Banankoko : Kourankos et Malinkés enterrent la hache de guerre

Les communautés Kourankos et Malinkés ont décidé de se réconcilier et de se donner les mains pour travailler ensemble. Un conflit opposait les deux parties, l’une considérée comme étant autochtone et l’autre comme étrangère, depuis près de deux années maintenant. Leur réconciliation a été rendue possible grâce à l’honorable Bangaly Kourouma, député originaire de cette sous-préfecture de Kérouané, rapporte le correspondant de Guineematin.com à Banankoro.

Depuis plusieurs décennies, les Kourankos, considérés comme étant les autochtones à Banankoro, ont cohabité de façon pacifique avec les Malinkés dans la localité. Les deux communautés ont vécu dans l’harmonie et la paix jusqu’en fin 2017. Mais, au moment de l’établissement des listes de candidature pour les élections locales du 04 février 2018, les problèmes ont commencé entre les deux camps, tous du RPG Arc-en-ciel, le parti au pouvoir.

La guerre de positionnement basée sur l’ethnie a créé des profondes divisions, entraînant même des affrontements ayant fait des blessés et des dégâts matériels. Plus de 40 personnes avaient été arrêtées suite à ces violences et elles sont toujours en prison à Kankan. Et depuis, les deux communautés se regardent en chiens de faïence.

Face à cette situation, le député Bangaly Kourouma, élu du RPG Arc-en-ciel et natif de Banankoro, a décidé de mener une médiation entre les deux communautés. Il a réuni des représentants des deux parties pour les exhorter à enterrer la hache de guerre et à s’unir. A cette occasion, le parlementaire qui est issu de la communauté Kourounko, a demandé pardon aux Malinkés et leur a tendu la main.

« Je très content de cette mobilisation de taille. Je sais que vous êtes en contradiction avec ma communauté (Kouranko), mais je vous demande pardon et je vous appelle à l’unité pour le bien de notre sous-préfecture », a lancé le député du RPG Arc-en-ciel à l’Assemblée nationale, qui promet de se battre aussi en faveur de la libération des personnes interpellées suite aux violences enregistrées à Banankoro et qui sont toujours détenues à Kankan.

Prenant la parole, Abdoulaye Sanoh, le représentant de la communauté Kouranko à la rencontre, a demandé aussi pardon à ses frères Malinkés. Il s’engage au nom de son ethnie à enterrer la hache de guerre. « Vous que l’on appelle ici les étrangers, je me joins à l’honorable député pour vous demander pardon au nom de ma communauté. Pardon et pardon encore. Nous sommes tous des étrangers, les seuls autochtones sont les roches et les arbres.

Le parti là (Le RPG Arc-en-ciel, ndlr) vous appartient. Nous les Kourankos, on était pour la plupart du PUP. Lorsque vous luttiez ici pour le RPG, on avait croisé les bras et certains d’entre nous se moquaient même de vous. Mais, comme c’est devenu lucratif aujourd’hui, on se bouscule et on cherche même à vous chasser de la tête du parti. Tout cela n’est pas normal. Encore une fois, pardonnez-nous ! », a-t-il lancé.

Des messages salués vivement par Elhadj Djomba Mory Traoré, secrétaire fédéral du RPG Arc-en-ciel à Banankoro, issu de la communauté Malinké. Il estime qu’avec cette action, tous les habitants de Banankoro pourront vivre dans la paix, la quiétude et l’harmonie. « Nous avons entendu vos différents messages, nous nous en réjouissons et nous les acceptons avec grand plaisir. Nous sommes très contents de cette initiative de notre député, et nous pensons que si tout le monde agit de la sorte, nous allons vivre dans la paix et la quiétude », a-t-il laissé entendre.

A noter que cette réconciliation entre les deux communautés majoritaires de Banankoro sera marquée par une cérémonie de sacrifice prévue le lundi, 05 août 2019 dans cette sous-préfecture de Kérouané.

De Banankoro, Moussa Oulen Traoré pour Guineematin.com

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