu’il veut me rencontrer. J’ai dit monsieur Bamba, je n’ai pas de rendez-vous avec vous, j’ai d’autres boulots, je ne peux pas vous recevoir. Il dit au téléphone, grand frère, tu m’empêches de rentrer dans ma société ? Je dis, si tu es propriétaire de cette société, je ne le sais pas d’abord. Parce qu’il n’y a aucun document qui le prouve. Alors, il dit comme tu veux la guerre, on fera la guerre. J’ai dit OK. Moi en tout cas, je ne te reçois pas, parce que tu n’as pas de document. Ça, c’était le lundi. C’est le 16 octobre 2017 qu’on est allé fabriquer un document dans un cabinet de notariat ici et le 22, on me fait notifier par un huissier soi-disant que c’est le papier de vente.

Guineematin.com : comment aviez-vous réagi ?

Souleymane Camara : j’ai dit qu’il n’y a pas de problèmes. J’ai dit que nous ne sommes pas contre la vente, nous ne sommes pas propriétaires de la société, nous sommes des employés. Mais, ce que je voudrais, c’est le passif des travailleurs. Parce que les gens ont fait un temps avec Inter-Con. S’ils ont vendu, c’est leur droit. Mais, est-ce que le passif-là a été payé ? Qui doit payer ? Alors, c’est là-bas où l’avocat de Monsieur Bamba à l’époque a dit qu’ils ont payé la société avec le passif et l’actif. Si vous avez payé la société avec l’actif et le passif, nous demandons que le passif qui est fait d’abord soit payé. Parce qu’on est très fier qu’on dise qu’un Guinéen a acheté la société. Nous serons très contents de travailler avec vous. Mais, nous voudrions que nos passifs avec la société mère sortante qu’on règle ça. Après maintenant, vous vous allez essayer de nous poser vos conditions de travail. Ceux qui sont consentants vont aller avec vous, ceux qui ne le sont pas, vont faire autre chose. Jai dit que le Code du Travail, dans son article 160, alinéa 2 et 3, on dit que ça soit la vente ou la fusion d’une société, d’abord il y a un préalable. Le préalable, c’est de faire un meeting avec les travailleurs pour les informer. C’est à titre d’information pour dire que nous allons faire ça. Mais, cela n’a pas été fait. Je dis bon, comme cela n’a pas été fait, le même code de travail dit que, les travailleurs ont le droit de réclamer leurs droits pour que ça soit payé et chacun se fait son chemin. Depuis ce jour, monsieur Hervé a quitté. Pour un premier temps, tous les travailleurs étaient unanimes que je suis complice de la vente. Parce qu’on ne peut pas comprendre qu’une entreprise que tu diriges pendant 10 ans, que cette entreprise soit liquidée et toi tu n’es pas au courant. Tu n’expliqueras à personne qui sera convaincu. J’avais un problème… Je me suis dit, le seul problème, il faut que je me retrouve avec le blanc, Hervé Moser. Mais, c’est à mon fort étonnement, le lundi qui a suivi, j’étais dans mon bureau, je vois les envoyés du directeur national de la Sécurité Publique et à la tête, le commissaire Mansaré, qui est venu pour assister à des passations de service. Avec le commissaire central de la commune de Ratoma à l’époque, Monsieur Touré, qui n’est plus au commissariat là-bas. Quand ils sont venus, je les ai reçus. Je dis, j’ai du respect pour vous, mais vous ne connaissez pas votre travail, moi je connais mon travail. En m’installant dans ce fauteuil, on n’a pas appelé la police pour venir assister. Si je dois quitter, la police n’a rien à foutre ici. Moi, je ne pourrais pas. Parce que vous voulez que je fasse une passation, il n’y a de problème. Le blanc qui a géré avec moi depuis, c’est nous deux qui signons tous les papiers. Je veux qu’il soit là, on appelle l’inspection du travail, on fait un PV de passation de service entre les dirigeants sortants d’Inter-Con et le nouvel acquéreur pour que moi je m’en lave les mains. Pour ne pas que je fais la passation seul. Et que demain, on dit il y avait tels objets. Et, je n’ai pas géré seul. Si le blanc est là, je signe. S’il n’est pas là, il n’y a pas de passation. Je leur ai dit, je vous respecte, quittez dans mon bureau. Eux-mêmes ils ont dit que vraiment, ils ont eu tort de venir. Ils ont quitté. Directement, on a commencé les démarches. J’ai écrit une correspondance à l’inspection générale du travail pour l’informer de ce qui se passe, pour que chacun puisse jouer sa partition. Mais mon frère, depuis ce jour jusqu’à aujourd’hui, toutes les autorités que vous connaissez dans ce pays, peut-être que les deux personnes que je n’ai pas vu, c’est le Premier ministre et le président de la République.

Guineematin.com : est-ce que vous vous pensez que pratiquement, ceux qui devaient vous aider, l’inspection du travail ou la police, n’ont pas suffisamment joué leur rôle ?

Souleymane Camara : l’Inspection du travail, c’est une structure qui est bien maquillée, mais c’est la coque. À l’intérieur, c’est le vide. Parce qu’ils n’ont aucune considération par les autorités. Parce que normalement, dans les conditions normales, j’avais même dit à l’inspection s’il y avait la possibilité et d’arrêter la nouvelle société ou le nouvel acquéreur, pour dire que si tu ne payes le passif, on ferme et on te retire tout. Mais, comme vous connaissez ce pays, lui aussi peut-être, il recevait des menaces de part et d’autre, je ne sais pas. Mais, ce que je sais, quand on est parti voir le ministère, moi mon tutelle, c’est le ministère de la sécurité, quand l’acte s’est passé, on nous a convoqués chez le Directeur National de la sécurité publique, le contrôleur général Mamadou Camara. On est parti là-bas. Nous l’avons trouvé avec le staff du syndicat. Mais, quelque chose s’est passé là-bas, qui nous a fait douter de lui jusqu’à ce jour. Il nous a convoqués. Deux personnes sont en conflit, quand ils viennent, vous les recevez. Nous, nous somme venus. On nous a installés. On attendait la partie adverse. Mais, la partie adverse arrive, Monsieur Mohamed Bamba qui est la personne concernée, il est venu s’arrêter à la porte. Dès qu’il nous a vus assis, il a fait signe de la main au Directeur National. Et nous nous étions déjà dans la salle. Le Directeur s’est levé derrière son bureau, sortir pour aller avec Monsieur Bamba, se voir dans le couloir. Ce qu’ils se sont dits, je ne sais pas. Mais au retour, on s’attendait à la réunion. Mais dès le retour, la réaction du Directeur a été ceci, il dit qu’il y a un problème qui se passe à Kolaboui, je suis trop occupé. Il a délégué un de ses adjoints, le Commissaire Pierre. Il dit bon commissaire Pierre, vous allez partir avec Monsieur Camara et Monsieur Bamba. Monsieur Camara va partir avec une personne et Monsieur Bamba aussi avec une personne. Vous allez recevoir les quatre personnes. Depuis là-bas, on a dit non. Parce que du fait qu’il est sortie, qu’est-ce qu’ils se sont dits ? Si non, c’est lui qui nous a convoqués, c’est lui qui devrait présider la réunion. Maintenant, ils nous renvois chez un de ces adjoints. Depuis ce jour, on ne peut pas dire qu’il est corrompu mais, l’acte là nous a fait comprendre qu’il n’est pas clair dans l’affaire. Parce que, pour ne pas se salir d’une partie, il ne devrait pas accepter. Même s’il devrait se voir avec monsieur Bamba, c’était de nous recevoir tous après le débat…

Guineematin.com : est-ce que vous avez saisi la justice alors ?

Souleymane Camara : non, on n’a pas saisi la justice parce que Monsieur Bamba a dit haut et fort, que son souhait est d’aller en justice, que la justice guinéenne est dans sa main, il a les moyens. Si on va là-bas, que d’autres vont mourir. Comme on connait la situation, on n’a pas saisi la justice. Mais, on a fait des démarches. On est parti, on a eu la chance, on a été introduit chez le ministre Kabélé qui était ministre de la Sécurité. Quand j’ai expliqué, il a appelé le Directeur National. Il a appelé l’avocat de Monsieur Bamba dans son bureau. Il dit messieurs, j’ai été pendant 15 ans inspecteur général du travail en République du Sénégal. C’est que je connais le code de travail. Si la société est vendue, il ne peut pas s’opposer. Ceux qui veulent aller avec vous, c’est leur droit. Ceux qui ne veulent pas aussi, c’est leur droit. Mais le passif, réglez-ça. Et lui, il a donné une instruction, que si ce n’est pas réglé, le Directeur National n’a qu’à fermer la nouvelle direction de la nouvelle société jusqu’au règlement.

Guineematin.com : est-ce qu’aujourd’hui cette entreprise continue à travailler avec ceux qui se disent avoir racheté Inter-Con ?

Souleymane Camara : oui bien sûr, ils continuent à travailler. Ils sont à la Minière, à côté de la Jetée.

Guineematin.com : est-ce que certains de vos agents avaient suivi cette entre entreprise-là ?

Souleymane Camara : oui, parce que vous savez, tout le monde n’a pas la même croyance. Et puis, c’est venu à un moment où les gens ne sont pas préparés. D’autres étaient sont endettés. On leur a fait croire que le salaire va continuer, alors quelqu’un qui n’a pas autre possibilité, ils sont partis bon gré malgré là-bas, parce que d’autres avaient des dettes à la banque. Ils avaient peur, en cas de refus d’y aller, il y aurait un problème. Mais, qu’à cela ne tienne, on n’est pas contre. Nous on a dit maintenant, après tous ces mouvements, on a été à l’ORDEF (Office de Répression des Délits Economiques et Financiers), on a été chez Thiégboro, je dis qu’on a vu toutes les autorités. Même le ministre conseiller du président de la République, Tidiane Traoré. J’ai été là-bas. Mais, tout le monde a dit que vraiment ça ne se doit pas. Normalement, on doit régler le passif avant. L’inspection a fait les calculs parce que ceux qui sont partis, on a plus fait le combat pour eux. On a dit bon, nous 37 qui avons dit non, on préfère que notre passif d’Inter-Con nous soit donné, on ne veut pas aller avec la nouvelle société. Parce qu’il n’y a pas de garantie, parce que quelqu’un qui était un employé, quels sont les moyens qu’il a pour prendre le passif de la nouvelle société. Mais, qu’est-ce qui s’est passé ? Ce que je sais, la société a été fermée en Californie, parce qu’ils avaient l’intention. Mais, ils ont donné le droit des travailleurs à Monsieur Hervé Moser, qui a détourné par complicité avec deux de nos frères guinéens : Monsieur Mohamed Bamba, qui se dit le nouvel actionnaire, un employé qui était salarié à Inter-Con ; et notre ex-comptable, Laïly Kaba.

Guineematin.com : qu’est-ce que vous comptez faire malgré tout ?

Souleymane Camara : après toutes les démarches, nous demandons que nos droits soient payés. Et c’est ainsi, on est dans cette démarche. Mais, comme la justice guinéenne, on n’a pas les moyens vraiment, on a dit qu’on va essayer de mener une démarche auprès des bonnes volontés, des médiats et tout. On a fait des courriers à l’ambassade des Etats-Unis pour qu’elle nous aide. Parce que nous avons travaillé pour une société américaine. Et si Inter-Con est vendu, on n’est pas contre. Mais, que nos droits qui sont avec Inter-Con nous soient donnés. Ceux qui veulent aller avec la nouvelle société, peuvent aller avec eux ou aller ailleurs. C’est tout ce que nous demandons. On ne demande pas plus. Mais, on a tout fait, on n’a pas trouvé d’issue. Parce qu’il y a la corruption. Ils sont en train d’utiliser notre sueur pour nous combattre. Partout où on va, on dit des bonnes paroles. Vraiment, ça ne se doit pas comme ça. Maintenant, nous la dernière phase, on a trouvé des guinéens aussi qui sont patriotes, qui sont en train de nous aider à faire des écrits. On a écrit déjà une fois, deux fois à l’ambassade pour attirer leurs attentions. Parce que, c’est l’ambassade des Etats-Unis qui a écrit une lettre adressée au gouvernement guinéen en 1997 pour qu’Inter-Con vienne en Guinée le 1er septembre 1998. On a la copie de cette lettre. Alors, nous les 37 qui avons dit non, comme on n’a pas été associé à la vente, c’est-à-dire, on n’a pas été consulté, comme le code du travail guinéen dit, fusion ou liquidation, il doit y avoir un préalable meeting pour information, comme cela n’a pas été fait, quelque chose qui a commencé dans cette confusion, nous, nous ne voyons pas qu’on verra le bout du tunnel. C’est pour cela les 37 personnes ont dit, on ne veut pas la guerre, ni rien. La société est vendue à un guinéen. Mais, nous nous voulons notre passif qu’on a fait avec Inter-Con. Mais, c’est ce qu’on dit qu’on ne nous donne pas. C’est ce qu’on n’arrive pas à retrouver et on a passé par tous les moyens jusqu’à présent. Mais on a évité la violence parce qu’on a occupé notre ancien bureau pendant 5 mois. Moi-même, j’ai été victime jusqu’à ce que l’ancien comptable leur a donné mon compte personnel. Ils sont allés faire la magouille au niveau du tribunal de première instance de Dixinn. Ils ont saisi mon compte personnel. Il y avait 60 millions de FG là-dedans. Donc, dame Keïta, juge qui est là-bas, a fait saisir mon compte. Mon compte a été saisi à la BICIGUI pendant 1 an. Ils ont dit que tant que je ne libère pas le bureau, et chaque jour que je fais, que je suis condamné à payer 500.000 FG. J’ai dit, c’est moi qui ai cherché l’argent, si vous prenez ça…

Guineematin.com : le compte a-t-il été finalement débloqué ?

Souleymane Camara, Directeur général d’Inter-Con Security
Souleymane Camara, Directeur général d’Inter-Con Security

Souleymane Camara : ça a été débloqué. Comment ? Après avoir gâté mon argent, parce que je n’ai eu que 34 millions. Ils ont pris 26 millions. Ils ont partagé entre eux. Moi, j’ai dit de toute les façons, même si vous voulez, prenez tout. Ce n’est pas moi ; mais, les gens qui ont travaillé et j’étais leur responsable. J’ai une responsabilité morale. Si ces travailleurs-là ne gagnent pas leur droit, je ne peux pas dormir tranquillement. Je sais, c’est leur droit ce n’est pas quelque chose de volé. Maintenant, j’ai cherché un mandat d’amener contre le Blanc, Hervé Moser. Parce que le blanc, il n’est pas sorti de la Guinée. Monsieur Hervé Moser vie en Guinée et il travaille à SMB, à Boké. Il est le manager du consortium sécuritaire de Boké. Sinon, le règlement intérieur d’Inter-Con interdit cela. Quiconque a travaillé à Inter-Con, est interdit de faire le même boulot dans le même pays. Il faut que tu quittes d’abord pendant 2 ans, après tu peux revenir. Mais Hervé, il travaille à SMB. Il dort tranquillement parce qu’il a l’argent pour corrompre nos frères pour piétiner notre droit. C’est quand j’ai eu mandat d’amener avec le procureur, j’ai déplacé les gendarmes avec mes travailleurs, nous sommes partis à la recherche de Hervé à Boké. Il était déjà descendu à Conakry. C’est un petit matin. Lundi à 6H, ils sont allés dans leur bureau. Hervé est venu, on l’a arrêté. J’ai arrêté Hervé, je l’ai amené à l’escadron N°3 de Matam. Quand Hervé a été là-bas. C’est ce jour-là que j’ai eu mon indépendance vis-à-vis de mes confrères travailleurs. Parce que, quand ils ont été informés que le blanc est arrêté, tout le monde a dit non. Il ne peut pas être complice et arrêter celui qui est son complice. C’est en ce moment ils ont su que je ne suis pas au courant et je suis innocent dans l’affaire. Mais, Hervé a passé de 6H à 23H, il était là-bas. Je ne sais pas, les guinéens sont venus, ils sont allés jusqu’à l’ambassade de la France qui a appelé Général Baldé. Je crois celui-là il a reçu des menaces. Parce qu’il a été incarcéré au violon. Mais, il a été enfermé à 18H. A 23H, y’a eu une délégation de l’ambassade de France avec la gendarmerie qui sont venu pour dire que général Baldé ordonne de libérer monsieur Hervé. Monsieur Hervé a été libéré. Depuis ce jour, Hervé vit bien. Hervé a été convoqué à l’inspection de travail. On s’est rendu là-bas. L’inspecteur a dit, on n’est pas contre la vente, mais la vente n’a pas été faite dans les règles de l’art. Vous devez aider les gens à avoir leur passif. Parce que c’est pour éviter tout problème. Depuis ce jour, Hervé a quitté. Il travaille ici, il est entre Boké et Conakry. L’inspection du travail, ils ont montré la bonne volonté, mais ils n’ont pas de force. Parce qu’il faut dire comme les choses se passent. Finalement, l’inspection nous a appelés. Ils ont fait les calculs des droits des 37 personnes. Et, il a écrit une lettre adressée à Monsieur le Ministre de la sécurité qui avait sollicité. Quand on a amené, on a déposé ça au niveau du cabinet de l’avocat de Monsieur Bamba. Jusqu’ici, c’est resté sans suite. On est à ce stade.

Guineematin.com : chaque travailleur doit recevoir quel montant à l’issue du calcul fait par l’inspection générale du travail ?

Souleymane Camara : ça dépend des postes. Parce que, lui par exemple, c’est monsieur Kaba Camara. Il est le plus vieux. Il est plus ancien que moi d’une année. Les indemnités varient en fonction du salaire et du poste de responsabilité. Mais quand même, ce qui avait été calculé par l’inspection du travail pour les 37, c’était quelque chose d’1 milliard 800 et quelques millions de francs guinéens. Elle devrait être payée comme droit de ces 37 personnes. Parce que ceux qui sont partis avec eux, ils ont modifié leurs contrats et tout ça là. Nous, ça ne nous intéresse pas. Nous les 37 personnes, on a demandé tout simplement le payement de nos droits. C’est ce qu’ils n’arrivent pas à faire. Hervé est en train de se promener en Guinée au vu et au su de tout le monde, il n’est pas inquiété.

Propos recueillis par Alpha Mamadou Diallo et Mohamed Doré pour Guineematin.com

Tél. : 628 17 99 17

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