Massacre de Zogota : 7 ans après, les victimes réclament toujours justice

Il y a de cela sept (7) ans, six (6) habitants du village de Zogota, relevant de la sous-préfecture de Kobéla, à 45 kilomètres de N’zérékoré, étaient massacrés dans leur sommeil par des militaires guinéens. Plusieurs habitations avaient été incendiées au cours de cette nuit du lundi 03 au mardi 04 août 2012. La justice tarde encore à faire la lumière sur ce drame malgré la soif pour les rescapés de connaitre la vérité dans ce dossier, rapporte le correspondant de Guineematin.com basé dans la préfecture.

Les souvenirs de ce massacre sont encore vivaces dans l’esprit des survivants de cette descente musclée des forces de défense et de sécurité à Zogota. L’expédition punitive avait coûté la vie à six personnes, avec la destruction de certains bâtiments et plusieurs arrestations. Certains villageois avaient réussi à saisir des véhicules appartenant aux soldats.

Cette intervention des militaires était consécutive à une manifestation des villageois contre la corruption dans le système de recrutement à la société minière VALE, installée à l’époque dans la région. Ils réclamaient également les taxes superficielles.

Alexis Haba, porte-parole du village de Zogota, se souvient encore de cette nuit tragique. « C’était dans la nuit du lundi 03 au mardi 04 août 2012, entre minuit et 2 heures du matin. On avait été réveillé par des bruits de fusils, des tirs à balles réelles des militaires venus de N’Zérékoré. Quand ils sont rentrés dans le village, ils ont commencé à tirer et à nous insulter père et mère.

Ils ont mis le feu sur la case sacrée du village et c’était le sauve-qui-peut dans le village. Mais, avec tout ça, ils ont tué mes oncles et détruit plusieurs habitations. Et nous, on avait réussi à saisir quelques véhicules et camions militaires de la gendarmerie, de la police, de la CMIS de N’zérékoré », a-t-il rappelé.

En ce qui concerne les personnes incriminées dans ce massacre, Alexis Haba invite le nouveau ministre de la justice, Mohamed Lamine Fofana, à faire la lumière sur cette situation. « Depuis ce massacre, il n’y a pas eu de jugement. Est-ce que c’est nous qui avions fait la faute ? Et pourtant, il y avait un sous-préfet, un président de Commune Rurale.

Ça veut dire que tous ces hommes ont été menacés par le gouvernement guinéen de se taire sur la tuerie qui s’est passée à Zowota. Alors, si le jugement n’est pas fait, nous ne saurons pas qui a été l’auteur de ce massacre à Zowota. Donc, nous prions le nouveau ministre de la Justice à faire la lumière et que les responsabilités soient situées sur leur sort et que le village soit satisfait du jugement ».

Rencontrée devant sa concession, la mère de l’une des victimes raconte la mésaventure de son défunt fils et parle des difficultés qu’elle éprouve aujourd’hui. « Mon fils, Nazuo Kolié, avait 7 enfants, tous scolarisés. C’est lui qui s’occupait de la famille. Mais, il a été sauvagement massacré dans ce mouvement. Je ne connais pas celui qui l’avait tué. Depuis sa disparition, je suis dans la brousse entrain de souffrir avec ses enfants.

Nous ne vivons que par les contrats et la vente des fagots de bois. Pour payer la scolarité de ses enfants, il me faut faire le contrat ou vendre les fagots de bois. Sa femme qui était là avant son assassinat, elle nous a quittés. Imaginez avec ces enfants-là, est-ce que moi, avec mon âge, je peux faire quelque chose ?

Ça veut dire que nos enfants qui ont été tués par les militaires vont rester comme ça ? Ou bien, nous allons rester dans la souffrance en faisant du contrat jusqu’à ce que nous allons mourir sans connaître l’auteur ou celui qui a tué nos enfants ? Je demande au gouvernement nous rendre justice », demande Nazuonée Bréya.

Il faut noter qu’une plainte a été déposée par l’ONG Mêmes Droits pour Tous (MDT) à la Cour de Justice de la CEDEAO contre la société minière VALE pour avoir fourni du carburant aux militaires qui ont procédé audit massacre.

De Zogota, Foromo Gbouo Lamah, pour Guineematin.com

Tél : +224620166816/666890877

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