Crash d’un hélico de l’armée à Conakry : témoignages des parents de l’un des pilotes décédés

Après la remontée des corps des deux membres de l’équipage de l’hélicoptère de l’armée de l’air guinéenne qui s’est abîmé le mardi, 06 août 2019, aux larges de Conakry, les familles des victimes font leur deuil. Au domicile du colonel Abdoulaye Diallo, l’un des pilotes décédés, l’émotion était grande ce vendredi, 09 août. Plusieurs parents et amis du défunt étaient rassemblés sur les lieux, sis au quartier Almamya, dans la commune de Kaloum, pour les condoléances d’usage. Certains d’entre eux ont accepté de témoigner au micro d’un reporter de Guineematin.com qui s’est rendu sur place.

Diaraye Diallo, première femme du défunt : j’ai fait trois enfants pour mon mari. Ce que je retiens de lui, c’est que c’est un mari qui était très gentil envers nous. Le dernier échange qu’on a eu, c’est à l’hôpital Donka. Il m’a dit Diaraye, tu es malade ? Je lui ai dit non, je suis venue juste pour un contrôle. Il m’a demandé ensuite si j’ai reçu ma part de ravitaillement en riz, j’ai répondu que je l’ai effectivement reçue. C’était un bon mari qui aimait beaucoup ses enfants, un homme bien et large. Tout ce que tu lui demandais, il le faisait s’il en avait les moyens. Aujourd’hui il nous a quittés, il va vraiment nous manquer. Je prie Dieu qu’il l’accueille dans son paradis éternel.

Hadja Haoulatou Diallo, épouse du défunt : je suis profondément choqué suite au décès de mon mari. Le jour où il a quitté la maison, moi j’étais malade. Il est parti travailler et n’est plus rentré. C’était un homme calme, sage, un homme bien. On lui pardonne tout ce qu’il nous a fait et on lui demande aussi de nous pardonner. On demande également à Dieu de lui pardonner et de lui accorder son paradis.

Gassime Diallo, jeune frère du défunt : la famille se remet à Dieu. Car, la vie est faite ainsi. Nous ne pouvons que nous en remettre à la sagesse de Dieu. Nos émotions sont grandes parce que les opérations de secours sont intervenues très tard. Ça nous a fait très mal, ça nous a beaucoup touchés. Car, ils (les secouristes) pouvaient intervenir très tôt avant qu’il ne soit trop tard, mais tel n’a pas été le cas. Nous regrettons ça.  

Ibrahima Blasco Barry, beau-frère du défunt : c’est un instant douloureux pour notre famille. Nous avons été très affligés quand nous avons appris la triste nouvelle de l’accident de cet hélicoptère. J’étais en vacances lorsque ma femme m’a appelé pour me dire de m’informer pour savoir si éventuellement ça ne pouvait pas être son oncle. Et c’est plus tard que nous l’avons su. Le colonel Diallo était vraiment un pilier de la famille.

Du point de vue de ce qu’il incarnait au sein de cette famille, nous sommes très affligés, c’est vrai (…). C’est un homme serviable, un homme qui aimait son travail, un homme qui n’aimait pas provoquer, mais aussi un homme qui était affable et qui avait le sens de l’honneur. Parce qu’il ne cessait de répéter chaque fois qu’on se rencontrait en chahutant, il m’avait toujours demandé d’être serviable et de ne jamais céder à la provocation.

C’était un homme humble qui avait les pieds sur terre et je pense qu’aujourd’hui, toute la Guinée le pleure. Parce que ça sera un vide qui sera difficile à combler au sein des forces armées guinéennes. Mais, nous nous réjouissons d’un fait, puisque nous sommes tous des mortels, nous allons tous mourir. Ce qui est réjouissant dans ce décès, c’est le fait qu’il soit tombé sur le champ de bataille, l’arme à la main. Parce que c’est en servant son pays, c’est en servant le ministère de la défense de notre pays qu’il est tombé. Et ceci restera donc longtemps gravé dans la mémoire de tous les Guinéens. Il aurait pu mourir d’une mort naturelle.

Personnellement, j’ai demandé à la famille que c’est mieux de se résigner et d’accepter cette volonté divine. Parce que le destin, il est inévitable. Et, je pense ceci a été compris. Je vais profiter de l’occasion pour remercier le ministère de la défense nationale, l’Etat-major des forces armées guinéennes, à sa tête le chef suprême des forces armées, en l’occurrence le président de la République qui n’a ménagé aucun effort pour apporter le soutien moral nécessaire afin que  les veuves et les enfants essuient leurs larmes.

Colonel Abdoulaye Diallo, un des collaborateurs du défunt : c’était quelqu’un qui était irréprochable. Ce n’est pas dans un seul domaine, c’est dans plusieurs. C’était quelqu’un de très sincère. Et puis, c’est un homme qui est très large, il très jovial. Il a toujours approché les uns et les autres. Donc, moi ça fait plus de 10 ans que nous sommes ensemble, mais il n’y a jamais eu de malentendu entre lui et moi. Le jour de son départ, il m’a appelé pour me demander d’abord si le temps était bon vers Coyah, je lui ai dit le temps est un peu mauvais. Après, il m’a dit qu’il va faire un petit vol, qu’il revient. 5 minutes plus tard, je l’ai rappelé. Mais, il se trouve qu’il s’était déjà embarqué, les appareils étaient fermés. J’ai appelé ses 4 numéros, mais aucun ne passait. Ça a été notre dernière conversation.

Le colonel Abdoulaye Diallo est décédé à l’âge de 65 ans. Il était marié à 4 femmes et était père de 12 enfants.

Propos recueillis par  Mohamed DORE pour Guineematin.com

Tel : +224 622 07 93 59

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