Recensement des enseignants, échec aux examens nationaux : Aboubacar Soumah à Guineematin

Aboubacar Soumah, Secrétaire Général du SLECG

Comme nous l’annoncions précédemment, les résultats du recensement du corps enseignant ne sont pas du goût du secrétaire général du Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG). Aboubacar Soumah dit ne pas être d’accord avec les statistiques qui ont été présentées par la commission de recensement et qui, selon lui, ne reflètent pas la réalité. Monsieur Soumah l’a dit dans une interview accordée à un reporter de Guineematin.com dans la journée d’hier vendredi, 09 août 2019. Avec lui, il a été également question du faible taux de réussite enregistré aux examens nationaux, session 2019.

Décryptage !

Guineematin.com : les résultats du recensement du corps enseignant viennent d’être présentés par le président de la Commission, Pr Alpha Amadou Bano Barry. Cependant,  votre structure dit qu’elle n’approuve pas ces résultats, tels que présentés. Expliquez-nous les raisons de ce désaccord.

Aboubacar Soumah : nous avons exprimé notre désaccord par rapport aux  statistiques qui nous ont été présentées par le président de la commission d’assainissement. Nous ne sommes pas d’accord. Pourquoi ? Parce que nous avons vu que nos attentes ne sont pas satisfaites. Puisque les rapports qui nous ont été présentés par nos agents qui ont été sur le terrain pour le recensement, les chiffres qui nous ont été communiqués, comparés aux chiffres qui se trouvent dans les statistiques données par le président de la commission, le Professeur Bano, il y a une grande différence. C’est pour cela, pour le moment, nous ne sommes pas d’accord avec ces statistiques.

Nous avons renvoyé tous ces résultats à nos structures à la base, à l’intérieur du pays, pour que nos représentants puissent faire des vérifications. Parce qu’avant qu’on engage ce processus là, on les avait déjà commis à une tâche, celle qui consistait à faire un pré-recensement. Donc, ils avaient déjà la situation globale par établissement. Les cas de décès, les cas de maladies, ceux qui sont en situation de classe, ils avaient toutes ces situations-là. Et ces situations, par établissement, ont été compilées et remises aux bureaux des différentes préfectures.

Donc, c’est pour cela que nous avons renvoyé à leur niveau ces chiffres, pour qu’ils puissent procéder à des vérifications. Savoir si effectivement, les noms retenus par ce résultat final ne comportent pas des agents qu’ils ont signalé là-bas comme fictifs, abandons  et comme malades. Ils vont donc procéder à ces vérifications-là. C’est suite à ça maintenant, que nous allons comparer les résultats. Et les réactions que nous allons faire, nous allons le faire. Mais pour le moment, je ne rentre pas dans les détails concernant ces résultats définitifs là. Nous n’avons  fait que réagir de façon brute suite à notre réunion. Mais pour le moment, nous ne rentrons pas dans les détails.

Guineematin.com : vous dites que pour le moment vous n’êtes pas d’accord.  Que comptez-vous faire maintenant ?

Aboubacar Soumah : comme la commission de recensement national doit se retrouver lundi (12 août 2019, ndlr), nous allons essayer d’étudier tous les paramètres qui sont entrés en jeu dans le cadre de cette statistique-là. Si l’argument présenté sied, après nous allons comparer au travail que nous avons demandé à nos représentants, on pourra nous définir. C’est suite à cette comparaison qu’on pourra définir notre chronogramme.

Guineematin.com : par rapport aux résultats catastrophiques des examens nationaux, certains accusent le SLECG d’être à la base de ces échecs, parce qu’il y a eu cette grève que vous avez observée durant les trois premiers mois de l’année scolaire écoulée. Que répondez-vous à ceux qui vous pensent ainsi ?

Aboubacar Soumah : ceux qui accusent le SLECG ont tort. Ceux-là d’ailleurs qui accusent le SLECG, sont les syndicats qui sont créés par le gouvernement. Ils sont créés expressément pour être leur porte-parole. Nous savons que c’est le Syndicat National de l’Education (SNE) qui a dit que nous en sommes responsables. On ne peut pas en être responsables. Pourquoi ? Le ministre de l’éducation nationale avait clamé haut et fort, à travers toutes les antennes, que la grève n’avait pas impacté sur le déroulement correct des cours. Il avait dit que les cours se déroulaient normalement dans toutes les préfectures. C’est ce qu’il avait dit.

Donc, si les cours se déroulaient normalement et que le taux d’admission est faible, il ne peut pas nous accuser. C’est eux qui ont dit que tout se déroulait normalement. Ils ont regroupé les élèves qui venaient par établissement dans une classe, ils ont fait passer les images à la télévision en faisant croire aux parents d’élèves que les cours se tenaient normalement. Chose qui était archi-faux. Donc, on ne peut pas nous accuser parce qu’on a le droit de revendiquer, nous avons le droit de demander une meilleure condition de vie.

Si le gouvernement reste insensible, il ne réagit pas par rapport à notre demande, et que la grève perdure jusqu’à 3 mois, mais c’est le gouvernement qui est responsable ou bien c’est nous ? Je crois que c’est le gouvernement. Parce que si on faisait face à nos revendications dans les 48 heures qui ont suivi, on n’aurait pas persisté la grève jusqu’à 3 mois. Mais un mois, deux mois, trois mois, ça veut dire que le gouvernement n’a aucun intérêt, aucune importance sur la formation des enfants guinéens. Parce qu’ils n’ont pas leurs enfants ici, ils ont leurs enfants à l’extérieur. Donc, ils n’accordent pas du crédit à la population guinéenne.

Guineematin.com : à votre avis, quelles sont alors  les causes de ces échecs ?

Aboubacar Soumah : les causes sont multiformes. Premièrement, la politisation à outrance du système éducatif. Tous les responsables qui sont au niveau du système éducatif sont des militants politiciens. Le processus du déroulement des examens a été caractérisé par un militantisme exacerbé. Le choix des surveillants, le choix des superviseurs, des délégués, tous… il faut être du parti. Si tu es par exemple du SLECG, on te met de côté. Il faut être un militant. Le secrétariat du baccalauréat, il y a eu trois listes. Une liste de la présidence, une liste du parti et une liste du ministère de l’Education Nationale (MENA).

Les enseignants qui sont censés faire ce travail-là, ont été mis de côté. Les compétents ont été mis de côté. Ils ne prennent que ceux-là qui sont avec eux. Par exemple, on demande à un enseignant, vient dans le Syndicat de l’Education National (SNE) on te fera surveiller les trois examens : entrée en 7ème année, brevet et baccalauréat. Tu vas bénéficier de beaucoup de primes. Donc, c’est le favoritisme, c’est le militantisme. Ensuite, une des causes fondamentales, le calendrier scolaire réaménagé après la grève n’a pas été respecté par le ministre.

Il était question qu’on prolonge les cours jusqu’au 30 juin. Or, dès le mois de mai, ils ont donné le programme des compositions. Ils ont arrêté les cours, les programmes n’ont pas été bouclés. Nos enseignants, lorsqu’ils ont repris le travail, ils sont revenus sur les cours qui ont été données par les contractuels. Parce que c’était des cours bâclés. Donc, ils n’avaient pas terminé ça et ils arrêtent les cours. Donc, c’est le gouvernement qui est responsable. C’est le département qui est responsable et non le SLECG. Nous, nous n’avons fait que revendiquer notre droit qui est légitime.

Guineematin.com : avez-vous un dernier mot ?

Aboubacar Soumah : mon dernier mot, c’est de dire que tous ces résultats  politiques, c’est de faire en sorte que l’anathème soit jeté sur le SLECG, qu’il y ait discorde entre le SLECG, les populations et les élèves. Tout cela est fait expressément pour ça. Donc, nous invitons tous les élèves, tous les parents d’élèves à comprendre que notre souci, c’est la bonne formation pour les enfants qui sont les nôtres.

Notre souci, c’est qualifier le système éducatif, c’est pourquoi nous revendiquons, nous demandons à ce que les enseignants soient payés décemment, que les conditions  des enseignants soient améliorées. Nous n’avons aucune intention de saper l’éducation guinéenne. Notre souci, c’est de faire en sorte que le produit issu de l’éducation soit un produit compétitif, efficace, qui pourra servir sa Nation

Propos recueillis par Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel: 620 589 527/654 416 922

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